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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Quand tu hais ton manager

Publié le 5 Novembre 2019 par Nina in le travail, le travail est une humiliation, chef toxique

 

Michel est mon cauchemar. S’il n’est là que deux jours par semaine, les mardis et mercredis, ce sont les pires jours. J’ai mal au ventre à l’idée de le voir et je ne suis pas la seule. Même si tout le monde ne subit pas au même niveau, quand il est là, la vie s’éteint. J’avais même remarqué que les jours où il était là, Aurélien et moi avions tendance à glisser l’un vers l’autre, tels deux chatons qui se serrent l’un contre l’autre pour faire front. Je n’aime pas utiliser le mot haïr, je n’aime pas l’idée que je hais quelqu’un car c’est un sentiment très fort… mais lui, je le hais. Au point que lorsqu’il se flingue la cheville en vélo et ne vient pas durant une semaine, j’en suis limite à sabrer le champagne.

Champagne pour célébrer une bonne nouvelle

Il faut dire que Michel sait me faire péter un câble. Je ne sais pas trop par quel bout prendre le truc, je vais donc raconter trois anecdotes qui me paraissent assez symptomatiques du truc. Et encore, à ce moment là de l’histoire, il a arrêté de me frapper.

Un chat en pleine bagarre souffle son adversaire

L’excel moisi

Quand il est là, je me mets en mode “casque et concentration” pour éviter toute interaction. Pas de bol pour moi, ça ne l’arrête pas. Il y a donc ce matin d’automne où il vient pour se mêler de ce que je fais, un dashboard mis en place depuis trois ans et qui souffre effectivement de quelques petites lacunes. Et qui se fait pourrir ? C’est moiiiii ! Quand je m’énerve en lui indiquant que je ne fais que remplir un doc qui existe depuis trois ans et que je n’ai pas vraiment le temps de l’améliorer, il me répond en me regardant méchamment “tu avais tout le temps, cet été.” Je m’étrangle. Cet été ? Quand j’étais sur l’avant-vente de la mort ? Quand j’apprenais à l’arrache un nouveau métier ? Quand j’essayais de comprendre ce qu’on me voulait sur un nouveau client ? Mais il n’a plus le temps de m’écouter, il se barre aussi sec en réunion. Je suis atterrée. Il est juste venu me chercher, gratos. Je suis tellement excédée qu’Aurélien me masse gentiment l’épaule et Muriel, revenue de son congé maternité depuis, me dit qu’il me parle vraiment mal et c’est intolérable. Bon au moins, c’est pas dans ma tête.

Un chat cherche la bagarre

La campagne qui ne marchait pas

Autre cas moisi. Je lance une campagne un peu à l’arrache (encore) et j’oublie de checker la campagne sur mobile. Enfin, “j’oublie”, j’avoue que je ne le fais jamais. J’ai un call avec ma cliente, justement, elle me demande de lui montrer les consoles Facebook et LinkedIn et ça dure une heure. Michel finit par s’énerver en mode “parle moins fort” puis me fait des signes en mode “bon, ça suffit là”. Et oui car j’ai commis une gaffe et il a hâte de me mettre le nez dans mon caca. Une fois raccroché, je dois me mettre à côté de lui, histoire de sentir son haleine moisie. Et il me fait tester la campagne Facebook sur mobile, ça elle ne marche pas. J’ai dépensé trente euros pour rien. Trente, oui, dix fois trois. J’ai l’impression d’avoir tué sa mère. J’ai droit à des “comment je peux te faire confiance après ça ? C’est grave quand même !”. Et il ne me lâche pas pendant 45 minutes, je dois tester en boucle pour trouver le pourquoi du comment. En fait, il s’agissait d’un problème de certificat Internet. Mais voilà, j’ai dépensé 30 euros dans le vide et “tous les gens qui ont cliqué, c’est autant de leads perdus”. Signe qu’il ne connaît absolument pas son sujet en fait car un clic ne signifie même pas une visite sur le site. Bref. Il part un peu après, Selim me fait remarquer que me reprocher de faire un call alors que ça fait partie de mon taf, ce n’est pas normal.

Un chaton joue avec un jouet souris

Je suis débile 

Là, j’ai cru claquer la porte. Toujours sur le même client, je ne sais pas pourquoi, il veut voir comment j’ai piloté la campagne sur LinkedIn. Comme il n’est pas sur Paris, je dois partager mon bureau. Je perds donc littéralement 1h15 (une.heure.quinze) à cliquer partout pour lui montrer, à me faire traiter de menteuse quand je lui explique que certaines choses ne fonctionnent pas mais surtout, à un moment “mais pourquoi tu as programmé ça comme ça. C’est complètement débile”. J’essaie de me justifier (j’ai pas osé dire que je l’avais fait à 23h), de lui rappeler pour la Xème fois que je n’avais pas programmé de campagne sur LinkedIn depuis quatre ans et que ça n’avait rien à voir, à l’époque. Excédée par son “c’est débile”, je finis par crier “bah oui, je suis débile, qu’est-ce que tu veux que je te dise ?”. 

Chat qui crache

Je le hais. Le voir me donne envie de vomir. Mais la colère m’aveugle et je ne vois pas qu’en fait, il est en train de me manipuler pour m’isoler. Mauvaise pioche, mec, mauvaise pioche. 

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