Alors que j’ai bossé dans une boîte où j’ai déjeuné seule le premier jour. Là, non. Pour mon premier jour, je mange avec Claire qui a l’air bien contente que j’accepte de manger avec elle. Je ne vous ai pas encore parlé du reste de l’équipe car pour mon premier jour, il n’y a qu’une fille. Les autres sont soit en TT, soit en vacances. Et la dite personne, la rédactrice web, disparaît au déjeuner. Je le sens pas, je le sens pas. Le loup a l’air encore plus gros que je ne le pensais.
Claire la paria
Et effectivement, le déjeuner ne me rassure pas. Claire est seule dans l’entreprise. Personne ne mange jamais avec elle. Parce qu’elle est antipathique ? Que nenni ! Parce que la meuf avant elle est partie “dans des conditions compliquées”. Hé oui, on remet une pièce dans la machine ! Je souris par réflexe mais je vois la situation se dessiner clairement : on vire les gens salement et les remplaçants sont plus ou moins tenus pour responsables. Qu’est-ce que je fous là ?
Suons ensemble !
L’attitude de Claire qui nous voit déjà suer de concert à la salle de sport me rappelle l’attitude des gens peu populaires au lycée qui sautaient sur les nouveaux ou nouvelles en mode “tu veux être ma pote, dis, dis, dis ?”. Sauf que là, Claire, c’est quand même ma N+1. N+1 au bout du rouleau certes mais qui m’a recrutée dans des conditions merdiques.
Bon, on va se tirer de là vite fait
L’après-midi, je décide de vider mon sac auprès d’ex-collègues sur un groupe Whatsapp. J’ai quitté une boîte nulle pour une boîte pire. Les locaux sont horribles, les boss sont oppressifs et j’ai toujours pas signé mon contrat avec un faux intitulé, ahahah. Pourquoi ? Pourquoi j’attire la poisse comme ça ? Y a écrit “bonne poire naïve et malléable” sur mon front ou bien ? J’ai cependant un plan. Un plan très clair. Je renouvelle ma période d’essai au bout de 4 mois et me fait virer au bout de la 2e. Pile pour descendre dans le sud. Ah oui parce que mon plan initial de bosser en distanciel “parce qu’avec le Covid, maintenant, on sait que ça passe”, j’ai déjà fait une croix dessus. Et encore, sur ce point, je n’avais pas mesuré à quel point les confinements, ils s’en battaient les steaks.
Mon boss, c'est le Steve Jobs du 7-8
En fin de journée, je suis convoquée par le PDG et son bras droit pour une présentation du groupe. Je découvre donc que le petit mec que personne ne m’avais présenté à l’entretien est le DG. Sorte de toutou hyper soumis au charismatique M. Gamblois. Qui arrive en retard à notre rendez-vous. Alors je suis très attachée à la ponctualité et le fait qu’un N++ se présente avec un retard de 10 mn, ce qui sera systématique, c’est non. Bon, après, je sais déjà à qui j’ai à faire donc bon. Le mec me raconte une histoire à la Steve Jobs genre il a créé le site d’Epicéa dans son garage, bla bla bla. Je prends des notes histoire de. J’en ferai des origamis, au pire. Je sais pas faire d’origamis mais c’est l’occasion d’apprendre, non ? Bon, bref, j’ai été convoquée au show de M. Gamblois qui est très fier de lui, je souris en pensant à ma future lettre de démission. Mais là, attention, pire foutage de gueule en approche.
L'audace, c'est ça
“Vous savez, ici, les gens ne sont pas méchants, il n’y a pas de mauvais”. Pardon ? Je dois te rappeler mes conditions d’arrivée ou comment ça se passe ? Je suis là depuis quelques heures et j’en suis déjà à deux départs cracra recensés. Et le mec me dit ça sans ciller en me regardant droit dans les yeux. Voyez, c’est ça l’audace. Je crois que j’envie un peu cet aplomb tellement je le trouve insensé. Moi qui m’excuse de demander pardon, y a sans doute une leçon de vie dans tout ça. Ou alors c’est juste que le mec est un psychopathe dénué de la moindre empathie.
Une démission qui se fera sans culpabilité
Bref, fin de première journée et au moins, je me console : quand je partirai dans quelques mois, je culpabiliserai pas trop d’abandonner ma cheffe, même si je l’aime bien.