Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Mélenchon, un archétype médiatique

Publié le 21 Septembre 2021 par Nina in Vie politique, Figure médiatique, Mélenchon

J’aime étudier les médias. J’aimerais en avoir le temps. Car elle façonne l’opinion publique, l’orientant doucement dans un sens ou dans un autre. Oui, même toi, même moi. Les médias ont leurs grandes arcanes narratives et aiment placer les personnalités dans des carcans qui vont servir non seulement à faciliter les récits mais aussi à travailler la (im)popularité de l’un ou de l’autre. Et le meilleur exemple de ça, c’est Mélenchon. Et Sandrine Rousseau depuis trois semaine. Je l’ai vaguement évoqué, déjà.

Mélenchon, archétype médiatique

Je ne roule pas pour Mélenchon

Alors avant de poursuivre, petit point : je ne suis pas Mélenchoniste. J’ai été FI assez brièvement mais j’ai toujours considéré que Mélenchon était le gros bug de la matrice. Je suis sur la ligne d’Usul sur ce point, je vous laisse regarder sa vidéo car j’ai la flemme d’écrire un article sur ma perception de Mélenchon. Ce ne serait pas intéressant. Mais je ne suis pas là pour laver son honneur, le réhabiliter ou quoi que ce soit. Je ne voterai sans doute pas pour lui de toute façon. Je veux juste souligner que, comme pas mal de personnalité de gauche radicale, le moindre faux pas est amplifié, déformé, exagéré. Et qu’il faut prendre cet élément en compte quand on traite une personnalité de gauche. Car Mélenchon, je ne le connais pas IRL. Il est passé à quelques mètres de moi lors d’un événement FI, j’ai monté sa tente à une manifestation (long story), point. Donc partons du principe que je ne connais pas la vraie personnalité de ce monsieur et que nous resterons sur le plan de l’image médiatique. 

Mélenchon boude

Mélenchon, éternel colérique

Je n’ai pas un souvenir précis de quand j’ai eu conscience de l’existence de Mélenchon mais j’ai un souvenir précis du moment où je me suis dit que ce monsieur était un sale con. En mars 2010, quand il s’emporte sur un étudiant en journalisme. Ayant eu à un moment l’ambition de devenir journaliste, ayant même le diplôme qui va avec, j’ai immédiatement eu de l’empathie pour le pauvre étudiant. J'ai donc classé Méluche dans la case “gros con irrécupérable”. Je sais qu’à ce moment là de l’histoire, je connaissais déjà l’existence de Mélenchon mais je n’arrive pas à avoir un souvenir plus précis que ça. Après, évidemment, le souvenir est plus net : sa candidature en 2012 puis 2017 avec la FI et celle de 2021 qui arrive. Beaucoup de coups d’éclat. Des petites fulgurances, l’expérience étrange mais sympathique des hologrammes. Et des polémiques à n’en plus finir, justifiées ou non. Et c’est bien là où je veux en venir.

Mélenchon et les hologrammes

Une éloquence notable mais toujours la graine de la polémique

Le fait que je me souvienne de son altercation avec l'étudiant me paraît être un excellent condensé de la figure médiatique de Mélenchon. Le mec parle bien. Niveau éloquence, on fait difficilement mieux, surtout quand on voit notre scène politique actuelle. Mais sa parole, véhémente, se retourne vite contre lui. A tort ou à raison, je ne m’intéresse pas à ça mais à ses sorties qui lui sont systématiquement renvoyées à la figure. Dans chacune de ses prises de parole ou discours, j’ai l’impression qu’il y a une graine de polémique. Je me souviens de la marche de septembre 2017, là où j’ai construit la tente, où ils parlaient de Paris libérée par la rue. J’ai trouvé formidable de voir tous les “anti-Mélenchon” lui cracher au visage que la rue n’avait rien fait et que sans les Américains et Britanniques, wir würden alle deutsch sprechen. Merci Google Translate. J’étais sidérée. Dans le grand roman national français, on aime mettre en exergue la figure du Résistant. Combien de films, de romans, de séries télé, même, nous parlent de résistance ? Et là, il suffit que Méluche glorifie cette figure pour que tout le monde la nie. Limite, ça n’a jamais existé, Lucie Aubrac et Jean Moulin ne sont que des personnages de fiction. Evidemment qu’il faut nuancer, ce n’est ni la rue ni l’armée qui a libéré Paris, ce sont les deux plus tout un contexte avec la débâcle allemande sur le front de l’Est. Mais ça nous pose un étalon : s’agissant de Mélenchon, on sera toujours dans une piscine de mauvaise foi. De part et d'autre.

Les discours de Mélenchon

La passion de la polémique ?

Mélenchon aime parler. Il aime discourir et effectivement, sur le papier, il est fait pour ça. Je pense sincèrement qu’il est assez intelligent et surtout très cultivé. Il manie bien la plume mais il aime être outrancier. A chaque polémique, j’ai du mal à croire qu’il ne l’a pas fait exprès. Bien sûr, il est difficile de couvrir tous les angles. Je pense à la polémique sur la figure du financier de cet été. Je veux bien que Mélenchon n’avait pas perçu la dimension antisémite de son discours. Il a voulu mettre dos à dos humanisme et capitalisme et il s’est planté. Ca arrive. Je reviendrai dessus après. Cependant, de part son image clivante, Mélenchon n’a pas droit à l’erreur. C’est triste mais c’est comme ça. Sa rhétorique pétée sur élections présidentielles et terrorisme a été amplifiée à l’extrême et si, à ce moment-là de l’histoire, j’envisageais encore la possibilité de voter pour lui en 2022, là, franchement… Vous me direz qu’il n’a pas voulu dire ce qu’on a entendu et je veux bien le croire. Sauf que quand tu es Mélenchon et que tu sais que tu vas passer au napalm pour le moindre faux pas, tu ne t’aventures pas sur ce terrain-là. Tu dois maîtriser deux fois plus ton discours. On peut légitimement s’en indigner mais c’est une réalité. Les médias n’aiment pas Mélenchon, qui le leur rend bien, et se font un plaisir de lui tomber sur la gueule dès que possible.

jean-Luc Mélenchon dérape

Des photos toujours peu avantageuses

L’iconographie autour de Mélenchon est hyper parlante sur le sujet. Si vous regardez les photos choisies par la presse, on aime les photos où il a l’air en colère, limite hors de contrôle, les yeux exorbitées. Et ce n’est pas par manque de photos où Mélenchon est calme, juste normal, il en existe des dizaines. J’en suis à me demander sincèrement si la proportion de photos de Mélenchon en train d’éructer ou de s’énerver n’est pas supérieure à celle de Jean-Marie Le Pen. Ce serait intéressant de comparer, d’ailleurs. Même sur des sujets où Mélenchon ne s’énerve pas, on aime mettre une photo outrancière de sa personne. Mélenchon est-il colérique ? Sans doute. Mais est-il possible de le percevoir autrement, de toute façon ? Non. Parce que c’est son archétype. Peu aidé par son visage souvent fermé, certes. Je sais pas si vous vous souvenez du grand débat de 2017 où un journaliste américain avait live twitté le débat en donnant des surnoms rigolos aux candidats. Genre Poutou était le "bored hot communist". Et Mélenchon le “angry leftist grandpa”. Le grand-père de gauche énervé. Ah.

Le bored hot communist

Un tempérament colérique impardonnable

Mélenchon n’est pas le seul politicien colérique. Et j’ai toujours considéré que la colère pouvait être légitime. Ouais, seule parole sensée de Ségolène Royal. Elle aussi, ce serait quand même intéressant d’étudier son traitement médiatique. Franchement, je vais tout plaquer et lancer une collection de livre “Machin dans les médias”. Mais attention, il y a une différence entre la colère et être colérique. Sur ce dernier point, c’est monté en épingle comme un défaut impardonnable, un manque de maîtrise de soi. On a cet arc narratif très fort chez Sarkozy aussi qui navigue d’un “casse-toi pauv’ con” à son “j’ai changé” qu’il nous ressort tous les trois ans sur une voix suave. Autant je crois que l’on peut changer, quel que soit son âge, autant là, Sarko, tu peux pas me servir trois fois la même salade, hein… On aime associer Mélenchon à une colère non maîtrisée, ridicule. Ai-je besoin de m’apesantir sur la gênante histoire de la perquis’ du siège de la FI et du “la République, c’est moi !”. Je ne crois pas. Et autant je suis d’accord pour dire qu’il y a deux poids deux mesures sur la scène politique française car niveau malversations, la LREM a quelques casseroles au cul mais ça ne fait pas grand bruit. Autant il aurait été plus malin de dénoncer cet Etat de fait plutôt que de se bagarrer face cam. Oui, on est humains et je garantis pas qu’à la place de Méluche, j’aurais accueilli les flics avec le sourire. Mais une fois de plus : Mélenchon n’a pas le droit au déraillement. 

La République, c'est moi

Un désamour entretenu par les deux parties

Après, il ne faut pas non plus tout mettre sur le dos de la presse qui aime tirer à boulets rouges sur Méluche. On ne sait pas qui est à l’origine d’un tel désamour mais il s’entretient bien des deux côtés. Car il y a cette posture toujours épuisante côté FI : Mélenchon n’a jamais tort. Actons un truc, tous ensemble : les politiques ne sont jamais 100% brillants et pertinents. Pour revenir à Sandrine Rousseau, ma championne, le tweet sur Belmondo et sa dernière cascade, c’était maladroit. Après, je suis pas très fan du “RIP obligatoire” mais quand on est une personne qui ne peut commettre aucun faux pas, je suppose qu’il est inenvisageable de ne pas s’exprimer sur la mort d’une des plus grandes stars françaises… au pire, préparez vos tweets en avance, comme la télé qui a ses nécro écrites depuis 15 ans sur telle ou telle personnalité. Donc oui, on peut tous être un peu nuls, un peu à côté de la plaque. Les politiques comme nous, même si certains le sont si systématiquement que ça relève presque du génie. Mais quand Mélenchon dit de la merde, que se passe-t-il ? Sacralisation de la figure du chef ! Non seulement, il persiste et signe mais ses plus fidèles lieutenants viennent livrer une explication de texte avec  une condescendance bien mal venue. Je me souviens du tweet nul de Méluche qui se félicite de la défaite de l’Allemagne au premier tour de la Coupe du Monde de foot en 2018 en mode “dans ta gueule Merkel”. Et ses petits suiveurs qui en font autant. Heu, je… J’ai conscience qu’il y a de la politique dans le sport mais là, bof. On en est limite à “je suis contente que ma voisine de classe ait eu une mauvaise note car elle avait volé ma gomme”. Pitié…

La vanne de Mélenchon sur la défaite de l'Allemagne

Perdant à tous les coups

Bref, Mélenchon et la presse, c’est “pile je perds, face tu gagnes”. Je n’aime pas Mélenchon car je le trouve ingérable, comme pas mal de gens qui venaient me tenir la jambe quand je tractais pour me dire la même chose. Mais j’ai aussi conscience que mon avis est biaisé par les médias qui me rentrent cette idée à grand coup de polémiques nulles et de photos moches. Cependant, il serait malhonnête d’exempter Mélenchon de tout reproche car il sait qu’il n’a pas droit au moindre faux pas… mais persiste et signe. Du coup, en 2022, je voterai bored hot communist. Surtout que je serai officiellement girondine donc ce sera, en plus, mon champion local. 

Commenter cet article