La rentrée de l’enfer

Ah, ce mois d’août 2018, quel bonheur, j’étais si bien dans ma peau, si sereine. Je crois que j’ai un souvenir particulièrement aigu de cette période car elle a été suivie directement par une descente aux enfers de type épique. Comme ce fut une période très dense, on va découper ça en trois articles : le mariage d’Anaïs, la campagne douloureuse et l’avant-vente de la mort, suite et fin. Commençons par ce dernier point.

Fin août, nous voici tous de retour aux affaires, on débute par une réunion pour présenter l’avancée du dossier. Ségolène, pitch leader du projet, vient avec Pascal, son fidèle acolyte et mon parrain dans la boîte. Oui, j’ai un parrain dans la boîte. Donc autour de la table (y compris ceux connectés par Skype) : Ségolène, Pascal, Aurélien le boss de la créa, Michel, Cathy, Joy et Amélie. Ca fait beaucoup, oui. Et Pascal me laisse l’honneur de présenter le document. Ce qui m’ennuie légèrement puisque je trouve que Cathy a plus travaillé que moi sur le dossier. Mais voilà, à partir de maintenant, c’et moi qui porte le truc. C’est bien, ça me fout pas du tout la pression.

A partir de là, ça devient tellement n’importe quoi que je ne sais même plus comment raconter l’histoire. Je me retrouve à bosser avec Aurélien sur le dossier, on finit de le ficeler la veille de la présentation (un dimanche), il a mis sa patte partout en dégageant plein de trucs, tout le monde est énervé. On me demande des chiffrages alors que je ne connais même pas les coûts journaliers des uns et des autres… Beaucoup me reprochent d’avoir bossé pour rien et j’en ai déjà marre. Mais c’est le jour J, on part à quatre. Michel, Aurélien, le commercial et moi. Sachant que les trois sont mous de ouf à l’oral (et Michel un peu agressif par moments), je comprends très vite que je serai la seule à mettre un peu de peps dans tout ça.

En route, Michel me prend la tête sur une connerie, on commence à se parler mal. Ca  va être une constante, ça : le ton monte toujours rapidement entre nous. Sans rentrer dans les détails, il me reproche d’avoir déstaffé un mec sur un sujet, je lui dis que c’est faux, “tu me montreras tes mails et skype avec lui”. Pardon ? Paaaaaaardon ? Alors déjà, me faire monter en tension à dix minutes d’un oral d’avant-vente, faut vraiment être un gros connard mais surtout t’as cru que t’étais mon père ou bien ? 

Je vous passe l’oral, aucun intérêt. On repart, Michel liste les ratés de type “han, on aurait dû prévoir un rétroprojecteur, leur écran marchait pas”. On rentre à l’agence et j’ai plein de travail mais Michel décide de me capturer, littéralement, en salle de réunion. D’abord il m’impose un call avec un prestataire affiliation en parlant beaucoup trop près de mon visage… oui, Michel a un vrai problème d’haleine, c’est effroyable. C’est vraiment pas une vanne, on en souffrait tous. Et moi, j’ai un super odorat (mais je fumais à l’époque, ça atténue un tout petit peu). Puis il fait venir un mec dans la salle de réunion, le fameux que je suis censée avoir déstaffé, ils parlent d’un projet, je suis sur mon ordi à envoyer des mails. Et là. Et là, je vous jure, vous n’êtes pas prêts. Là, Michel se tourne vers moi et me frappe le bras “Nina, je voudrais que tu écoutes”. Je suis interdite. Il m’a frappée… il m’a frappée ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Je le hais, je lui souhaite du mal, je ne veux plus le voir. Le lendemain, Cathy est de passage sur Paris, je lui explique que j’espère qu’ils prolongeront ma période d’essai car j’envisage de partir. 

Et encore, je n’avais pas touché le fond...