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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Fin de contrat, je suis radioactive woman

Publié le 24 Juin 2025 par Nina

Ou la pestiférée, j’hésite. Alors voilà, jeudi soir, j’éteindrai mon ordi pro pour la dernière fois. Fini mon passage chez Robert le despote, j’ai été remerciée. Via une rupture conventionnelle, hein, faudrait pas trop que j’aille aux prud’hommes pour licenciement abusif. La rupture conventionnelle, c’est une façon humainement désagréable d’en finir. Je raconterai en détail puisqu’évidemment, je vais écrire une série sur cette nouvelle expérience professionnelle désastreuse. Mais surtout, la rupture conventionnelle, c’est rester dans les effectifs pendant environ six semaines, le temps de bien voir que vous êtes devenu·e gênant·e.

Femme isolée au travail

Les gens qui ne te parlent plus

Faut dire que j’ai joué la surprise. Le lendemain de l’annonce du “bon bah tu dégages, bisous”, je suis allée chez le médecin pour me faire arrêter. Après une prolongation de l’arrêt, je décide de revenir car il est temps d’aller se bagarrer un peu. Je reviens donc un… 09 mai. Un vendredi de pont. Et c’est un peu la sidération. Personne ne s’attendait à ce que je revienne. Bref, je vais mener ma petite bataille pour récolter des sous. Et je vois qui continue à me parler et qui m’ignore désormais totalement. Un moment qui recèle toujours quelques petites mauvaises surprises.

Bug sur Teams

Très vite, on t'oublie

Grosso modo, j’ai trois cercles dans cette boîte. Mon cercle de Bordeaux : l’historique. Celui d’avant le rachat. Ensuite, il y eut le cercle parisien, celui post-rachat, composé de ma cheffe, aka la fille du patron et de l’alternant. Et enfin le cercle lyonnais, issu d’un nouveau rachat finalisé en février, composé d’une dizaine de personnes que je n’ai jamais vues IRL. Dont trois qui sont déjà parties, ahahah. Et bien à mon retour d’arrêt maladie : énorme solidarité côté Bordeaux, des messages gentils de quelques Lyonnais… Ceux que je connais depuis deux mois et que je n’ai jamais rencontrés, donc. Mon cercle parisien ? Quelques messages gênés de ma cheffe, silence total de l’alternant avec qui je m’entendais pourtant bien. Ok, fine. 

Se bouder au travail

Peur de la contamination ?

Quand une personne est donc remerciée, s’instaure donc ce côté un peu gêné. On veut pas trop être inhumain mais on a peur que son odeur sulfureuse nous contamine. Bon après, il y a aussi les gens qui prennent faits et causes pour vous. Ca, j’avoue, c’est ma spécialité. Dès que quelqu’un est malmené par sa direction, vous pouvez être sûr·e que je vais devenir sa meilleure pote. Genre Hyacinthe chez Epicea. De retour après trois mois d’arrêts maladie, une direction qui veut sa tête, plus personne ne veut lui parler. La radioactivité de la personne en délicatesse. Personne ? Bah si, moi. Pas par provocation envers la direction mais par pure empathie pour la pauvre personne qui se retrouve fragilisée et isolée. Double peine, quoi. Et après, je m’étonne d’être choisie à l’heure de la réduction des effectifs, mmm…

Eteindre la flamme, Koh Lanta

Parfois, tu es juste la personne malchanceuse

Mais voilà, à l’heure de la sentence, votre paysage amical, ou plutôt “amical” puisqu’on est en entreprise, change. Comme si vous étiez contagieux·se. Et ce quel que soit vos torts. Moi, j’ai tendance à être la mauvaise ligne excel. Une part de malchance certes mais y a aussi cette gigantesque flemme à l’heure de “bien me faire voir” qui ne m’aide absolument pas. Je ne compte pas travailler sur ce point parce que j’aimerais rester authentique. A savoir la meuf qui aime bien faire des trucs dans son coin sans devoir faire la roue pour expliquer qu’elle est géniale. C’est un point qu’a souligné mon psy, ça, “vous avez l’impression qu’être vous-même n’est pas suffisant ?”. Ah mais moi, je trouve que c’est pas mal, c’est le monde du travail qui trouve que “juste” faire son taf correctement, c’est pas suffisant, hein.

Travailler sans motivation

Le mec qui mangeait sa galette tout seul

Et justement, dans cet espèce d’instinct grégaire professionnel, tu choisis forcément le camp des winners. Même si on ne sait pas trop ce que ça veut dire. Le camp de ceux qui brillent, de ceux qui sont promus. Avant mon funeste sort, un directeur commercial avait subi la même affaire. Même process je pense vu qu’il a effectué un préavis d’un peu plus d’un mois. Je suis montée à Paris pile à ce moment-là et hop, c’est la galette des rois. Et tandis que je me faisais couronner reine alors que j’avais essayé de planquer la fève que je venais de découvrir dans ma part, il était tout seul, dans son coin, à manger sa galette. Je n’avais pas d’affinités avec ce monsieur avec qui j’avais parlé deux fois. Je le trouvais assez mou et peu volontaire. Cependant, ça reste un être humain. Il n’a tué, violé, blessé ou même volé personne dans cette histoire. Il a juste été jeté car une nouvelle ligne excel venait de popper dans l’onglet “commerciaux” et il fallait bien en éliminer une autre. Tout simplement.

Galette des rois

Je n'ai tué personne, pour rappel

Cet espèce de préavis en mode purgatoire, c’est une excellente façon de se rappeler que le monde du travail reste salement hypocrite. Les liens que l’on noue n’ont rien de solides ou d’intangibles. Naturellement, quand on quitte une boîte, le fait de ne plus voir les gens au quotidien distendent les liens, c’est naturel. Mais que les gens mettent de la distance alors que vous êtes encore là… Surtout que, rappel encore une fois, je suis la victime dans l’histoire. Même si je suis renvoyée parce que “pas à la hauteur”, ce qui est subjectif mais surtout pas un motif de licenciement. Je n’ai rien fait de mal. Mais c’est toujours utile, les piqûres de rappel. Quand on est mis au ban, à tort ou à raison, on voit vite qui choisit le camp des puissants. Décevant ? Oui. Surprenant ? Non. 

Solitude en open space

Compte à rebours lancé !

Bref, J-3 avant de couper mon ordi pro pour la dernière fois. Enfin, mon teams parce que l’ordi, je vais le garder encore un peu. Comme je suis jetée juste avant une opération juridique, j’espère qu’ils vont oublier cette histoire d’ordi. Ca me ferait un petit bonus... Franchement, ce serait mérité. 


 

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