Parce que pas du tout. J'espère que ça va en ses temps d'actualités très dure et violente. J'avoue que personnellement, ma dépression citoyenne est à son Zenith. Enfin, j'espère parce que je vais pas avoir le chill de passer au cran supérieur même s'il est déjà sous notre nez. Je veux dire, je consulte l'actu tous les matins en tremblant à l'idée de découvrir qu'il y a eu d'autres morts et je sais que ça va arriver. Mais outre le risque de mort, ce qui me mine, c'est le racisme décomplexé et surtout le manque de clé de lecture côté gauche. Vous voulez coller la honte aux racistes ? Mais ils sont très fiers de leurs opinions.
La cagnotte de la honte
Suite à la mort de Nahel, Jean Messiha, ordure officiant notamment chez Hanouna et qui a le cul sale, décide de lancer une cagnotte en soutien au flic tueur d'ado. Un million et demi qu'il a récoltés. Moi, j'espère presque qu'il va se garder la cagnotte pour lui juste pour faire chier tous les racistes de service qui ont lâché de gros billets mais bon. De nombreux appels ont été faits pour annuler la cagnotte. Beaucoup l'ont analysée soit comme un symbole de lutte des classes (les Blancs riches vs les Arabes pauvres, en résumant à l'extrême), d'autres comme un soutien sans faille à la police qui tue les "racailles". Racaille qui avait obtempéré, hein. La voiture était arrêtée quand ça a dégénéré. Et commencez pas à chialer sur le "oui mais à 17 ans, il avait pas le permis, c'est un délit !". Oui mais à ma connaissance, la peine de mort est abolie en France et elle n'a jamais été appliquée sur des délits. Comme dirait je ne sais plus qui “un gamin de banlieue n’a jamais droit à l’erreur”. Alors qu’un Maximilien de Prout Prout dans la même situation, il aura droit à une petite tape sur les doigts. On le sait et l’actualité l’a largement prouvé.
Un affichage de la honte ? Pas du tout
Alors que cette cagnotte obtenait une somme insensée, quelques gauchos sûrs ont eu l’idée de fouiller la liste des donateurs pour un affichage de la honte. Sauf que… bah non, ça ne marche pas. Déjà, ceux qui ont donné en affichant leur nom. Alors oui, on peut imaginer que les donateurs sont assez vieux et un peu largués sur le sujet. Au point de savoir donner sur une cagnotte mais ne pas s’anonymiser ? Oui, pourquoi pas. Mais la plupart s’en foutent et sont même fiers de leur racisme. Vous écoutez pas les micro-trottoirs de Guillaume Meurice ? Le mec trouve à chaque fois un·e turbo-facho·te qui n’a aucun souci à dérouler un narratif raciste. En se défendant d’être raciste, certes. Mais quand je vois le succès d’un Zemmour qui a pour seul argument le “moi, je dis tout haut ce que les gens pensent tout bas”, comment dire ? On vit dans un pays où il est cool de détester les autres. On vit dans un pays où c’est cool de détester une personne qui n’a pas le même régime alimentaire ou le même mode de déplacement. Suivez les comptes Twitter des vélotafeurs, les commentaires sont sidérants. On est tarés à ce point là. Alors imaginez quelqu’un qui a une orientation sexuelle ou une couleur de peau différente. Et si c’est la religion, alors là, on ne répond plus de rien.
A une époque, être raciste, c'était nase
Dans mes jeunes années, être raciste, c’était la honte. Le symbole d’un manque d’ouverture d’esprit, d’une grande méconnaissance culturelle. De la bêtise, oui. Il y eut une époque où on se vantait d’être la France Black-Blanc-Beur. Un slogan qui n’a jamais eu de grande réalité dans les quartiers, hein. Je sais que la difficulté de trouver un emploi quand tu t’appelles Rachid, elle date pas du XXIe siècle. Mais dans mon enfance, être raciste, c’était nul. Le Pen n’était qu’un vieux con qui faisait certes un peu peur mais on avait confiance. Chirac avait fait 82% en 2002, le barrage tenait bon. Et puis… en ce moment, je repense pas mal à une fiction politique que j’avais lue en 2006, imaginant un second tour Marine Le Pen - Olivier Besancenot dans une présidentielle perturbée par des émeutes de banlieue. Besancenot l’emportait grâce au barrage républicain. En 2023, je sais très bien qui serait élue dans un scénario identique. Sans même imaginer Poutou face à la Le Pen, hein. En vérité, la seule raison pour laquelle elle n’a pas été élue en 2022, c’est qu’elle est vraiment nulle. Un·e candidat.e RN un peu plus subtil·e, un peu plus rompu·e au débat serait passé·e. C’est un fait. Parce que la France est raciste, c’est tout.
Un pays raciste et c'est tout
Je dis la France mais l’Occident au global. On reparlera de ça dans un autre article. Oui, ce blog s’annonce très joyeux dans les prochains jours, je vous préviens. Il n’est plus mal vu d’être raciste puisque les médias le sont, tout simplement. On connaît le pouvoir de Bolloré, son projet très blancho-catho. D’ailleurs, vu que je vais avoir du temps dans les prochains jours (le chômage, on y reviendra aussi), je suis tentée de faire une analyse de presse sur les événements des derniers jours. Notamment sur le traitement médiatique autour de Nahel d’un côté et Florian le tueur de l’autre. Surtout que, plot twist, le flic n'est pas si exemplaire que ça... La vie de ce gamin ne comptait pas. J’ai même lu une personne expliquer à une autre “Oui bah il avait pas qu’à conduire sans permis. Le flic il a perdu son travail à cause de lui”. C’est vrai que Nahel, il a juste perdu la vie, youhou… Y a qu’à voir les vagues d’émotion dès qu’un enfant blanc est tué vs quand c’est un enfant de couleur. J’en ai parlé y a à peine un mois ! Parce que la France est raciste. Double peine pour la mère de Nahel qui se mange en plus le bon petit patriarcat qui reprochera toujours à une femme sa façon de réagir au décès de son enfant. Cf Christine Villemin ou Kate McCann, la mère de Maddie.
C'est plus honteux d'être de gauche
Alors non, afficher le nom des racistes, ça n’apportera rien. Allez lire n’importe quelle section commentaire des journaux en ligne pour vous en convaincre. Des gens disent les pires horreurs en toute tranquillité, avec leur nom et prénom. Même sur LinkedIn, y a plus de filtre. LinkedIn ! Perso, je me suis toujours interdit de faire de la politique dessus parce que je crains que mon côté féministo-gaucho-radicale effraie les employeurs. J’insiste mais on vit dans un pays où il vaut mieux taire ses opinions de gauche mais le racisme, c’est ok. Et c’est pas ma parano, l’histoire de cacher son gauchisme. Quand j’ai envisagé de me syndiquer, ma meilleure amie peu politisée m’a dit texto “tu devrais pas, ça va faire fuir les employeurs”. Alors que la CGT va me récupérer dans ses rangs car Sophie Binet. Sophie Binet à lire avec plein de coeurs autour. C’est à moi de me censurer dans les repas de famille car je sais que mon avis ne passe pas. Parce que je suis “woke”, tu sais. On sait toujours pas ce que ça veut dire mais manifestement, le fait de vouloir une société équitable et solidaire, c’est mal vu. Sans doute parce que je ne suis pas une médiocre qui espère que le système la protègera, va savoir.
Gardons notre énergie
Bref, la situation est plus que tendue. Et à l’heure où les néo nazis défilent dans les rues et vont tabasser des gens de façon aléatoire dans la rue pour rétablir l’ordre, on n’a pas d’énergie à dépenser à afficher des gens qui assument totalement leur racisme. Ce combat là, on l’a perdu depuis longtemps parce qu’on n’a pas les voix officielles. Je ne sais pas ce qu’on peut faire de mieux ou de plus efficace, hein. A la limite, on peut brocarder les membres de la gauche quand ils se vautrent dans le racisme primaire, à la Delga ou Hidalgo. Et on n’oublie pas Ruffin, hein. Afficher le nom des racistes, c’est juste perdre du temps. A la place utilisons cet espace et cette énergie à réfuter comme on peut le discours dominant. Même si ça me semble foutu d’avance.