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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Le monde du travail est absurde - cravate et short edition

Publié le 2 Août 2022 par Nina in Le travail, Le travail est une humiliation, Patriarcat

Nous sommes le 02 août et selon mon appli météo, nous allons encore battre des records. 36° à Bordeaux… Je n’en peux plus de ces canicules à répétition mais ce n’est pas le sujet de l’article. Non. Nous allons plutôt parler du monde du travail. Quoi de moins logique en ce mois d’août, me direz-vous ? Mais justement, je vais vous proposer un article léger sur une énième absurdité du monde du travail, j’ai nommé “la tenue correcte exigée”. Et plus précisément une question de cravate et de short.

Porter la cravate en temps de canicule, c'est ridicule

Une vision périmée de la société

La politique française est fascinante de médiocrité. Engoncée dans une vision totalement périmée de la société, elle nous lance des débats ahurissants genre le port obligatoire de la cravate. Pour les hommes, je précise. Quoi ? Pardon mais qu’est-ce qu’on s’en fout ? Ah oui, c’est vrai, la menace pour la société française, c’est la gauche qui crie et qui est sale. Alors personnellement, j’ai connu des gens qui portaient la cravate et qui avaient une hygiène déplorable, hein. Je vous jure, il n’existe aucune corrélation entre cravate et hygiène corporelle mais voilà notre bonne vieille droite corsetée à une certaine vision du professionnalisme. Et apparemment, le professionalisme est avant tout textile

Un business man songeur

Le professionnalisme est textile

Et effectivement, la tenue correcte est un sujet absurdement important dans le monde de l’entreprise. Je joue le jeu, hein. Je vais en entretien sapée comme pour un premier rendez-vous. Un premier rendez-vous avec un mec un peu coinços que j’aimerais bien appeler “mon mari”, un jour, voyez. Propre, lisse, rien de trop suggestif. Ce qui m’a toujours fait rire. Je n’ai jamais trouvé très intéressant de venir particulièrement bien habillée en entreprise. Surtout si c’est pour rester 8h derrière un bureau. La meuf sursapée des entretiens, tu la reverras pas. A la place, tu auras une personne qui a fait l’effort de recouvrir son corps de jolis tissus propres et en (relatif) bon état, c’est déjà pas mal. Mais franchement, pourquoi j’irais me saper comme jaja alors que personne ne va me voir ? Mais voilà, les oripeaux, ça te classe dans des cases. Je n’ai pas eu un poste un jour parce que “j’étais pas assez luxe”. Oui, je te confirme. Moi, mon rêve, ce sont les fringues sans contrainte. Je daigne ne pas venir en pyjama au bureau, m’en demande pas plus.

Des vêtements sans contrainte

La compétence est-elle révélée par la soie ?

Je fais des efforts pour les rendez-vous clients mais là aussi, quelle hypocrisie. Suis-je plus compétente parce que j’ai sorti ma belle robe en soie ? Mon col de chemise sortant de mon pull me confère-t-il plus de crédibilité ? Non pour les compétences… mais oui pour la crédibilité. On acceptera que je débarque en jean tant que je l’ai agrémenté d’un beau chemisier, d’une veste et de talons. Hauts, si possible. Ah pardon, j’avais pas compris que j’allais jouer un personnage… Quoi que si on considère que le travail, c’est de la représentation, on est en plein dedans. Une personne qui présente bien aura toujours plus de valeur qu’une personne qui taffe bien. Le monde du travail est profondément superficiel, que voulez-vous. On aura plus confiance en celui ou celle qui s’est bien sapé, en celui qui sait copiner plutôt que celui ou celle qui a taffé dur. Les dirigeants d’entreprise n’ont pas plus d’intelligence que ça, désolée.

Business woman

Ma tenue ne témoigne pas de ma valeur

Et c’est d’autant plus débile en ces années de fin de monde. Nous avons déjà eu les patrons qui refusaient qu’on fasse du télétravail, y compris en tant de Covid, parce que… ils ne peuvent pas nous surveiller. Alors pardon, manager ou patron, mais si tu dois me voir pour être content de mon travail, c’est que tu fais très mal le tien. Si tu ne sais pas ce que je fais de mes journées, c’est préoccupant. Si tu dois m’avoir sous le nez pour t’assurer que je suis pas en train de te carotte, c’est inquiétant. Et au passage, être assise dans un open space ne signifie pas pour autant que je bosse. Je peux être en train d’écrire un roman, d’échanger avec des ami.e.s sur un messenger quelconque, lire des articles, faire du shopping, faire du PowerPoint art, mater des vidéos sur Youtube, jouer à Candy crush ou équivalent… Bref, normalement, tu sais ce que je suis censée faire et produire et tu n’as pas besoin de me voir pour que ça avance. Et la tenue vestimentaire, c’est pareil. Mettre une cravate ne donne pas plus de valeur à une personne surtout que… existe-t-il un item plus démodé que la cravate ? Sauf sur les femmes, là, c’est ultra classe.

Une femme classe

Cravate et patriarcat. Hé oui

Et là, normalement, les mecs commencent à gueuler “non mais nous, on a pas le droit de mettre des shorts, c’est du sexisme !”. Je suis d’accord avec toi, Michel. Sauf que ce n’est toujours pas un sexisme envers les hommes, figure-toi. C’est encore un bon vieil héritage du patriarcat ! Celui-là même dont tu tires de substantiels bénéfices, oui. Aucune femme n’exige que tu portes un pantalon et pas un short. on s’en fout en vrai. Mais paraît que ce n’est pas professionnel. Ah oui mais les femmes en jupe et tout ? Mais c’est le patriarcat, ça. Celui qui met les hommes aux postes importants alors que les femmes sont surtout embauchées pour être jolies et agréables à regarder. C’est normal qu’une femme montre ses atouts. Quand on rappelle à l’ordre une femme sur sa tenue, c’est rarement rapport à ce qu’elle exhibe. Sauf si elle exhibe vraiment trop. Sauf pour les enfants et ados, par contre. Parce que les hommes, adolescents ou adultes, semblent incapables de résister à la clavicule ou au nombril d’une jeune fille, tu comprends. Pour comprendre, suffit de regarder Mad Men : les femmes en potiche, disponibles pour ces messieurs en cravate. Les hommes au travail, ils ont trop de responsabilité pour sacrifier leurs oripeaux de dirigeants. 

Mad men

La cravate, c'est ringard

Sauf que ça devient absurde, cet héritage des années 50. Le Premier Ministre espagnol l’a bien compris, lui. De façon générale, les start-ups jouent pas mal dessus aussi. Sans oser le t-shirt en interview, le CEO de start-up est décontract. Les cravates, c’est bon pour les conseillers en assurances de plus de 50 ans. Ils sont là avec leur chemise de beau gosse voir un petit polo décontract’ et leur jeans. On est jeunes, on est modernes mais on est en maîtrise. Et on a un baby-foot et des afterworks tous les jeudis, youpi. Autant je peux encore admettre qu’on se met bien pour une présentation client (et encore…),  autant les jours de pure production derrière son écran, qu’est-ce qu’on s’en fout ? Là, encore, je bénis le télétravail. Que je suis bien à bosser en leggins ou en simple paréo l’été. Voire, quand la canicule pointe le bout de son nez, avec juste un bas de maillot de bain que je vais humidifier régulièrement pour avoir les fesses au frais. De toute façon, si le thermomètre continue de s’affoler, va falloir se détendre sur le naturisme, je vous l’annonce.

Travailler nus

Les oripeaux, c'est dépassé

Bref, tout ça pour dire que le monde du travail est effroyablement superficiel et ringard, nos politiques de droite également. Et si vous voulez vous plaindre de pas pouvoir mettre de shorts en été, n’allez pas tirer la veste des féministes. Elles sont déjà en train de combattre le patriarcat qui vous contraint à couvrir vos petites gambettes. Cependant, vous découvrez un peu ce que c’est de vivre dans un monde où votre tenue vestimentaire peut être problématique gratos. Nous, on vit ça au quotidien, pas juste deux mois en été