Ceci est toujours un article “je pensais à ça en sirotant mon café sur mon canapé”. Un jour, promis, je ferai de vrais articles construits, des dossiers. Des vidéos même, ne sait-on jamais ! Mais en attendant, confinement oblige, je pense, je réfléchis. Je m’ennuie certes un peu mais j’ai envie de vous partager une petite réflexion au débotté : à quoi sert l’Etat ? Non mais vraiment, à quoi il sert ?

Besoin de prospectives
Comprenez bien que cette question n’a pas poppé comme ça au détour d’un confinement. J’y pense depuis longtemps, je m’interroge sur cette créature lourdaude, protéiforme, peu efficiente. Vieille, sans doute aussi. C’est pas pour rien que je me gave de dystopies. Je me questionne sur la démocratie, sur la meilleure façon de gouverner, l’intérêt commun… et me délecter de quelques prospectives, les écrire même parfois, ça peut m’apporter un autre éclairage.

Aujourd’hui, la démocratie est mise à mal par la crise sanitaire que nous traversons. J’en parlerai une autre fois. Oui, déjà que je manquais pas d’inspiration, cette histoire me suscite des idées d’articles par dizaine. Mais là, on va s’interroger sur l’utilité de l’Etat. Chaque année, je paie des impôts, environ 12% de mes revenus, selon mon taux 2019. Je n’ai pas de soucis avec ça et même, au contraire. Dans ma vision solidairo-naïve de la société, je trouve beau cette idée que l’on mette tous une petite obole au pot commun en fonction de nos revenus. On prend soin de nos frères et soeurs les plus fragiles, on fait en sorte que les gens s’en sortent, bon gré, mal gré. Je veux dire, personne n’est à l’abri d’un sale accident de la vie. Une maladie, un licenciement… Genre en ce moment, on n’est pas tous sereins par rapport à demain. Demain quand le confinement sera fini, je veux dire. Un demain très concret, donc. Savoir qu’on joue les funambules sur le fil de la vie avec un filet en-dessous, c’est quand même rassurant.

Enfin, ça, c’est la version licorne et Bisounours. En vrai, la tune que je mets au pot, j’ai pas trop le droit de dire ce que je veux qu’on en fasse “hé mais si, t’as les élections, gnu gnu gnu”. Non mais oui, mais ça ça reste dans la version Bisounours. Moi, je voulais que l’argent public aide les plus faibles, nourrisse les services publics comme la santé, la poste, les transports, l’enseignement… Mais non, on va le donner aux grandes entreprises qui en ont grand besoin, très certainement.

Mais voilà, aujourd’hui, c’est la crise. Et force est de constater que l’Etat n’est pas vraiment notre meilleur atout, à l’heure actuelle. En fait, je caricature même pas : démerdons-nous par nous-mêmes, ça ira mieux. En trois semaines, on a donc appris à coudre nos propres masques, nos imprimantes 3D ont chauffé pour fabriquer des tubes à plugger sur nos masques Decathlon ou des visières de protection. Et comme si ça ne suffisait pas, l’Etat trouve légitime de nous demander des sous pour aider le personnel soignant.

Je parle de cette crise mais c’est juste parce que ça parle à tout le monde mais c’est tout le temps comme ça. Avez-vous l’Etat prendre en charge la pauvreté ? Autrement que par des phrases choc, je veux dire, par du concret. Alors qu’aider les plus fragiles devrait être une fonction à part entière de la fonction publique, ce sont souvent les associations qui prennent le relais. Alors donner à des associations ou à une cause qui nous parle, je trouve ça très bien dans l’absolu. Ca donne un peu l’impression que, pour une fois, on choisit à quoi va servir notre argent. Sauf que ce n’est pas normal que l’Etat laisse ce terrain-là aux associations. Nos dons devraient être du surplus, pas le coeur du réacteur.

Parce que si je résume ce que met en avant cette crise :
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L’Etat démantèle avec application le service public depuis des années et ne peut donc gérer une crise qui allait forcément finir par arriver.
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L’Etat est incapable de prendre des décisions rapides et efficaces
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L’Etat nous met en danger par son incompétence (il y a eu des retards sur les mesures de confinement), son entêtement (comptera-t-on un jour les morts du 1er tour ?), ses mensonges (“mais non, le masque ça sert à rien” ou “en vrai, c’est super dur à mettre, laissez tomber”)...
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L’Etat est tellement occupé à sauver sa tête qu’il en oublie sa fonction première : gérer la crise.

“Ah mais quand tu dis Etat, tu veux dire le gouvernement, en fait ?”. Oui. Celui-ci, certes, mais ses prédécesseurs auraient-ils pu faire mieux ? On encense Roselyne Bachelot comme une visionnaire aujourd’hui mais elle a fait son travail de fossoyeuse de l’hôpital public comme les autres. Je ne crois plus en la politique, de quel bord que ce soit. Je ne crois plus en l’Etat car il est sacrifié sur l’autel des intérêts particuliers. Je vais voter chaque fois en me demandant pourquoi. Pour éviter le pire ? Mais peu importe qu’au sommet, ce soit Emmanuel, Jacques, Marine ou Elisabeth. L’Etat ne s’intéresse pas à moi, citoyenne lambda. Une fois qu’il a ma voie, il trace sa route pour cinq, six ans… Et si je proteste, il me répondra, la bouche en coeur “mais les gens m’ont élu, tu dois respecter”. Que je fasse partie de ceux qui avaient voté pour ou voté contre, je suis perdante quoi qu’il arrive.

Et pendant que les gens meurent, les responsables jouent les offusqués, ceux qui refusent de rendre des comptes “parce qu’on est en guerre”. Va vraiment falloir qu’on se réunisse pour repenser tout ça. Plus jamais “droit dans le mur à fond de cinquième”.