J’avais commencé un article pour chouiner sur Twitter mais je le diffuserai un autre jour. Parce que là, je suis de mauvaise humeur et j’ai bien envie de chouiner un peu. Thème du jour : c’est quoi qui vous excite dans le fait d’être une belle ordure ? Alors c’est beaucoup un truc de mecs, globalement, parce que men are trash mais pourquoi vous aimez ouvrir votre bouche pour dire de la merde ?
Alors ici, on va commencer par les trolls mais on va élargir après. En ce moment, il y a quelques sujets un peu sensibles : les viols perpétués par des réalisateurs (alors quand on est très connu, on a la carte “artiste avant tout” mais si l’actrice qui parle est plus connue que le réalisateur mis en cause, là, par contre…), un étudiant immolé… Et je ne parle que de la France et de quelques sujets du jour. De toute façon, peu importe. En général, dès que ça concerne : une femme/un.e homosexuel.le/une personne racisée/un pauvre, t’as toujours un connard (je vais faire l’économie de l’écriture inclusive car vraiment ce sont des mecs dans 98% des cas) qui va faire une sale vanne. Parce que oui, le fait que nous soyons violé.e.s, agressé.e.s, entre la vie et la mort voire franchement décédé.e, y a rien qui les empêche de faire de l’humour ou de la provoc.
Le pire, c'est qu'à la première levée de boucliers, les mecs ont leur défense toute prête "c'est toi qui n'as pas d'humour, c'est toi qui ne respecte pas ma liberté d'expression". Oui bah tu ne respectes ni la décence ni la douleur d'autrui, on fait un match ? Franchement, arrêtez de croire qu'être provoc et irrévérencieux, c'est de l'humour. Vous allez finir dans le rôle du vieil oncle ivrogne et gênant ou remplacer JM. Bigard... C'est triste.
Et puis c'est quoi votre problème en vérité ? Pourquoi vous consacrez quelques minutes de votre journée à vous comporter en parfait salopard ? L'humour oppressif, c'est vraiment l'astuce des pauvres tocards sans imagination. J'adore rire mais je ne tape pas sous la ceinture en insultant ceux qui ne rient pas de cul serré. Alors oui, faire rire sans oppresser, ça demande un minimum de réflexion, de culture et de vocabulaire ou juste un peu d'imagination... mais je suis sûre que c'est à la portée de tous. Au pire, testez l'autodérision, un minimum d'effort pour de jolis résultats... en théorie. Quant à vous vautrer dans la merde car ça fait rire vos potes... alors rien n'indique qu'ils ne rient pas par politesse gênée et si ça les fait marrer de te voir jouer les grosses merdes... change d'amis.
Mais il y a pire que les trolls, il y a les sans empathie. Les "oui ok, y a un étudiant qui s'est immolé mais il avait redoublé, aussi" ou les "faut être con pour divorcer avec deux enfants quand on touche le smic"(sans que personne ne s'interroge sur l'absence manifeste de pension alimentaire). CES horribles personnes. Je me demande toujours ce qui a pu arriver dans la vie de ces gens pour devenir de pareilles ordures. Non parce que déjà que penser que l'Etat n'a pas à aider les plus faibles parce qu'ils ont fait des mauvais choix, ça craint mais l'écrire en toute décontraction... Non mais là, on a plus de gens choqués par la destruction d'une trentaine de livres de François Hollande qui auraient certainement fini au pilon que par un jeune homme qui a choisi de se mettre le feu tant il était en détresse. Je peux comprendre qu'il soit difficile d'imaginer être tellement désespéré qu'on s'inflige une mort incroyablement atroce et douloureuse. Moi la première, je n'ai jamais ressenti tel désespoir et je ne peux même pas imaginer gratter une allumette et... mais que je ne puisse pas me mettre à sa place ne m'empêche pas d'appréhender sa totale détresse. Je vais encore citer Les utopies réalistes mais les problèmes d'argent sont une charge mentale paralysante. Devoir travailler en parallèle de ses études est une cause d'échec fréquente. Y a pas besoin d'une thèse en socio pour comprendre ça, il me semble. Quant aux mauvais choix... je vous fais la liste de toutes les boîtes qui ont coulé à cause de mauvais choix ? De toutes ces startups flinguées lancées par des enfants de friqués qui vont salarier à moindre prix et licencier dès que la boîte périclite car ils ont fait des mauvais choix. J’ai vécu cette situation, je ne mens pas. Doit-on assumer aussi les erreurs de ceux qui nous foutent dans la merde ou c’est comment ?
Bref, je ne suis pas sûre qu’une société qui crache sur les plus faibles pour le fun, par méchanceté ou par simple manque d’empathie soit une société saine, loin de là. On aurait dû le comprendre quand “gentil” et “fragile” sont devenus des insultes. Et je me demande : comment on s’en sort, maintenant ?