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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Premier jour, premier désespoir

Publié le 8 Novembre 2022 par Nina in Le travail, Le travail est une humiliation, Premier jour, Une question de semaines

Je n’aime pas les premiers jours en entreprise. J’ai souvent comparé le premier jour en entreprise avec la rentrée des classes mais cette analogie ne marche pas. Parce qu’une rentrée des classes, on est entre une quinzaine et une quarantaine à débarquer en même temps, à récupérer les mêmes infos avant de rentrer dans le tempo. D’ailleurs, de mémoire, on nous convoquait pour l’après-midi vu que les cours ne commençaient véritablement que le lendemain. En entreprise, tu arrives seul·e et très vite, tu deviens un fardeau pour la personne qui t’accueille car elle doit faire son taf en plus de t’expliquer la vie. Donc tu as droit à une heure de présentation et six à sept heures à faire semblant de t’occuper parce qu’on t’a pas donné grand-chose à faire. Mais là, en plus, je sais que je suis dans une boîte nulle. Enfer.

L'angoisse du 1er jour

Des éléments narratifs pour adoucir la réalité

J’essaie de romantiser le truc comme je peux. Ce boulot se situe à 15 mn de mon premier appart parisien, dans un quartier où j’avais ma salle de sport pendant des années avec ma besta. Dans un quartier où j’avais suivi un parcours APEC pour trouver ma vocation. Pour m’y rendre, je prends ce train de banlieue que j’ai pris pendant des années. Je me souviens de moi, jeune néo-parisienne qui faisait ce même parcours, un peu émerveillée, un peu angoissée. Finir ma carrière parisienne à quelques encablures de là où tout a commencé, je trouve ça si logique. Car oui, ce sera mon dernier poste parisien. Dès que le Covid nous lâche un peu la grappe, on part à Bordeaux

Salut, je me barre

Bienvenue dans l'open space sans fenêtre

Mais en attendant, faut faire semblant. Me voici accueillie par Claire qui s’excuse un peu de la situation avant de me faire la présentation de la boîte. Je prends des notes avec sérieux. Là, encore, ça va. J’étais juste en haut de la montagne russe, on est partis pour dévaler fort. Attention, accrochez-vous, zé parti ! On va commencer par l’open space. Je ne connais du siège que la salle de réunion et l’entrée. Pas l’accueil, l’entrée. Parce que quand tu arrives, tu poireautes devant la porte en espérant que quelqu’un va passer se préoccuper de ton sort. Mais là, je découvre les coulisses de la boîte, le cœur névralgique. L’open space. Sans fenêtre. L’open space sans fenêtre avec une moquette noire et des kakemonos en carton pour séparer les bureaux parce que le Covid. Il faut savoir que je suis une meuf solaire. Au sens premier du terme, j’ai besoin de lumière du jour. Le peu de lumière que j’aurai, c’est celle qui passe à travers les parois en verre des bureaux des différents directeurs qui, eux, ont des fenêtres. Je suis fortement dégoûtée. Mais là, encore, c’est juste une couche de plus.

Travailler dans le noir

Un jour de télétravail concédé

Je vous ai parlé de Covid. Nous sommes en août 2020, il y a encore du télétravail. Chez Epicéa, on a droit à un jour par semaine. Le mardi ou le jeudi. Alors pardon mais ? Le but du télétravail, c’est de ne pas être tous sur le même plateau en même temps pour éviter une contamination de masse. Ca sert à quoi de nous concéder un jour de télétravail si on le prend tous le même jour ? Mais bon, la direction ne veut pas les lundis et vendredis parce que c’est pour prendre un long week-end sans poser de jours et le mercredi, c’est une façon planquée d’économiser la nounou. Je suis dévastée. Comment tu peux avoir si peu confiance en tes salariés. Ah oui, c’est vrai, tu les traites manifestement comme de la merde. Là, je n’ai pas la lèvre qui tremble mais pas loin.

Pleurer au travail

Un patron très autoritaire

Je m’installe à mon bureau et là, poppe un mec. « Salut, je suis Sylvain, le responsable marketing. Je vais à la boutique, tu veux venir ? » Oui, Epicea a une boutique physique. Mon premier réflexe « non merci, je n’ai besoin de rien ». Mais je me rattrape à la dernière seconde et accepte avec le sourire. Claire se joint à nous. En chemin, Sylvain et elle parlent d’un événement pince-fesses qui aura lieu dans une quinzaine de jours. Le Covid, ça vous parle pas ? Là, je prends une nouvelle pincée de « ils sont tarés ». En gros l’un des principaux concurrents d’Epicéa organise une grosse soirée avec les fournisseurs dans trois semaines. Donc Gamblois décide d’en organiser une, une semaine plus tôt pour damer le pion. Je… je suis fatiguée, vraiment. Sylvain se retrouve donc avec cette petite party surprise à gérer en last minute. Mais attendez, là, je suis pas encore au bout. On va rentrer dans un nouveau cercle des Enfers : la boutique.

Une boutique

Madame est du même bois

A peine arrivés sur place, Sylvain part vivre sa vie. Il me présente vite fait la CM freelance que je vais me retrouver rapidement à gérer parce que « tu connais le community management ». Puis il disparaît à ses occupation. Claire et moi restons plantées telles d’encombrantes potiches vu qu’il y a du monde et que les allées de la boutique font environ 50 centimètres. Elle me montre une femme fort affairée et me sort « c’est Mme Gamblois, je vais te la présenter ». Ah oui, la boîte est gérée par un couple, comme si ça suffisait pas. Madame nous ignore et là, Claire perd patience. « Non mais c’est bon, viens, on remonte ». Et sur les dix minutes max qui nous séparent du bureau, elle se lâche un peu. « Non mais Sylvain, il est chiant, il fait toujours ça de te planter comme ça et tu restes là comme une conne. Et Madame Gamblois, elle était de mauvaise humeur, elle avait décidé de nous ignorer. Il faut aller la voir une fois par semaine environ. Elle râle sinon. Elle confond un peu tout le monde donc t’y vas, tu prends toutes les doléances et tu rentres ». Jamais de la vie je ne fais ça.

Bellatrix

Une matinée qui m'a rincée

Bref, on retourne au bureau, je clique un peu n’importe où sur le site quand Claire m’interrompt. « Je vais manger, tu viens avec moi ? » Ah oui parce que là, ce n’était que le matin. Je vous garde l’après-midi pour le prochain article.

 

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