Bonjour, ça va, vous ? Moi pas du tout. Alors quitte à traverser une énième crise pro, je me suis un peu penchée sur l’économie générée par le mal-être au travail. Parce que si les patrons veulent nous faire croire que le problème, c’est nous, le fait que de plus en plus de personnes investissement le champ du mal-être au travail nous prouve que non. Le problème, c’est bien le système. Petit focus.
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Soigner le burn-out
Quand on parle de mal-être au travail, forcément, on pense d’abord au burn-out. On a aussi ses cousins, le bore-out et le brown-out mais eux sont moins identifiés. Pire, pour le bore-out, je crois que l’empathie à laquelle on a droit est proche du néant. “Non mais être payée à rien faire, le rêve”. Oui, sauf que si le “rien faire”, tu le fais enchaînée à un bureau en perdant peu à peu toute énergie vitale, ma foi… Bref, je vous propose un jeu. Allez sur maps et tapez “burn-out” dans la barre de recherche. Voilà. Tous ces résultats, j’en ai pour ma part un bon paquet, c’est ce que j’appelle l’économie du mal-être au travail.

Se sortir de la crise à tout prix
Il y a de tout. Des psychologues, des coachs emploi, des sophrologues, des naturopathes, des hypnothérapeutes… Alors je vous épargnerai le discours “gna gna gna pseudo-sciences” parce que pour être actuellement au bout du rouleau, je comprends qu’à un moment, tu tentes tout ce que tu peux pour essayer de remonter la pente. Si vous voulez vous énerver sur les pseudo-thérapeutes, libre à vous et encore que… Je me pose toujours la question de la sincérité de ces personnes. Je veux dire, est-on charlatan quand on croit à sa médecine ? Surtout qu’il y a fort à parier que ces personnes ont utilisé ce biais pour elles-mêmes sortir de leur burn-out ou de leur crise existentielles.
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Le développement personnel pour nous soumettre ?
Autre exercice : rendez-vous sur le site d’une librairie généraliste. Ou d’un revendeur de culture genre Fnac ou Cultura. Tapez burn-out dans la barre de recherche et laissez la magie opérer. Des dizaines, des centaines d’ouvrages, souvent liés au développement personnel. Un peu en sociologie aussi. Tiens, il faudrait que je voie ce que ma bibliothèque a en rayon même si je me demande si lire tous ces ouvrages sociologiques peut me faire du bien. A mon avis, ça va surtout me donner envie de tout cramer. Oui mais le développement personnel et tout ça, là, c’est bien pour m’apprendre à courber l’échine et accepter un monde du travail mortifère, non ?
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On n'a pas le choix de bosser
Sauf que… avons-nous le choix ? Si toute cette économie du mal-être au travail existe, c’est bien parce que la société offre assez peu de possibilités pour mettre du pain sur la table, comme on dit. Je suis désolée mais à un moment, refuser de travailler, c’est un délire purement bourgeois. Personnellement, je pourrais. J’ai assez de côté pour m’arrêter de bosser un an. Deux si je prends en compte les aides au chômage. Bon, à 45 ans, je suis pas certaine que ce soit mon meilleur move, mais on théorise, là. Actuellement, si mon salaire ne me suffit pas à boucler le mois, c’est parce que je me suis payée des massages ou des fringues. Et je vais piocher dans mon épargne pour rééquilibrer, hop. Donc ouais, je pourrais entrer dans ce délire de “plus jamais je bosse” et devenir genre artiste qui vend des bracelets brésiliens sur les marchés pour récolter 3 francs 6 sous pendant que mon mec m’entretient. Mec qui ne sera absolument pas d’accord avec ça, certes.
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Certains doivent cumuler deux jobs pour juste survivre
Mais je suis privilégiée. Parce que j’ai un salaire correct et pas d’enfants. Chouiner qu’on ne veut plus travailler dans une société où certains sont contraints de cumuler deux jobs épuisants pour faire leurs courses au Aldi en ne pouvant offrir quelques plaisirs simples à leurs gosses, désolée mais c’est indécent. On a beau comprendre les mécanismes qui sous-tendent le monde du travail et les trouver dégueulasses, mortifères, il n’en reste pas moins que c’est ainsi que marche le capitalisme et tant qu’on ne sera pas sortis de là… On ne sera pas sortis de là non plus.
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On peut tous·tes se relever, regarde
Ce qui me fascine surtout, c’est comment cette économie du mal-être au travail génère sa propre expansion. J’en parlais sur mon blog bien-être mais pour avoir vécu plusieurs crises professionnelles, à chaque fois, je veux remercier les professionnels qui m’ont aidée. Rendre ce que j’ai reçu dans une sorte de grand flux de la gratitude. Et j’ai une tendance à me dire “mais moi aussi, je vais faire coach emploi, mais oui”. Ah bah oui, sûr qu’on a trop besoin d’une coach emploi qui n’aurait pour seule réponse que “tout cramer”. Mais on veut tous·tes apporter notre pierre à l’édifice. Témoigner, dire que demain, ça ira sans doute mieux. Qu’aujourd’hui, tu craques, tu vois tout en noir. Moi aussi, tu sais, je suis passée par là mais regarde, je me suis relevée et aujourd’hui, tu me paies pour que je te dise ça. Un peu curieux, ok…
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Notre santé mentale sacrifiée
Mais n’en reste pas moins que l’essor de cette économie, quoi qu’on en pense, est un signal fort de notre temps. En cette ère anthropocène, ceux qui ne sont pas nés du très bon côté de la barrière sont condamnés à voir leur santé mentale sacrifiée sur l’autel du profit des ultra-riches. Les seuls à tirer leur épingle du jeu, finalement, ce sont ceux qui n’ont pas d’état d’âme. Bien sûr qu’on peut s’en sortir dans cet espèce d’Hunger Games en ne craignant pas de jouer ses cartes mais face à un système qui broie, il faut limite être dépourvu d’émotions pour ne pas trembler des genoux.
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Utilisez ce qui vous fait du bien
Bref, alors que tout s’effondre, poursuivons cette course vers la fin du système où chacun essaie de survivre comme il peut. Peu important vos armes, vous avez le droit de choisir ce qui vous fait le plus de bien. Et si ce doit être médicamenteux, il n’y a aucune honte à ça. Tiens, on parlera de ça prochainement, la culpabilité de celui qui craque.