Dix jours. Qu'ils me furent doux ces dix jours… enfin, non, pas vraiment. J'ai fait deux ou trois trucs genre lancer Dans mes petits carnets, jeter Technopolis sur Amazon (j'ai bâclé le truc… mais il est toujours dispo pour rappel). J'ai fait du sport un peu, dormi beaucoup. Mais j'ai réalisé que le pire ennemi de ma forme était le vibre-couenne… j'ai arrêté depuis. J'ai également testé la flottaison mais j'étais trop parasitée pour réellement profiter. Car le spectre du retour planait.
D'autant que j'avais eu une violente piqûre de rappel. J'avais dit à Violette et Aurélien que j'étais dispo pour eux à la condition expresse qu'ils n'en disent rien à Michel. Aurélien m'appelle donc deux ou trois jours après car il est un peu paumé sur une campagne qu'il a récupéré de ma part à l'arrache. On passe une bonne heure au tel à discuter. Je l'aide comme je peux. Quelques instants après, il me demande pourquoi j'ai créé une campagne de telle façon. "Ah ok, je vois. Parce que Michel trouvait ça stupide." Stupide. Je vrille. Je me demande même si j'ai pas crié physiquement de rage. Je brûlais d'envie d'appeler ce cher Michel pour lui exprimer l'intégralité de ma haine pour lui en termes fleuris.
Je reviens donc au boulot, assez stressée. Je sais que je vais avoir le rôle de la fille vulnérable auquel je ne suis pas habituée. A peine arrivée, je suis cueillie par Pascal qui veut savoir comment ça va. "Oh, je gère. J'ai même pas pris d'anxiolytique ce matin." Il est sidéré "Nina c'est pas normal d'envisager de prendre un médoc pour venir bosser. On va voir Dounia". La DRH donc.
Nous voici tous les trois dans un box, je rebalance toute l'histoire sans rien oublier. Pascal lui avait transmis mon mail de plainte mais de l'entendre de vive voix semble avoir un certain impact. Je conclus "si je suis revenue aujourd'hui, c'est que je me considère sur la fin. Je suis actuellement sur des processus de recrutement (c'était vrai, j'avais passé un entretien la veille et en avait un autre le midi même) et je ne pense pas terminer ma période d’essai". Là, j’ai droit à des cris d’effroi à base de “non mais cette toxicité, c’est pas possible, c’est contraire à nos valeurs” mais surtout un “je te demande de tenir encore 15 jours, on est en train de régler le problème”. Je… quoi ? Est-ce que vraiment, on est en train de me dire qu’entre mon chef toxique et moi, c’est moi qu’on choisit de sauver ? Est-ce possible ? Avant de retourner à mon poste, Pascal aborde un dernier sujet “il va essayer de contacter Nina…” La DRH “tu lui réponds pas et quand il sera là mardi et qu’il veut te parler, tu me l’amènes. Tu l’affrontes pas seule”. Nan de Dieu…
Je retourne ma place un peu sonnée. Alors donc, voilà, ça va se finir. D’une façon ou d’une autre, ça va se finir pour de vrai. Je mets mon skype en “ne pas déranger”, je bloque Michel sur mon mobile et ça ne loupe pas : il commence à flipper. Il m’envoie des mails pour me parler, je lui indique que j’ai pas le temps. Nous l’avons déjà noté, Michel ne comprend pas le non. Il appelle donc Aurélien puis Violette en mode “Mais elle va bien Nina ? Elle veut pas me parler, je comprends pas”. Il comprend très bien en vérité. Le lendemain, il va appeler TOUT l’open space pour me parler. Il va rappeler Aurélien en mode “Nina, elle est fragile, tu sais, il faut que tu l’aides. Elle risque de s’effondrer à nouveau”.
Puis le mardi, j’ai porté l’estocade. J’étais stressée de ouf de le revoir donc j’avais pris un anxiolitique… et j’ai changé de place. Au lieu d’être avec mon équipe, je suis allée me placer aux côtés de Pascal, son ennemi juré. Autant dire que le message était clair. Il s’est pas trop approché de moi et n’a pas voulu aller dans un box pour un point sur ma to do.
Ok, je semble avoir gagné cette manche mais ai-je gagné la partie ?