On m’avait prévenu que je ne devais surtout pas avoir confiance en ce serpent. Je fus méfiante, j’avais baissé mes défenses, je les ai relevées mais pas encore assez. Parce que quand tu es une guimauve bisounours, tu n’envisages pas le mal et quand tu le prends dans la tronche, ça fait mal. Surtout quand ton adversaire a bien géré la mystification et que tu ne le vois pas venir.
J’ai donc repris le compte pourri et ça se passe beaucoup mieux, appelons le compte A. Faudra un jour que je me penche sur cette capacité que j’ai à jouer les pompiers sur les comptes casse-gueule… Un jour, elle m’envoie un mail genre “oui, Nina, je voudrais que tu montes sur le compte B qu’on vient de gagner, c’est un truc sur les animaux, tu vas kiffer”. Ah ben oui, une page sur les animaux gérée par une evil world company, tu parles que je kiffe… Y a pas une clause de conscience dans mon contrat ? Je ne fais pas d’histoire néanmoins, je suis en train de chercher ailleurs donc ne provoquons pas d’esclandre pour rien.
Même si je lui fais comprendre que je ne vais pas accepter ça longtemps. Quand elle nous demande de lui envoyer un mail sur les formations que nous souhaitons faire, je réponds “un bilan de compétences”, Maëlle lui répond à l’oral “pareil que Nina !”, histoire de rappeler qu’on se parle et pas qu’un peu. Elle lui demande de formuler un autre voeu et me fout la paix. Quelques temps plus tard, elle me dit que la nouvelle RH va me convoquer pour parler orientation et comprendre pourquoi je veux faire de la mobilité interne et pourquoi je demande un bilan de compétences (en gros, pourquoi je cherche aussi ostensiblement une porte de sortie). Oui, je dis nouvelle RH car avant, on en avait une top qui m’aidait dans mes plans d’évasion en faisant passer mon CV à droite, à gauche, dans la boîte. Mais elle est partie en longue maladie, “problèmes personnels”, on en a jamais su plus. On m’a beaucoup parlé de burnout, ce qui n’est guère rassurant.
Me voici donc devant la nouvelle RH, plus froide que mon frigo mais peu importe. Je parle avec enthousiasme de ma volonté d’évoluer, je suis là en toute confiance. Erreur. Enorme erreur. Alors que je suis détendue du string, elle me dit “oui, enfin, c’est pas parce qu’on a un projet qu’il faut se relâcher. Apparemment, votre manager trouve que vous n’êtes pas très impliquée sur vos dossiers”. Putain… Putain, on en est là. Je vous dis pas le niveau de haine que j’atteins à ce moment là. Je m’énerve un peu en mode “pardon, c’est une plaisanterie ?” et je lui explique que je vois pas trop comment être motivée quand la même manager me jette à la figure qu’elle me conseille de chercher du travail ailleurs.
Et après ? Rien. Lors du secret Santa, Vanessa échange avec une stagiaire son tiré au sort pour faire un cadeau à la RH “je l’aime beaucoup”. Voilà, si j’ai pas compris de quel côté était la nouvelle RH, les choses sont désormais claires. Surtout que la Vanessa m’a bien ensevelie en mode “je sais que tu as vu la RH, dis-moi si tu veux qu’on se fasse un point toutes les trois”. Je n’ai pas répondu.
Et avec le recul, j’ai été très conne. D’abord parce que ça faisait deux mois que je répétais que je serai la prochaine à me faire taper sur les doigts par la RH. En effet, depuis que Vanessa était devenue notre chef, j’étais la seule titulaire à ne pas encore y avoir eu droit. Et pourtant, je l’ai pas vue venir ! Mais surtout, ayant une peur panique du conflit, je le fuis. Va falloir que je travaille ça parce que j’aurais dû la confronter, j’aurais dû. Mais j’ai quand même néanmoins décidé de tenter un petit coup provoc…