Quand vous avez un.e chef toxique, votre vie professionnelle ressemble désormais à une sorte de partie d’échec sous acide avec des règles qui changent en permanence. Déjà que je ne sais pas jouer aux échecs… Vous essayez de jouer vos pions dans une projection logique mais votre adversaire fait strictement n’importe quoi. Mais comme il a l’autorité, vous avez l’impression que, de toute façon, vous ne pourrez rien faire à la régulière.
Dernier jour avant les vacances de Noël, c’est un festival. J’assure une près’ auprès d’un client qui est ravi de mon travail. Elle parle environ 15 mn sur deux heures et raconte de la merde sur une slide quelle n’a pas comprise. Oui parce que j’ai rédigé l’intégralité du document… Bref, le client s’en va et elle m’attaque “t’as trop dit “je”, ça ne va pas. On est une équipe et si tu attires trop l’attention sur toi, le client va être paniqué si tu pars”. Je dois répondre quelque chose comme “ah”. Sous-entendu “ouais, je m’en fous de ton avis”.
On poursuit le midi. On partage une table avec Sylvia, notre ex chef devenue DG qui évoque soudain un changement de place au sein de l’open space et là, Vanessa commence à s’embourber en évoquant rapidement les places des uns et des autres… et que je serai la seule qui ne sera pas intégrée avec les autres car y a plus de place. Si on rajoute à ça le fait qu’elle organise un point en one to one avec tous les membres de l’équipe sauf Maëlle, absente ce jour-là… et moi. Y a un souci, non ?
Ok, tu veux que je parte ? Moi aussi. Fixons le prix. Je prépare un mail circonstancié se terminant par “il semble évident que tu ne comptes plus sur ma présence au sein de l’équipe dans un avenir proche. Dois-je m’attendre à une proposition de ta part ?”. Pouf. Avant d’envoyer ce mail, je me suis constituée un petit dossier, quelques mails épicés de sa part, au cas où… Notamment cette passe d’arme où elle me pourrissait car Chloé était absente une semaine et m’avait mal fait sa passation mais c’était forcément ma faute (devinez qui se fait incendier quand je fais mal ma passation ? Oui, c’est moi aussi). Enervée, je lui réponds que Chloé est délaissée depuis son arrivée (elle ne s’en est jamais occupée) et que je me proposais de la superviser. Alors je savais très bien ce que je déclenchais… Mais au moins, les choses étaient dites.
Bref, j’envoie mon mail, commençant à rêver de cette rupture conventionnelle qui m’ouvrirait sans doute tant de perspectives dont ce bilan de compétences que je n’ai pas oublié… En attendant, ça parle, beaucoup. Un mec qui essaie de choper une rupture conventionnelle depuis des mois m’explique que la nouvelle RH est nulle… Et ça tombe bien car la réponse de Vanessa tombe “ok, voyons nous chez la RH”. Merde, je sens que j’ai sacrifié mon cavalier pour rien.