Pfff, ce titre. Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler de livre. Parce que sa place n'est pas sur mon blog Dystopie alors qu'il est catalogué comme tel. Non, il est de retour est… quoi, une sorte d'uchronie ? Enfin, c'est surtout une fiction qui nous alerte sous couvert d'humour que le pire n'est jamais loin. Surtout si le pire fait de bonnes audiences. Mmm, ça me rappelle vaguement quelque chose.
Hitler is back
Alors de quoi ça parle "Il est de retour"? Bah du retour d'Hitler ! En gros, le Führer se réveille un matin de 2011 sur un terrain vague. C'est trop rigolo, choc des cultures, tout ça. Tout est d'ailleurs rédigé à la première personne. Je vais pas trop m'arrêter sur la qualité d'écriture mais sachez que Timur Vermes a bien travaillé son sujet, c'est impeccable. Donc notre vieil Hitler est légèrement désorienté et est recueilli par un kiosquier. Ce dernier pensant qu'Hitler est un acteur qui exploite sa ressemblance avec le Führer, il le présente à des gens de la télé. Et c'est parti pour l'ascension fulgurante ! D'une capsule dans une émission télé, Hitler va devenir la star du petit écran. Où s'arrêtera sa remontada ?
Du cynisme de la confusion
Ce roman est du pur cynisme basé sur une grande incompréhension entre les personnages. Hitler sait qu'il est dans son futur et se renseigne sur la fin du nazisme mais il ne percute pas que les gens n'ont pas compris qu'il était réellement Hitler. Le reste de la société le prend pour un humoriste génial et follement irrévérencieux. Pour certains, il est celui qui ose dire tout haut ce que les autres pensent. Pour d'autres, il est dans, la caricature extrême. Il est là pour rappeler ce qu'était le nazisme et qu'il ne faut pas y retourner. Hitler est entouré de plusieurs personnages de la chaîne de télé qui se régalent de son succès et le bichonnnent… sans qu'on puisse savoir s'ils ont de la sympathie pour le nazisme.
Un infini quiproquo
Car il y a un décalage fort entre Hitler qui veut récupérer sa place, l'estimant légitime, et tous les autres personnages qui semblent se foutre littéralement de la politique. Même les politiques sont largués. Quand Hitler obtient sa propre émission, une des cadres des Verts accepte d'y participer. Elle se retrouve baladée au cœur d'un show auquel elle ne comprend rien. Hitler est totalement premier degré, elle pense qu'il l'est au second et tente l'humour mais se retrouve à disserter sur "les nazis n'auraient aucun souci à accepter une alliance avec les Verts, nous ne sommes pas si éloignés".
Une critique acide des médias de divertissement
La critique des médias de divertissement est assez évidente. J'ai parlé de la télé mais Hitler cartonne sur YouTube et son site Internet est un succès. L'avertissement est clair : méfiez-vous des trublions télévisuels et des humoristes provoc, ces gens-là n'ont pas forcément de nobles intentions. Méfiez-vous de l'humour oppressif et des émissions pseudo satiriques mais surtout humiliantes. Arrêtez de jouer avec le feu pour gagner éventuellement trois voix en acceptant d'aller vous pavaner dans un show nazi. Timur Vermes peut sembler forcer le trait. Personne n'irait dans un show nazi. Personne ne lancerait un show nazi, déjà. Oh vraiment ?
Exagéré ? Moi, je ne trouve pas
Le roman a été publié en 2012. Soit 4 ans avant l'élection de Donald Trump. Grossier personnage abruti, imbu de lui-même, raciste, sexiste (homophobe ?) qui a eu sa propre émission de télé-réalité. Star des tabloïds plus connu pour ses frasques amoureuses que son incroyable sens des affaires. Le mec est tellement un pur produit de storytelling qu'il a réussi à vendre une histoire de self made man alors que c'est un héritier. Un mec qu'on a voulu prendre au second degré tellement ces propos étaient effroyables. Quant à ce qui se passe dans nos contrées hexagonales, la frontière entre spectacle et politique est plus flou que jamais. Y a qu'à voir la course à l'échalote de la prochaine élection présidentielle. On a qui ? Bigard, Lalanne ? Et Zemmour, évidemment. Quoi, Zemmour n'est pas un homme de divertissement ? Vous plaisantez ? Ça fait 20 ans que le mec fait son beurre sur la polémique, qu'il multiplie les saillies à la télé pour faire le buzz. Il multiplie les petites phrases et ne cache pas sa satisfaction quand quelqu'un perd son calme face à lui. Ce mec n'a rien d'un intellectuel, c'est juste un méchant bouffon…
Et si Timur Vermes avait été français, j'aurais été persuadée qu'il avait calqué son Hitler sur Zemmour. Le même. Même si Hitler avait un peu plus de subtilité… Phrase que je n'aurais jamais pensé écrire un jour.