Aujourd’hui, on va parler d’un élément essentiel des relations toxiques : le gaslighting. Un red flag majeur particulièrement difficile à détecter, il me semble. Et qui fait des dégâts considérables dans la psyché de la victime. J’espère qu’un jour, on arrivera à un peu qualifier tout ça juridiquement. Ca évitera que tous les mecs hurlent à la vendetta féministe quand un mec l’utilise avec ses meufs parce que “y a rien d’illégal”. Coucou Julien Bayou. Et oui, dans les couples hétéros, tu peux briser ta femme psychologiquement, tant que tu la tues pas, ça passe. Même si on commence à parler du suicide forcé. Il semble d'ailleurs que l'enquête sur le suicide de l'influenceuse Mavachou aille en ce sens...
Entretenir la plus grande confusion
Qu’est-ce que le gaslighting ? C’est le fait de plonger sa compagne dans une telle confusion qu’elle pense devenir folle. Grosso merdo. Le terme vient d’un film de 1944, Gaslight, avec Ingrid Bergman. Curieusement, il n’a pas eu droit à aucun remake, mmm… Je vous raconte l’histoire. Paula est une jeune femme traumatisée par la mort de sa tante, assassinée. Elle rencontre un homme, Grégory et se marie avec lui. Celui-ci insiste pour qu’ils s’installent dans la maison familiale de Paula, celle-là même où la tante a été assassinée. A peine installés, Grégory prend ses distances avec sa femme et l’accuse de devenir folle. Alors que Paula pense effectivement qu’elle perd la boule et qu’elle ferait mieux de partir se soigner à l’asile, plot twist ! Tout est un coup de Grégory. D’abord il a isolé Paula puis crée de petites illusions pour qu’elle pense devenir folle. En fait, Greg était le meurtrier de la tantine et avait besoin de retourner dans la maison pour récupérer des bijoux et voulait se débarrasser de sa nouvelle épouse assez vite.
Briser sa victime jusqu'à ce qu'elle doute de tout
Je ne vais pas m’attarder sur le travail de destruction du tissu social de la victime. Faudra que j’en fasse un article à part entière car c’est LE red flag par excellence. On va plutôt s’intéresser à cette dégradation de la santé mentale des victimes qui peut aller assez loin. J’ai évoqué Julien Bayou en introduction de cet article et ce n’est vraiment pas anodin. Parce que c’est 100% ce qui est arrivé à son ex compagne qui a commencé à douter de ses propres souvenirs tellement son compagnon se montrait persuasif sur sa propre version des faits. N’oublions pas que le principal talent de ces mecs, c’est de trouver des personnes fragiles à manipuler. Quand tu n’es pas sûre de toi en général, tu peux finir par douter de tes propres souvenirs. Ca n’a rien d’exceptionnel ou de condamnable. Ce qui devrait être condamnable, par contre, c’est de briser une personne au point qu’elle tente de se suicider par deux fois. Personnellement, j’appelle ça un homicide involontaire.
Faire perdre pied
Le gaslighting sert tout simplement à faire perdre pied à la victime qui ne se sent plus d’avoir confiance en ses propres souvenirs et ses ressentis. C’est une réécriture de l’histoire qui peut prendre plusieurs formes. Pour le cas de Keven dans M’entends-tu, c’est le fait de considérer que Carolanne a un problème de boisson. Un ressort pratique pour l’empêcher de sortir sans lui (“tu vas encore boire, je dois être là pour te surveiller”), la culpabiliser (“le truc horrible que tu as vécu, c’est parce que tu avais trop bu, c’est ta faute et ça se reproduira si je suis pas là pour te sauver”). Et ça sert même de base de chantage : “j’ai un problème de violence mais on va surmonter ça ensemble comme on l’a fait avec tes problèmes d’alcool. J’ai été indulgent, tu dois l’être aussi”. Un des gaslightings assez classique, c’est le flou quant à la nature même de la relation. Cf Bayou ou Grasset. Je t’aime mais je disparais. Oui, je vois d’autres femmes, je ne savais pas que nous étions exclusifs. Je ne savais pas, je ne pensais pas, j’ai oublié. Le gaslighting, c’est éclairer les faits sous un angle différent pour les travestir.
Très difficile à discerner
Le souci majeur du gaslighting, c’est de le comprendre, de s’en rendre compte. Dans le film Gaslight, c’est une personne extérieure qui va découvrir le manège et sauver Paula. Un inspecteur amoureux de la tante défunte qui va trouver que sa nièce lui ressemble beaucoup. Oui, bon, on reste dans le tropisme du love interest. Mais qu’est-ce que je disais plus haut ? Les mecs toxiques coupent leurs victimes de leur tissu social. C’est du huis-clos permanent. Comment tu veux confronter deux vérités quand tu n’as aucun témoin, aucune preuve tangible de rien ? Si personne ne vient te signaler que, non, non, ce n’est pas toi qui deviens folle, y a bien une couille dans le potage. Surtout que la folie, au sens très général du terme, c’est pas un truc socialement toléré. Donc plus la victime pense perdre les pédales, plus elle s’isole d’elle-même.
Créez la preuve. Et barrez-vous
Bref, on est là face à une bonne grosse manipulation sale. Si jamais vous commencez à douter, je crois qu’il n’y a pas 150 solutions : écrivez tout. Si la preuve tangible n’existe pas, créez-la. De façon générale, je crois qu’on aurait tous intérêt à écrire des journaux intimes, cahiers de bord ou ce que vous voulez. C’est assez fou ce qu’on redécouvre quand on remet le nez dedans…