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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Un sentiment d’impunité

Publié le 13 Avril 2021 par Nina in sociologie, impunité, éducation genrée

Cet article est un peu une réflexion basée sur l’observation de mon quotidien et je n’ai pas eu le temps de fouiller pour trouver des recherches sociologiques sur un sentiment. Ces derniers temps, nous vivons sous le joug, littéralement, d’un Etat ultra-autoritaire. C’est pour notre santé. Les règles changent tous les trois jours, on a plus le droit de sortir après 18h. Sauf pour aller travailler. Puis 19h. Sauf pour aller travailler. Des fois, on n'a pas le droit de dépasser le kilomètre autour de chez nous. Sauf pour aller travailler. Des fois, c’est 10 kms. Sauf pour aller… vous avez compris. Alors c’est très bien mais je constate par l’observation que nous ne sommes pas égaux face au respect de ces règles et ça m’interroge. Alors que je suis stressée si je suis dans la rue à 19h03 et que je ne rentre pas du boulot, quid de ces gens qui s’en battent les steaks ?

S'asseoir sur un banc et traîner

Faire du sport après le couvre-feu

Lundi 08 février, 19h et quelques. Nous sommes dans la période de couvre-feu à 18h mais moi, je suis encore dehors parce que je sors de chez l’ORL. Un peu contrariée par cette visite aussi courte qu’angoissante avec une ordonnance pour passer un scan cérébral, je décide de rentrer à pied. 30 minutes de marche, ça va me remettre les idées en place et j’ai mon attestation, en plus. En chemin, je croise des mecs. Plein. Surtout aux appareils de musculation en plein air. Mais ? Il me semblait qu’avec le couvre-feu, on n’avait pas le droit de sortir même pour faire du sport… Et avec le retour de la lumière, le soir, quand je rentre du boulot après le couvre-feu, c’est la fête du string. Ca zone sur les bancs en buvant des bières, fumant de la chicha, riant tellement fort qu’on doit entendre sur un rayon de 1 km. Des mecs 95% du temps, avec des masques 50% du temps… 

Traîner sur le canal st martin

Une désobéissance civile ?

Je me sais victime du syndrome de la bonne élève, je suis docile à l’excès. J’essaie toujours de trouver une forme de désobéissance civile mais qui fait sens. Braver le couvre-feu, je sais pas. Je trouve la mesure hyper contestable depuis le début mais braver l’interdit pour aller m’installer sur un banc et boire une bière, bof. Même si y a quinze jours, j’ai commis un délit, apparemment. J’ai bu de l’alcool dans un parc et apparemment, on n’a plus droit. Oups ! Pour moi, la désobéissance civile doit avoir un message politique et aller se siroter du prosecco dans un parc, pour mon cas, c’est le degré 0 de la politique. Aller faire des tractions sur un portique extérieur après le couvre-feu, c’est pas s’inscrire comme une politique que l’on juge ridicule ou contestable. C’est juste s’en battre les couilles.

prosecco

Quand les parents encouragent à faire n'importe quoi

Je le croise souvent, ce sentiment d’impunité. Ce côté “rien à foutre, il ne nous arrivera rien”. Je ne parle pas des bourgeois en restos clandestins… D’abord, je tire cet article de l’observation du quotidien et mon quotidien se passe loin du Palais Vivienne. On en parlera un autre jour. Peut-être. Souvent, ce sont des mecs. Quasi toujours. Alors forcément, quand on observe un bon 90/10 sur la répartition de genre, le premier réflexe, c’est de penser “éducation”. Et j’ai observé une scène qui peut aller dans ce sens là. Il y a quinze jours, on va se promener dans un parc avec mon cher et tendre et soudain, un petit gamin trace sa route sur la pelouse avec une mini moto qui pue. Sur le coup, j’étais un peu interloquée mais voilà son père, sans masque évidemment, qui vient cheminer à côté de son fils. Ah ben forcément, si tu encourages ton gamin à faire de moto sur la pelouse d’un parc, le respect les gens, ça va pas pousser tout seul.

Moto enfants

Les femmes doivent rester discrètes, les hommes, non

En tant que femme cis, j’ai été élevée dans une obligation de discrétion. Et on attend des filles et femmes de parler bas, de ne pas se faire remarquer. Je sais pas si vous vous souvenez des pubs RATP présentant des animaux où, comme de par hasard, c’est un personnage identifié comme féminin qui est utilisée pour dire de pas téléphoner en public. Alors que perso, j’ai pas noté que c’étaient particulièrement les femmes qui téléphonent dans les transports. C’est pas pour rien aussi qu’une femme s’est sentie absolument légitime de me dire de parler moins fort alors que je discutais avec mon mec. Par contre, les relous qui écoutent leur musique ou, pire, une vidéo sans casque, personne ne leur dit rien. Ceux qui gueulent dans le téléphone, ce sont surtout des mecs. D'ailleurs, tu peux mesurer facilement le sentiment d'impunité. Quelqu'un est au téléphone, regarde de façon un peu insistante. Dans la majorité des cas, les femmes baisseront les yeux et se tourneront, un peu gênées, les mecs te calculeront même pas. On laisse une grande liberté aux garçons, petits. On les rappelle moins à l’ordre car, tu comprends, ils ont plus besoin de se dépenser. C’est vrai que quand je vois mon neveu assis dans le canapé à trafiquer un téléphone ou lire un J’aime Lire tandis que sa soeur fait des tours de jardin en courant, ouais, les garçons ont plus besoin de se dépenser que les filles.

Campagne RATP téléphone

Et si on apprenait aux petits garçons que leurs désirs ne passent pas avant tout ?

Et vraiment, je m’interroge. Est-ce parce qu’on laisse plus de liberté aux petits garçons qu’ils sortent faire du sport tranquille après le couvre-feu, squattent des bancs pour boire de la bière pas chère en riant très fort car fuck da police ? Qu’au supermarché samedi, sur la trentaine de personnes que j’avais en visu, 100% des personnes qui portaient mal leur masque étaient des hommes ? Il n’y a pas volonté de nuire, attention. C’est juste qu’ils s’en battent complètement les steaks. Et là, je me dis “imagine, on apprend aux petits garçons que tout ne doit pas tourner autour d’eux et de leur envies, qu’on les laisse se défouler car, soit disant, ils ont plus d’énergie”, est-ce que la société serait meilleure ? J’en suis persuadée.

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