Parfois, j'ai besoin de légèreté. De regarder une série un peu intense mais pas trop profonde. D'où mon amour des séries coréennes ou les telenovelas. A un détail près. Il y a toujours un moment où le méchant va trop loin et fait n’importe quoi, dans la plus grande illégalité mais personne ne fait rien. Je peste “Non mais ça va aller, à un moment, c’est pas réaliste ! On ne peut pas agir impunément comme ça sans que quelqu’un n’intervienne”. Comme sur la série Accidente matée récemment. Et puis je regarde l’actu française et… oh wait.
Rebattre les cartes par caprice
Résumé des épisodes précédents : le parti macroniste s’est pris une grosse branlée aux élections européennes et notre Président s’est dit que ce serait bien sympa de déclencher une petite dissolution des familles. Le pourquoi de cette décision continue de me paraître obscure. Il était évident que son parti ne gagnerait pas. L’une des interprétations les plus partagée est celle de vouloir donner le pays au RN pour prouver que c’est un parti nul et qu'il faut plus voter pour eux. Moi, je me demande s'il ne visait pas plutôt un gouvernement de coalition avec les LR. Peu importe, la pensée complexe du Président a encore frappé. Toujours est-il qu’à la fin, le NFP a emporté le plus grand nombre de députés, devant le RN puis le parti présidentiel.
"Personne n'a gagné"
Donc on se dit : un mec a demandé à retourner aux urnes pour dire ce qu’on voulait comme politique. On lui répond et là, le mec rebat les cartes “non mais en vrai, personne n’a gagné, on va rien faire.” Pardon ? “Il y a des risques d’instabilité”. Mais la faute à qui Manu ? La faute à qui ? Bien sûr que sur le papier, ça paraît compliqué, cette histoire. On se retrouve avec trois gros blocs avec ce qu'il reste de LR et les LIOT en arbitre. Sur le papier, c'est inextricable : plus rien ne va passer car personne ne pourra avoir la majorité. Surtout que les deux premiers blocs ne seront jamais d'accord sur rien. Ah oui, le fameux refrain des extrêmes qui se rejoignent, c'est totalement oublié cette histoire… Bon, on le savait que c'était de la grosse merde, il suffit d'avoir un petit peu de culture politique. Donc oui, y a la menace se la motion de censure mais…
On ne change pas les règles du jeu
Ce ne sont pas ça, les règles du jeu. Des élections ont eu lieu, un parti a obtenu le nombre le plus élevé de députés, il doit former un gouvernement. Point. Le Président de la République doit nommer le Premier Ministre parmi le groupe majoritaire et ce même si la majorité est relative. Comme les Macronistes en 2022. Même si ok, les Macronards avaient face à eux deux blocs irréconciliables. Parce que la gauche (enfin, une certaine…) ne transigera pas avec le RN alors que la Macronie n’a aucun mal à serrer la main d’un député RN. Ce que certains avaient refusé de faire en 2012 quand c’était Marion Maréchal Le Pen, la plus jeune députée. D’ailleurs, Macron est tellement compatible avec le RN qu’il était prêt à filer les clés de Matignon à Bardella. Bardella, oui, Castets non… Vous allez bien les Macronos “ni RN ni LFI” ? Toujours solides sur vos appuis ou vous captez enfin la grosse arnaque ? A moins que l’extrême-droite vous paraisse plus fréquentable que la gauche… Dans un pays où un flic qui descend un Arabe devient millionnaire, ça fait sens, remarquez.
Oui, un gouvernement NFP serait bousculé mais...
Le gouvernement du NFP risque-t-il de prendre une motion de censure ? Oui. Est-ce que le détricotage de la réforme des retraites va passer par du 49.3 ? Sans doute. Et pas de “oui mais les gens, ils ont pas voté pour le NFP mais contre le RN” parce que ça fait quand même 7 ans de l’ultra-libéralisme d’un mec élu initialement “pour faire barrage à l’extrême-droite”. Tout ça pour lui faire la courte échelle en plus. Bien sûr que ça va être compliqué. Mais ce n’est pas au Président de la République de décider de ça en fait. Son rôle, c’est de désigner un Premier Ministre issu de la formation majoritaire. Pas majoritaire absolue, juste majoritaire. Comme il l’aurait fait avec Bardella. Et pourtant, je ne vois pas ce qui nous étonne parce qu’on l’avait senti venir un peu malgré nous. Souvenez-vous les législatives 2022 avec Mélenchon en mode “je serai le prochain Premier Ministre”. Crédible, au vu des résultats du premier tour. Tout le monde a soufflé en mode “mais jamais Macron ne nommera Mélenchon”. Sauf qu’il n’aurait pas eu le choix. A cette époque, toutes les forces de la NUPES avait accepté que ce serait Mélenchon. Mais on avait déjà cette intuition que cette grosse merde de Macron n’en ferait qu’à sa tête. Ah oui, pardon, j’ai pas de respect pour les dictateurs.
On s'en fout de la loi, on fait ce qu'on veut
Parce que oui, le mec, il a basculé en total autoritarisme. Il convoque des élections et perd ? Ah bah personne n’a gagné alors. Et le gouvernement démissionnaire depuis deux mois, vous l’avez saisie la grosse douille ? Hé oui, il peut faire ce qu’il veut. Aucune motion de censure possible puisqu’il est démissionnaire. Cool, comme ça, on va avoir un budget 2025 encore plus dégueulasse et ultra libéral. Mais bon, les bons Français seront contents, on va lutter contre la délinquance et ses feignasses qui ne veulent pas aller bosser. Et bah croisez bien les doigts, les gars. Priez pour ne pas vous retrouver au chômage parce qu’à part les gros patrons, personne n’est safe. Priez pour ne pas avoir de gamins parce que l’éducation pour tous, c’est fini. Si votre gamin est moyen, on le balancera en apprentissage dès que possible pour qu’il puisse bosser bien tôt. Tant pis s’il rêvait d’autre chose, fallait naître dans une famille plus riche. Et surtout priez pour ne pas être hospitalisés. Passer des heures sur un brancard oublié dans un couloir voire sur le parking. Parce que ça, ça vous menace bien plus que les “migrants”.
L'extrême-centre ne rendra pas le pouvoir
En attendant, c’est officiel, la France n’est plus une démocratie. On dit que quand l’extrême-droite prend le pouvoir, elle ne le rend pas. Nous, c’est l’extrême-centre. Et on le savait. Souvenez-vous, en 2018, un Macron tout puissant qui nous narguait : bah venez me chercher si vous êtes pas contents. On va organiser ça, Manu. Tu devrais ouvrir quelques livres d’histoire. Même dans les dictatures, parfois, le mec en charge finit fusillé contre un mur.
Un coup de pied au cul et dégage
Ce que je ne souhaite pas, calmez-vous. Par contre, une destitution et un bon coup de pied au cul pour le sortir de l’Elysée tel le malpropre qu’il est, là… Un finish de télénovela, quoi