Je suis assez tatillonne niveau séries télés. Essentiellement parce que j’ai du mal à accepter de suivre les aventures d’une personne désagréable, égoïste, voire toxique. Sérieusement, je ne comprends pas pourquoi les trois-quarts des personnages proposés sont de gros trous du cul. Et je vais vous parler aujourd’hui de la glorification des chef.fe.s toxiques.
Dr House, Gibbs, Annalise Keating, une majorité du cast de Mad Men..Sans doute plein d’autres gens dans d’autres séries que je n’ai pas vues. Leur point commun ? Ce sont des managers toxiques. Leur quotidien ? Rabaisser leur équipe. Ah oui, c’est pour les pousser à leur meilleur… Bon sang, y en a même un qui frappe ses collaborateurs ! Mais ce sont des héros ! Tout le monde les adule, tout le monde accepte l’humiliation et le renoncement à une vie privée car waaaah, ils sont si brillants. Non, l’excuse de l’intelligence supérieure pour justifier la toxicité d’un manager, j’ai déjà dit que c’était du bullshit.
Alors que je suis actuellement engagée dans un bras de fer avec ma boîte sur du faux chômage partiel, je réfléchis pas mal à ce sujet. En fait, là, j’ai atteint le point où l’idée même d’y retourner me donne envie de pleurer. J’ai une haine du management, de ce management toxique qui correspond peu ou prou à un certain canon, finalement. Vous voyez, j’ai toujours considéré mon ex manageuse Vanessa comme une perverse narcissique mais je crois que je dois réviser mon jugement. C’est juste une saloperie de manager qui applique ce qu’elle a subi parce que paraît que c’est comme ça qu’on se fait respecter.
Et parmi la liste des coupables de nos souffrances professionnelles : ces séries glorifiants ces épouvantables managers. Bon, dans Murder, ils sont tous totalement tarés, ils règlent tout à grand coup d’assassinat mais ça va, ils tuent des méchants alors ça passe. C’est un peu rigolo pour une série qui parle de droit, quand même. Mais sinon, Docteur House… dans quel univers ce mec n’est pas… alors viré déjà mais aussi en prison avec tout ce qu’il agresse, harcèle, entre par infraction chez ses patients ?
“Ah mais oui, c’est un jusqu’au boutiste !”. Non, c’est un connard. Je viens de finir Mad men alors autant vous dire que, là, de suite, j’ai zéro tolérance pour les premiers rôles infects. Lui aussi, dans quel univers il bosse encore tellement il faut n’importe quoi ? Mystère. Vraiment, j’aimerais savoir d’où ça vient ce mythe de briser les gens pour gagner leur respect et, même leur affection. A part le syndrome de Stockholm, je ne vois pas. Alors clairement, on répète un schéma éducatif avec le bon père de famille autoritaire qui fume la pipe et distribue les fessées pour faire grandir ses gosses bien droit. Alors j’ai pas d’enfants donc je peux pas me prononcer mais je suis pas fana de l’éducation à la baffe. Par contre, moi, je suis une adulte. Traites-moi comme tel et je collaborerai bien. Pas de bras de fer ni d'engueulade. Par contre, touche-moi et je vais te noyer de mails chiants de type “sauf erreur de ma part”. Cette formule, elle signifie trop “bonjour, je suis la casse-burne de service”. Et j’en suis très fière.
J’ai vraiment envie de pousser un cri : arrêtez de nous proposer ce modèle. Arrêtez d’écrire des fictions autour de salariés qui souffrent parce que “leur chef est un génie”. Et arrêtez de regarder ça, aussi. Je veux dire, je regardais NCIS et Dr House parce qu’à l’époque, y avait pas Netflix. Surtout que ça me rend ouf comme on essaie de faire inclusif en même temps. “Ah mais Murder, c’est une femme Noire qui a réussi”, “ah mais Dr House, pour une fois qu’un handicapé a un premier rôle” “Non mais Gibbs, on nous vend un mec charismatique avec la coupe de cheveux la plus dégueulasse du monde”. Moi, je m’en fous. Je ne veux pas de fictions sur de managers toxiques qu’on me vend comme géniaux. Le harcèlement, ce n’est pas un guide scénaristique, c’est de la merde. Et le glamouriser ne va pas nous aider à nous en débarrasser.