Sous-titre : RIP le monde d’après. Nous sommes donc à M+1 bien tassé post confinement et j’ai l’impression que tout est reparti comme en l’an 40. Comme disent les gens pas très jeunes. Je reprends le chemin des écoliers alors que vous lisez cet article et j’ai pas du tout idée à quoi m’attendre dans le métro. La seule différence avec mon dernier trajet pour aller au boulot ? J’aurai un masque sur le nez. Playmobil, mon masque, je vous prie. Mais sinon… le monde d’après, il est parti en fumée, un rêve mort-né. Et maintenant, il nous reste quoi ?
On y a tellement cru. On va tous tirer les leçons de cet accident de l’histoire. Alors qu’on se promenait dans notre kilomètre carré autorisé en reniflant le parfum des fleurs en attendant les oiseaux chanter, on se prenait à rêver que ce serait désormais notre quotidien. Moi, je voulais marcher, marcher. Une piétonisation à marche forcé de Paris comme New York avec Time Square. Et puis on allait être tous solidaires avec un goût du social. Il y a eu une belle entraide pendant le confinement. Et les applaudissements à 20h...
Alors juste, non. On va juste arrêter de se foutre de la gueule du monde deux minutes. Quand je vois les tombereaux de fumier que s’est pris Farida C., l’infirmière tabassée pendant la manif, je vomis votre hypocrisie. Et franchement, le confinement, ça n’a été qu’une longue litanie de jugement, “moi meilleur que les autres” que je ne supporte plus. On se racontait de belles histoires alors que dès le départ, ça sentait le rance. Ruée sur les denrées, politique politicienne, police en roue libre, démocratie rognée, focus médiatique sur le moindre de nos comportements. Car avec le gouvernement, pile, il gagne, face, on perd. S’il y avait eu une seconde vague, ça aurait forcément de notre faute. Il n’y a pas eu de seconde vague, c’est grâce à eux.
Mais voilà. On avait l’occase de remettre un peu les compteurs à zéro, de se dire que puisqu’on a dû s’arrêter un peu, on aurait pu repenser deux ou trois trucs. Tellement kiffer le chant des oiseaux et du parfum des fleurs qu’on allait faire des efforts sur la bagnole, l’avion, je ne sais quoi. Qu’on allait se préoccuper de nos soignants et pas ricaner qu’une infirmière se fasse frotter la gueule contre un arbre car elle a jeté des cailloux sur des CRS protégés par des boucliers géants en plexiglas. Qu’on allait un peu réaliser la fatuité de nos modes de consommation, qu’on allait se concentrer sur l’essentiel, tout ci, tout ça. Et bien non. On a intérêt à reprendre la consommation tambour battant, la crise ne s’arrêtera que si on dépense nos modestes épargnes.
Et je suis triste. Parce que cette crise ne changera rien. Je n’y croyais pas forcément mais je suis cynique. J’aurais aimé que la vie me donne tort. Que l’on puisse changer d’un claquement de doigts, comme la fois où on a arrêté de fumer dans les bars, restos, discothèques du jour au lendemain. Finalement le seul truc que tout ça m’aura appris, c’est que j’ai envie de partir vivre loin des gens avec juste mon mec et une connexion Internet pour continuer à gagner ma croûte. Loin de tout, loin des gens. Vous laisser vous bouffer le nez sans savoir. Laisser les uns et les autres multiplier récupérations, injonctions contradictoires, surculpabilisation des citoyens… Je vous laisse tout ça. Moi, je ne sais plus par quel bout prendre le truc. Constater que tout le monde se précipite consommer dès que possible, le retour en force des voitures, les employeurs indélicats qui cherchent à gratter un max de fric de l’Etat avant de virer plein de gens. C’est pas demain qu’on va vivre dans un joli pays bienveillant, égalitaire, respectueux, relativement écologique.
On a eu la chance de changer la donne, ça n’a intéressé personne. Comment on fait maintenant pour continuer d’y croire ? Je ne sais pas...