Y a un concept dans la vie qui m'excite les neurones de ouf, ce sont les arbres décisionnels. Pas le concept graphique mais le fait que ma vie est ce qu'elle est car j'ai pris des décisions. On peut s'amuser alors à remonter l'histoire, se demander ce qu'aurait été ma vie, si… Par exemple, qu'aurait été ma vie si j'avais prolongé ma période d'essai ? Peut-être aurais-je pu négocier un départ à mon avantage et ne pas cramer d'économies. Mais lors de la semaine fatidique, j'ai pas eu le courage de dire non. Non à la validation de ma période d'essai. Parce que j'ai cru sottement que les choses allaient s'améliorer. Pauvre folle.
Un voyage en plein tsunami de taf
Résumé : après des premières semaines cauchemardesques, je pars trois jours à Lyon avec mon équipe pour une formation express. Point négatif : j'ai du taf ras la gueule et je vais devoir bosser le week-end. Point positif : j'ai appris des trucs et je pensais sincèrement que la maîtrise allait m'aider. Ce fut une grande erreur ça. Je croyais que j'étais en galère de par ma méconnaissance. Alors que c'était juste que j'avais trop de trucs à gérer. Et justement, la semaine de ma validation de période d'essai, j'ai un workshop "repartons sur des bases saines" avec Satan et la présentation de la stratégie annuelle pour Ludeo.
Déjà un entretien ?
Et des entretiens ! Je suis contactée par un cabinet de recrutement pour un poste de responsable acquisition, mon ancien job, et je l'accepte. Vraiment, avec le recul, il est évident que ce job n'allait pas durer bien longtemps… Ce premier entretien se passe bien et j'obtiens un deuxième entretien semaine suivante. On garde ça en tête.
Une grosse fuite de la cheffe
Donc ma semaine est dédiée à la rédaction du doc Ludéo, à quelques réunions près. Notamment le fameux workshop avec Satan. Rendez-vous qui nous stresse énormément Lisa et moi, car on craint un sale règlement de compte. Mais je me dis que Solène va enfin entendre que ce client est ingérable. La veille, la voici justement qui m'envoie un message pour me demander si y a besoin d'elle sur le sujet. Je lui réponds que non car nous avions déjà tout préparé avec Lisa. Et franchement, ça s'est super bien passé. Lisa et moi étions désormais officiellement amoureuse de Édouard, le nouveau responsable acquisition. Ça s'est vraiment bien passé à un détail près : Solene ne s'est jamais pointée. Je réalise que sa question de la veille ne concernait pas la préparation du workshop mais le workshop lui-même. Je.
Une parfaite petite soldate
Cette semaine là, j'ai également un point avec Caroline et Solene. Je pense qu'on va parler de ma période d'essai mais non, on parle juste du séjour à Lyon duquel je reviens sincèrement motivée, comme expliqué plus haut.
"Ah super. Du coup, tu penses que tu peux prendre un client en plus ?
- Heu non… Quand même pas."
Je croule déjà sous le travail, ça va aller, aussi. Le jeudi, jour de validation de ma période d'essai, Caroline me cale un point à la dernière minute pour me dire que si j'étais OK, ils validaient ma période d'essai. Et j'ai dit oui. J'ai dit oui. Alors que ça pue à tous les étages, j'ai dit oui. Parce que j'avais peur qu'en prolongeant ma période d'essai, j'envoie un mauvais message. Non mais je gueule tout le temps sur le monde du travail mais comprenez que j'en suis la parfaite petite soldate débile, hein. Du coup, Caroline est très contente et m'annonce que je vais recevoir un avenant à mon contrat car je passe "program coordinator" avec Julie et d'autres gens. Ouais super. Je me pencherai un autre jour sur ce que ça veut dire.
La matinée de la lose
Mais voici le jour de la soutenance chez Ludeo ! On doit se rendre sur place avec Benoît et Solène. Comme c'est gavé loin, Solène propose qu'on se retrouve à la cité du vin pour nous embarquer jusque chez le client. Enfin, elle propose à mon initiative… Quand je l'annonce à Benoît, il fait la gueule. Il est saoulé à la perspective de faire le trajet avec elle. Le vendredi matin, alors que j'ai passé toutes mes soirées à bosser sur la présentation, j'arrive un peu fatiguée et tendue. Je retrouve Benoît un peu par hasard sur les quais du tram eeeet… a plus de tram. Le pire, c’est que j’en ai vu un partir mais je me suis pas pressée. Ne jamais courir après un transport en commun, surtout que j’étais loin d’être en retard. Un peu décontenancés, on appelle Solène qui passera nous chercher à l’agence. Ok. Il pleut des cordes, j’ai envie que la réunion ait lieu en visio mais non, personne ne propose cette solution.
Le trajet de l'angoisse
Solène vient donc nous chercher, je monte devant parce que je sens que Benoît ne veut vraiment pas être à côté d’elle. Et j’ai vite capté pourquoi. Le trajet doit durer pas loin de 30 minutes et je me sens pas super à l’aise donc je me lance dans du small talk. Je peste gentiment contre cette histoire de tram qui brouille un peu le plan initial. “Oui, enfin, y a des bus sinon.” Heu, oui ? J’essaie de me rattraper un peu niaisement
“Oui, je ne les connais pas encore bien…
- Oui bah y a des applis”.
Oui bah je vais fermer ma gueule si tu me bashes dès que j’ouvre la bouche, en fait. Parce que le fait est que j’ai rien d’autre à lui dire. On peut même pas parler de la pres, elle l’a à peine vue. Ah si, elle m’enchaîne sur le point Satan. “Ca s’est bien passé.
- Oui, oui, super. Mais c’est vrai qu’entre ça et Ludéo, c’est une grosse semaine
- Ah bah ça doit être parce que ça fait longtemps que je suis en agence mais trois réunions dans la semaine, c’est rien”.
Bah forcément, tu fous rien, connasse. Déjà, sur mes quinze ans de carrière à ce moment là de l’histoire, j’en ai passé plus des trois quarts en agence donc viens pas m’expliquer la vie. Mais surtout c’est moi qui ai fait tout le taf sur Ludéo. Tu t’en es à peine préoccupé alors que c’est, paraît-il, un top client. Ah et elle me rajoute une cerise sur le gâteau “au fait, t’es pas venue à la soirée mercredi. Tu sais, c’est pas juste une soirée, c’est aussi l’occasion de rencontrer des gens, ce sont des moments importants”. Hé oui, je suis pas venue parce que j’ai passé la soirée à bosser sur la fameuse pres dont tu ne t’es absolument pas occupée…
Une pres nulle et un regret immédiat
Et nous voilà chez Ludéo. il pleut des cordes, y a pas de lumière et je suis saoulée. La présentation de trois heures (!) se déroule dans une salle aveugle. C’est comme pour le rendez-vous avec le roi de la fenêtre, j’ai vraiment un souvenir sombre de ce jour. Je ne trouve pas le rendez-vous très positif. On flotte sur plein de trucs, je ne suis pas fière du tout de mon travail. C’est du pur bullshit. J’ai suivi la consigne “pars d’un schéma et fais ta pres dessus” mais c’est nul. Je sens que le client n’est pas convaincu mais Solène repart de bonne humeur. “Il était content de la pres”. Mais pas du tout, madame. Elle nous largue à une station de tram avec Benoît, on met un temps infini à repartir vers le centre et là, on se lâche. C’était le pire rendez-vous. “Le prends pas mal mais c’est pas normal que tu aies fait la pres toute seule”, me dit-il. Mais je ne le prends pas mal puisque tu as parfaitement raison. Je repense à ma période d’essai que j’ai validé la veille. Au fait que pendant la pres, j’ai dit “non mais je suis là pour tout gérer” en regardant le client dans les yeux tout en pensant “j’ai une opportunité pas mal qui vient d’apparaître dans ma vie, je ne serai peut-être plus là dans deux mois”. Je suis fâchée sur la réflexion sur mon absence à une soirée. Y a rien qui va. Benoît considère que cette pres était son baroud d’honneur et ne parle plus que de partir. Il n’arrête pas de me parler de l’immaturité de cette boîte et je la sens bien venir. Même si elle allait surtout m’éclater à la gueule à partir du moment où j’ai décidé de ne plus m’accrocher. On en parle semaine prochaine.