Ou comment je commence à choisir des titre qui n’ont pas le moindre sens. Mais derrière ce vocable imbitable se cache un drame qui m’a occupée toute la semaine : aller au travail pendant les grèves. Pour rappel, mes “aventures” narrées ici datent d’il y a un an. Depuis, tous mes clients ont disparu et je n’ai plus rien à faire de mes journées. Hors la grève m’imposait de me galérer dans les transports ou de marcher pendant deux heures pour rejoindre mon bureau. Et forcément, cette question : pourquoi je m’imposerais ça ?
Je vais débuter par analyser mon cas, certes très particulier, pour étendre la réflexion au global. Quand la grève a commencé, je me suis pas posé la question une seule seconde : télétravail. Mais ça commence à durer cette histoire et ma boîte fait la gueule parce que je ne me pointe pas. Une première communication nous informe qu’on a droit à deux jours de télétravail durant les grèves. Vu que je reçois ça mardi, j’ai déjà grillé mes cartouches. Alors je devais me démerder pour y aller, je pèse le pour et le contre. Le tram m’avancerait bien mais c’est tout petit le tram, c’est déjà un peu compliqué en temps normal. Ou alors j’y vais à pied. 4h de marche dans la journée, ça fait le fessier. Bon, par contre, le “vous pouvez arriver plus tard mais décaler votre départ d’autant”, on va arrêter deux minutes. Je vais pas rentrer à 22h chez moi.
Sauf que mercredi, j’ai calé. Je me lève lourde et fatiguée, frappée de plein fouet par l’absurdité de la situation. Est-ce que vraiment j’envisage de me galérer pour ne rien faire ? Est-ce que j’envisage vraiment de marcher 4h pour user un peu mon fauteuil de bureau et repartir ? C’est vraiment ça l’histoire ? Alors je refuse. Je récupère un tweet qui explique qu’il y a eu une rixe dans le tramway, une photo de voyageurs et j’explique à mon chef que je ne m’imposerai pas ça, soulignant bien le fait que je n’avais aucune tâche collaborative en cours. Aucune tâche tout court, d’ailleurs. Et ma situation n’est pas un mystère : j’ai facturé un jour en novembre. J’ai même mis un petit smiley pas content sur mon évaluation du mois pour me plaindre du manque d’activité. Ca sert à rien, nous sommes d’accord. Mais tout le monde sait parfaitement que je n’ai rien à faire de mes journées alors pourquoi je devrais me galérer ? Ah et comme je ne suis pas chargée de me trouver des occupations (je ne suis pas commerciale), mon inactivité n’est pas de mon fait.
Et de façon générale, je reste sidérée par tout le flan fait autour de ces grèves. Alors je ne vais pas parler des salariés qui vont au boulot car “pas le choix”, je ne vais même pas parler des salariés du secteur public qui ne font pas grève dans des secteurs particulièrement touchés. Je ne connais pas la vie de ces gens-là donc je peux supposer sans difficulté qu’ils ne peuvent pas se permettre de perdre plusieurs jours de salaire. Mais l’hystérie patronale, je sais pas… J’ai déjà parlé du manque total d’organisation pour un mouvement qu’on pressentait dur (et franchement, j’avais encore sous-estimé le truc). Mais à un moment, on va arrêter de faire du présentéisme à tout prix. Alors oui, beaucoup de métiers ne se prêtent pas au télétravail donc ne parlons pas d’eux. Mais pour ceux qui, comme moi, sont sur du travail 100% dématérialisé, comment dire…
J’ai toujours trouvé le présentéisme stupide. Je ne suis pas une enfant, y a pas besoin d’une figure d’autorité quelle qu’elle soit pour faire mon travail. Et je vous dirais même qu’en un an de télétravail, j’ai toujours été plus efficace chez moi qu’en me rendant au bureau. D’abord parce que je perds pas deux heures dans les transports mais surtout personne ne me dérange pour me dire des trucs sans intérêts (sauf mes collègues chouchous, ils peuvent me déranger quand ils veulent mais il m’en reste plus beaucoup). Venir au travail ne veut pas dire que je travaille. Même dans les périodes de charrettes, il y avait des jours où je n’y arrivais pas. Des fois de mon fait, des fois parce que j’ai tellement de réunions que j’ai pas eu le temps de produire quoi que ce soit. Parce que ça aussi, c’est le pire effet secondaire du présentéisme : la réunionite. Cette tendance à s’enfermer à dix dans une salle pour qu’une personne lise un document à haute voix. Raaah.
J’ai une pensée pour tous ceux qui ont galéré pour prendre les transports, qui sont arrivés à pas d’heure, qui ont été littéralement concassés dans des wagons surchauffés. Ceux en panique à l’idée de ne pas être à l’heure. Combien étaient vraiment obligés d’y aller ? Combien auraient pu travailler de chez eux mais ont été obligés de faire partie de la cohue car leur responsable ne voulait pas les laisser chez eux ? Combien ont stressé pour être à l’heure alors qu’il n’y avait quasi rien à faire vu que tout le monde galère ? Combien des personnes qui étaient enfermées dans les quelques rames en circulation faisaient un métier si indispensable, au point qu’il faille passer des heures dans les transports, renoncer à sa vie personnelle ? Et même à sa sécurité vu qu’il y a eu des bagarres… Je comprends que beaucoup ne peuvent pas se permettre une journée de salaire. Mais les patrons, là, ils pourraient pas lâcher du lest, un peu ? Quelques jours de télétravail ou des journées raccourcies, est-ce que ça va vraiment couler l’économie ? Spoiler : NON.