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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

L’effondrement et le point de non retour

Publié le 2 Mai 2023 par 47 in Lalala j'entends pas, Prendre une décision, Rupture conventionnelle

Je le confesse, je suis souvent une meuf grandiloquente dans mon vocabulaire. Mais ici, si je choisis l’effondrement, c’est parce que c’est vraiment le mot. Je me suis effondrée, littéralement. Bien aidée il est vrai paaaaar… le covid ! Mais je m’avance un peu, revenons à ce jour de pluie où j’ai présenté une strat annuelle chez Ludéo. Enfin, peut-être la semaine suivante ou celle d’après. Car avant la chute, il y a eu une embellie… qui a rendu l’effondrement plus violent.

L'effondrement

J'ai cru être arrivée au sommet

La fin de cette présentation chez Ludéo marquait un gros soulagement pour moi. Une grosse coche sur ma to do list qui allait me permettre de libérer du temps et de mieux me consacrer à l’apprentissage fin de ce nouveau taf. Oui, puisque je dois le faire seule, autant le faire bien. Bon il y a toujours des dizaines de campagnes à programmer côté Satan mais le workshop de la semaine précédente me laisse espérer une amélioration. Spoiler alert : non, ça n’aura pas lieu. Mais pendant trois jours, j’y ai cru. On rajoute à ça que le Roi de la fenêtre est super content de ses perfs, j’ai l’impression d’enfin comprendre ce que je fais, youhou.

Célébration

Et on recreuse

Sauf que non. Enfin, l’embellie est de courte durée, je veux dire. Déjà, Caroline m'appelle pour m'annoncer que j'ai un nouveau client alors que j'avais expressément dit la semaine précédente que j'avais pas la place. "Non mais y a rien à faire, tu fais juste genre". Bah voyons. Puis, environ dix jours après la pres chez Ludéo, j’ai droit à un retour peu positif. Le client a listé à Solène toutes ses doléances et elle me les décrit. Ah oui donc le client ne me parle même pas directement alors qu’on a deux réunions ensemble par semaine ? Bon en gros, faut tout refaire, il n’a pas été convaincu et puis il me trouve pas assez présente. “Tu dois y consacrer 50% de ton temps”. Ok donc les autres 50%, je dois les partager entre trois clients dont un extrêmement chronophage ? Vous écoutez vraiment pas quand je signale que la charge n’est pas tenable, du coup. Je note, un peu défaite. Cependant, Solène a essayé un peu de désamorcer le truc en mode “c’est pas toi, le souci”. En effet, meuf. Quand le client dit “je ne comprends pas cette strat, c’est comme si on avait pas 5 ans de passif ensemble”, ce n’est vraiment pas mon travail qui est critiqué. Mais ton manque total d’implication. Le pire ? C’est que j’ai consigné mes notes dans un outil de gestion de tâches collaboratif et Solène m’a expressément demandé de les voir. Putain mais meuf, j’ai 41 ans, respecte-moi.

Je te déteste

L'anniversaire du basculement

42 ans, même ! Hé oui, c’est le jour de mon anniversaire. J’ai pris un RTT pour profiter de la vie et mon mec et moi décidons de partir à la découverte de Cap-Ferret. Ce ne fut pas vraiment une belle journée. Déjà, il pleuvait des cordes; Encore. Puis mon mec était malade. On a pris l’excursion “Ile aux oiseaux” mais ça se limitait à “regardez les emblématiques maisons. Vous avez pris des photos ? Ok, on y va”. Le déjeuner fut plus cool, je commence à savourer. Puis je regarde mon téléphone. Des messages en absence du roi de la fenêtre. Beaucoup. Hé oui, vu que le monsieur ne marche que par téléphone et que personne n’a été intéressé par la question de me fournir un numéro, c’est mon numéro perso qu’il a. Enorme erreur, je sais. Je lui envoie un SMS pour l’avertir que je suis off mais il me dit qu’il y a un souci sur son compte. Bref, je rentre chez moi et je me connecte pour regarder, je ne vois rien de suspect. Par contre, j’ai plusieurs chats de collègues m’avertissant qu’il cherchait à me joindre. Putain de merde… Comme mon mec est très patraque, on fait un test covid. Le sien est positif. Joyeux anniversaire !

Un jour de pluie

Test PCR en approche

Le lendemain, j’appelle le roi de la fenêtre pour faire un point et j’ai droit à une remontée de bretelles car j’ai trop dépensé. Ce client est très confus quant à son budget mensuel et les perfs étaient très bonnes avec un retour sur investissement plus que positif. Bref, je baisse les investissements et on convient d’un vrai plafond. Pendant l’appel, j’ai cependant un phénomène un peu bizarre, je sens ma lèvre fourmiller. Ok, j’atteins un niveau de stress qui m’impacte physiquement, tout va bien. J’ai assez peu de souvenirs de la fin de semaine, juste que je dois faire le bilan annuel des perfs Ludéo car “je les ai pas présentées pendant la strat annuelle et ça a contrarié le client”. M’avait-on dit que je devais le faire ? Bien sûr que non. Ca tombe le jeudi de la semaine suivante et je n’ai pas encore commencé, ahahah. Et je ne peux pas m’en occuper sur la fin de semaine car j’ai des bilans mensuels à terminer et sans doute des campagnes Satan à programmer. De toute façon, le vendredi, je me décompose lentement, mon énergie vitale s’écoule par le nez en épais miasmes. Mon mec et moi partons faire un test nasal. Vendredi soir, 22h, je dors. Fiévreuse. Je me réveille à un moment. Sur mon téléphone  m’attend le résultat de mon test. J’ai le Covid. Et j’ai droit à un arrêt de travail automatique. Mmm.

Dormir parce qu'on est malade

Le recul pour prendre la bonne décision ?

Le lundi, je me connecte pour prévenir Caroline. Je fais un mail long comme mon bras de tout ce que j’aurais dû faire dans la semaine. Mais elle m’appelle pour être sûre d’avoir bien compris et est un peu choquée par ma voix. Il faut savoir que quand je suis très fatiguée ou carrément malade, le premier signe physique, c’est ma voix qui devient une sorte de filet suraigü et légèrement dissonnant. En résumé : Lisa reprend tout Satan. Le bilan Ludéo sera géré par Lyon. Et je me sens libérée. Soudain, trois tonnes s’enlèvent de mes épaules et je me félicite d’être malade. Je suis contente d’être malade… Attends. Mon Covid, il n’a pas été tout à fait anodin même si j’ai pas eu de Covid long. Une bonne grippe qui m’a collée au lit pendant trois ou quatre jours. Avec ce côté “ah, la fièvre baisse, je chante la vie” pour m’effondrer trente minutes plus tard. Je crève de chaud, je tremble de froid. J’ai assez peu de souvenirs de ces quelques jours. Juste que je suis en plein bavardage virtuel avec des amies via mail ou messagerie et plus je leur écris, plus je m’énerve sur le n’importe quoi de cette boîte. Et puis y a ce petit message anodin. J’utilise mon pc du bureau pour faire mes trucs car plus simple. A un moment, je passe sur ma messagerie pro pour une raison que j’ignore et je vois un message de Lisa qui me dit “tu peux arrêter de toucher aux groupes d’annonces, steuplé ? Ca fausse tout”. Et là, c’est reparti. La lèvre qui vrille, le désespoir total. Je me souviens vraiment de ce moment précis car c'est là que je lâche l’affaire. Je n’y arrive pas. Je n’apprends qu’en faisant des conneries et j’en ai marre. C’était pas ça le deal. Je repense à Dora, mon ancienne collègue chez Vinyl qui a rapidement tout abandonné après être arrivée dans une boîte où elle s’est sentie totalement larguée. Elle avait dit la phrase “Je croyais connaître mon métier mais finalement, non”. Je me sens comme Dora, tout pareil. Elle a démissionné quelques temps plus tard. Toute la semaine, mes amies en chat m’ont dit de démissionner, de sortir de là. Victor n’arrête pas de me dire d’arrêter les frais. Et si ? 

Se jeter dans le bain
Très belle illustration de Fabio Consoli

On met en route le plan évasion

Le jeudi et vendredi, je prolonge mon arrêt car si je n’ai plus de fièvre, je suis encore fatiguée. De maladie ou de rupture du stress, je ne suis pas certaine. Je crois que ma décision est prise. Pour avancer, j’ai pris rendez-vous avec une coach emploi pour un bilan de compétences. Le coup de fil qui a clairement fait partie des clous du cercueil. Je lui parle de mon mal-être à ce poste, le fait d’être totalement submergé et que dès que je regarde les annonces pour me barrer, je n’arrive pas à postuler. Parce que je ne me sens pas à la hauteur, déjà. Parce que oui, l’opportunité de mi-mars a tourné court parce que “j’étais pas assez expérimentée en SEA”. Ah ben décidément, l’univers et moi sommes en accord là-dessus. Et puis toutes les annonces m’énervent, je n’y vois que du bullshit. Vous dites que vous êtes différents, que chez vous, c’est la bienveillance mais je n’y crois pas une seule seconde. Les promesses à l’embauche, j’en ai une belle collection. Entre les “on est une boîte bienveillante” de la part du pire patron qu’il m’ait été donné de cotôyer, les “on va te former” qui n’ont jamais été suivis des faits, c’est bon, laissez-moi. Et la coach me dit “mais c’est normal de ressentir ça, tu es arrivée au bout de ce métier”. Bon…

Fin de voie

Décision est prise

Retour au boulot la semaine suivante. Enfin, retour virtuel, je ne suis pas allée au bureau avant le jeudi. Première visio avec Benoît. Officiellement pour parler du fameux bilan annuel Ludéo qui n’a pas eu lieu car, selon Caroline, “on ne savait pas ce que tu avais prévu”. Heu bah un bilan annuel ? C’est quel mot que t’as pas compris ? Bon, le point est devenu “La semaine dernière, j’ai décidé de me barrer. Ah, toi aussi ?”. Réellement. En vrai, Benoît bosse en binôme sue certains clients avec Julie qui peut pas le sentir et se plaint de lui en permanence. Donc il a eu droit à un coup de pression de la part de Caroline auquel il a répondu “Bon, manifestement, je suis une erreur de casting, il faut peut-être prendre les décisions qui s’imposent ?” Blam. J’ai également une visio avec Agnès et Lisa (séparément), je leur dis que je veux partir. Stupéfaction. Surtout pour Agnès qui m’avait dit à plusieurs reprises de ne pas valider ma période d’essai. Bref. Je décide d’attendre tranquillement le lundi suivant pour en parler à Caroline puisqu’elle est en congés. Je suis là depuis trois mois, aucune raison qu’ils me refusent une rupture conventionnelle puisque ça va rien leur coûter. 

Rupture conventionnelle

Mon arme : les larmes

Sauf que Solène me cale un point le jeudi sur Ludéo parce que “ça n’avance pas”. Le mercredi, on a eu un call avec Benoît et elle sur le sujet, elle me pourrit car j’ai rien fait depuis notre point. Je souligne le fait que j’ai été malade mais “oui mais depuis lundi, y a eu le temps”. Très bien. Donc on a un point le jeudi en face à face, je vais rien retenir. Et me voici le jeudi à cheminer vers le bureau. Littéralement la mort dans l’âme. J’ai pas envie de la voir, j’ai pas envie de l’entendre, je la déteste. Littéralement. Et c’est l’heure. Je m’assois dans le bureau et elle commence à m’enchaîner sur ce que je dois faire, bla bla bla. Je ne dis rien. Je la fixe. Je sens que mes yeux sont en train de s’embuer et je veux qu’elle le voie mais ça lui échappe. A un moment, elle me demande si c’est ok pour moi et là, je lâche tout. En larmes, je lui réponds “je vais partir”. Et voilà, c’est dit. Malaise en Malaisie. Je ne me retiens absolument pas de pleurer parce que je veux qu’elle prenne conscience de ce qu’il se passe. Je balance que c’est ingérable, que j’ai trop de travail et que je peux pas m’en sortir. Que si je suis pas venue à sa foutue soirée, c’est parce que je bossais sur la pres. Que je veux une rupture conventionnelle.

“Ah bah, c’est pas moi qui décide…

- Bah virez-moi. Cause réelle et sérieuse.

- Non, on ne fait pas ça, non.”

Bref, elle me sort sa carte “mais là, je suis en train de négocier pour que Satan parte à Paris pour te soulager”. Ah ben ça, ça tombe bien alors. Là, j’ai hésité une demi-seconde mais non, je dois partir. Je dois me sortir de cet enfer. Elle finit la conversation par un “mais moi aussi, je suis sensible et empathique”. Ah ouais genre j’étais à deux mètres de toi, à CA de pleurer et tu n’as rien vu. Elle enchaîne sur ce que je dois faire sur Ludéo parce qu’en attendant, the show must go on. Puis me termine par “mais je n’ai jamais entendu que tu allais mal”. Ah tiens, pourquoi on est allés à Lyon, alors, si ce n’est parce que j’avais tiré la sonnette d’alarme ? Pauvre meuf, va.

Je te juge

Et je vais devenir paria

Je retourne à ma place et débrieffe un peu tout le monde. C’est acté. Je vais partir. Le soulagement est immense. Sauf que, en faisant tomber les peaux de saucisson que je m’étais mis devant les yeux, je vais découvrir que la boîte “humaine, presque une famille” est une famille bien dysfonctionnelle qui n’aime pas ceux qui décident de prendre le large. 

 

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