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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Lutter contre les fake news par la répression : la grande erreur

Publié le 7 Novembre 2019 par Nina in les médias, fake news, législation

 

Je continue mon histoire médiatique, c’est vraiment un sujet qui m’inspire. Sans doute parce que je n’ai toujours pas réglé mon “addiction” aux médias, le fameux FOMO… Non parce que si j’ai raté quelques infos, j’ai quand même l’essentiel qui arrive encore jusqu’à moi, mon filtre n’est pas optimum. Et au vu du violent raz de marée raciste et les nombreuses attaques envers nos acquis sociaux, je ne suis pas sûre d’avoir encore envie de me préoccuper de la survie de l’espèce humaine, voyez. Mais aujourd’hui, on parle fake news et du fait que, selon moi, on est totalement à côté de nos pompes.

Fake news

A la base, j’aime pas beaucoup ça les fake news. Il fut même une époque où j’incendiais tous mes contacts Facebook ayant l’outrecuidance de partager un post de Santé Nutrition et ses avatars. Je veux dire, chacun croit en ce qu’il veut. Je refuse d’entendre parler d’homéopathie et je suis furieuse à chaque fois qu’on m’en propose à la pharmacie mais de façon générale, j’ai une certaine tolérance vis à vis des “pseudo médecine” comme on dit dans la mesure où l’on parle de petites choses. Je veux dire que si une personne veut se faire des cocktails d’huiles essentielles pour se sentir en forme ou use de fleurs de Bach pour calmer son anxiété, ok go. Ce n’est pas ma came mais après tout, je suis déjà allée chez l’osthéo et j’ai la sensation que les massages ayurvédiques fonctionnent particulièrement bien sur moi. Et j’ai acheté une lumière pour mon bureau histoire de me faire un peu de luminothérapie. Bref, je ne suis pas une chantre de la médecine scientifique et indiscutable mais un peu de pshit pour se prémunir des rhumes hivernaux, franchement… D’ailleurs, on me vendrait un truc qui me prémunit des rhino-pharyngites, je signe direct. Pour le moment, je me nettoie l’intérieur du nez avec du Sterimar tous les matins. Que de digressions. Bref, des trucs pour prévenir, ça ne me paraît pas trop grave mais quand je lis qu’il faut arrêter toute chimio parce que manger de l’ananas, des fruits du jacquier ou de ce que vous voulez, ça me met dans une colère noire. On ne joue pas avec la santé des gens. Alors mangez des grenades ou baies de goji tant qu’il vous plaira pour “réduire les risques de cancer”, pourquoi pas (n’en profitez pas pour fumer d’autant plus) mais lâcher une thérapie parce que l’ananas est plus efficace, je suis désolée mais c’est criminel.

Un jus maison ananas pommes

Je reste donc à dire aujourd’hui que ces sites devraient être interdits et ses responsables d’édition poursuivis en justice. Mais pour le reste ? Les médias (au sens large) complotistes ou mensongers ? Dans la mesure où ils ne contreviennent pas à loi (le racisme est un délit, par exemple), je crains toujours que les interdire va les encourager dans leur délire. Je vous renvoie à cette vidéo de (encore) Defakator sur les fameuses boules de neige en plastique. Alors évidemment, ça prête à sourire cette histoire (je n’ai toujours pas compris à qui était censé profiter le crime) mais écoutez bien ce passage. Couper le sifflet au complotisme et à une lecture particulière des faits ne fait que renforcer les concernés dans leur croyance :”ah, si on me censure, c’est bien que ce que je dis dérange, hein !”.

La manipulation des illuminatis

Mais surtout, c’est quoi une fake news ? J’ai déjà parlé de l’histoire Dupont de Ligonnès. Mais franchement, qui est le plus pourvoyeur de fake news ? Les complotistes qui génèrent au max un petit millier de vues sur Youtube ou une Nadine Morano en roue libre dans les colonnes de Valeurs Actuelles ? Ou un Blanquer qui parle de radicalisation dès la maternelle parce que les petits garçons ne veulent pas tenir la main des petites filles ? Ah mais rassure-toi Jean-Michel, mon neveu de 7 ans, qui ne sait même pas que le mot “islam” existe, t’expliquera à grand coups de grimaces et de cris que “les filles, c’est nul !”. Ou Marine Le Pen affirmant qu’une majorité d’étrangers arrivant en France n’avaient aucun diplôme. Y en a aussi à gauche mais là, je suis un peu fatiguée d’éplucher Libé Check News et y a rien qui ressort. Non pas que les politiciens de gauche disent moins de connerie, juste que j’ai l’impression qu’on leur tend moins le micro en ce moment. Bref, quand je vois la machine à mensonges que sont nos politiques sur tous les plateaux télé et colonnes de journaux… elle va servir à quoi votre loi ? Alors oui, quelques médias alternatifs vont dégager, je veux bien, mais est-ce que ça va empêcher nos politiques de dire de la merde ? Notre gouvernement compris… notre gouvernement surtout j’ai envie de dire.

Christophe Castaner et Nicole Belloubet

En vérité, la répression envers les fake news est problématique. Parce que leurs instigateurs sont souvent les politiques. Alors quoi ? On file des amendes au Monde, à Libé, au Figaro, TF1, etc. parce qu’un politique a dit de la merde sur leur plateau. Notez que ça ne me dérange pas en soi. On pourrait imaginer que les principaux fourvoyeurs de gros mythos comme Morano, Le Pen ou encore Zemmour dégagent des plateaux. Mais comme je le disais, nos chers gouvernants ne sont pas vraiment très rigoureux sur le sujet. Imaginez qu’on invite plus Blanquer, Castaner ou Buzin dans les médias… Ouais, ce serait vachement bien. Mais je ne suis pas sûre que ce soit tip top d’un point de vue de la démocratie de laisser ces gens faire leur truc dans leur coin sans les appeler de temps en temps à venir s’expliquer. Même s’ils vont nous pipeauter.

La flûte qui nous a tous fait souffrir au collège

Bref, dans l’absolu, j’ai un peu de mal à voir comment une quelconque loi peut préserver le citoyen, peu disponible pour vérifier l’info. Surtout quand elle est donnée par une personne détenant une certaine autorité sur un plateau avec plein de gens autour. S’iel disait de la merde, quelqu’un objecterait non ? Héééééé… force est de constater que non. Du coup, je ne vois qu’une solution : apprendre aux gens à vérifier les sources. Faire leurs propres recherches. Je vous parle très souvent de Defakator (je rajoute celle sur le traitement médiatique de l’incendie de Lubrizol). Il y en a d’autres genre Hygiène mentale ou Horizon Gull. Ils ne défakent pas l’actu mais donnent quelques pistes intéressantes pour repérer les vices dans les discours, il y a également la statistique expliquée à mon chat ou stupid economics. Après, je sais qu’il y a tous les chantres de la zététique mais j’ai vu plusieurs personnes expliquer qu’ils étaient problématiques et je n’ai pas eu le temps de me faire un réel avis donc ils existent mais j’ai pas super envie de les recommander. En fait, l’ultime manipulation en terme de fake news, c’est de faire croire que le citoyen est con et débordé et qu’on doit l’aider à trier le gain de l’ivraie. Le “on” étant plutôt du côté du gouvernement. Alors que donner les outils pour se faire sa propre opinion… ah ben c’est sûr que ça va être plus compliqué de leur vendre votre salade. Mais on ne pourra jamais contrôler toutes les sources d’infos donc...

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