Pour une fois, je ne vais pas m’énerver ou me désespérer. Il y aurait matière, certes. Je ne cesse de me sidérer face à l’absurdité de notre monde mais aujourd’hui, j’ai envie d’un peu de positif. J’ai envie de vous parler d’une discipline qui m’exalte, qui me donne l’impression de soudain capter les mouvements de l’univers. Ou du moins quelques tendances de la société. Ah oui, vous êtes pas trop habitués par ici mais quand j’aime, j’emphase. Emphasons nous donc sur la sociologie.
Une histoire de scripts
En vrai, ce que j’aime, ce sont les résultats sociologiques. Je trouve ça fascinant. Depuis quelques temps, j’ai une nouvelle consommation médiatique, je passe mes journées sur Twitch. C’est réellement ma nouvelle radio. J’écoute des gens me lire des livres ou des articles de presse, diffuser des reportages que l’on commente en collectivité. Souvent passive, j’écoute parfois distraitement et parfois… Comme lundi dernier, par exemple, avec Marcel Duchemin qui recevait Daria Sobocinska, chercheuse qui travaille sur la question des “histoires sans lendemain” chez les hétérosexuels. Un sujet qui me fascine pas mal. A un moment, elle évoque les “scripts”, cette façon que l’on a de se raconter une histoire pour qu’elle fitte bien avec nos valeurs. En très gros. Il y a des scripts globalement admis genre vous vous retrouvez coincé dans un ascenseur avec une personne sexuellement compatible avec vous, vous allez forcément penser à ce qu’il pourrait se passer. Parce que c’est un script très répandu, ils en parlent même dans Les bronzés font du ski. Calogero en a fait une chanson ! Puis il y a le script “non mais ce plan cul, c’est pas juste animal, y a une autre histoire derrière”.
Je scripte ma vie et j'aime ça
Et j’écoutais ça en ayant soudain un éclairage super intéressant sur ma propre vie. A l’époque où je fréquentais les applis et où je vivais de folles aventures. Et je les racontais en jouant à fond la carte du narratif, je scriptais. C’était pas juste “on est deux à vouloir ken, on va boire un café histoire de, et en avant Guingamp”. Alors que dix ans plus tard, force est de constater que la plupart de ces histoires n’avaient que peu d’intérêt. Certaines rencontres furent chouettes pour le peu qu’elles ont duré mais combien d’histoires un peu interchangeables, franchement ? Et je parle d’histoires de cul mais en vrai, je scripte toute ma vie. Je dirais même que j’adore ça. Et je n’ai rien d’exceptionnel là-dessus. On est censés être des animaux intelligents, on va pas admettre qu’on vit juste une vie fonctionnelle. Genre qu’on serait des fourmis avec juste un peu d’appétences culturelles en plus, voyez ?
Ce que dit la sociologie sur nous
En vrai, j’adore qu’on m’explique des dynamiques que je n’ai pas vues. Par exemple, dans un autre stream, celui d’Eva Samai, il y a une lecture du livre de Denis Colombi sur l’argent des pauvres. Et vraiment, je suis régulièrement à crier sur mon siège “mais attends mais c’est trop ça !”. Je n’avais jamais réellement réfléchi au sujet. Sans doute parce que je ne suis pas concernée et que ça fait des années que j’ai capté que les histoires d’écran plat avec les allocs de la rentrée ou la fraude sociale sont des écrans de fumée. Mais se pencher sur la façon dont la société dénigre les pauvres, et notamment leur gestion de l’argent, est assez clé pour comprendre dans quelle société on vit. Et c’est pas forcément joyeux. C’est quand même fou de voir qu’on fustige en permanence l’incapacité supposée des pauvres à ne pas savoir gérer leur argent. Alors qu’en face, on a des individus qui crament leur argent n’importe comment. Vas-y que j’achète une barquette de fraises en pâte sablée à 80 €, vas-y que j’achète des NFT ou des tableaux de maître qui sont en fait des copies parce que j’y connais rien. Vas-y que je paie des centaines d’euros pour manger du comté coupé en lamelle avec une pauvre feuille de salade… Pigeons.
Ca me stimule les neurones
Je trouve ça tellement stimulant de mettre des pièces du puzzle à leur place, découvrir une réalité qui n’interrogeait pas forcément mais… Le savoir est si stimulant. Je suis tellement curieuse que tout ce qui m’apprend quelque chose me plaît. Et puis moi qui rêve d’une société plus équitable et solidaire, tout ce savoir me sert de billes pour essayer d’y arriver. A mon petit niveau. Bien sûr, avoir ce nouveau savoir et essayer de le transmettre n’empêchera pas les cons de ne rien vouloir entendre. Que la méritocratie, y a que ça de vrai, que les pauvres le cherchent bien, bla bli bla blou. Mais n’oublions pas ceux qui écoutent sans en avoir l’air, ceux qui trouvent que ce livre ou ce documentaire dont on parle a l’air bien intéressant et qu’iel se pencherait bien dessus.
En attendant, je vais me mettre à lire plus de sociologie. Et pas que sur le féminisme même si c’est mon sujet pref'. Cet été, on va piller le rayon socio de ma bibliothèque et c’est parti !