Vous savez, je suis un peu hypocondriaque. Je regardais la vidéo de John Rachid et je me reconnaissais dans pas mal de points. Alors je le suis pas à ce point-là mais je me souviens d’une fois où j’ai trouvé le cercle en bas de mes ongles drôlement blanc… des trucs comme ça. A un moment, j’envisageais d’avoir un carnet des petits bobos pour consigner mes petites douleurs et ne pas paniquer quand ça arrive à un moment où, fatiguée et fragilisée, je bade pour rien. Alors je furète un peu à droite, à gauche, pour trouver des petits conseils santé, un équilibre de vie au global. Genre manger mieux, dormir mieux. Mais inévitablement, ça part dans la médecine alternative, Big pharma et co. D’où vient cette défiance ?
Thérapies alternatives
Il y a quelques temps, j’ai voulu tenter le jeûne intermittent mais ce fut un échec. Je m’étais cependant abonnée à quelques groupes Facebook sur le sujet. Et là, je patauge en plein univers alternatif. Déjà, en temps normal, on a les jeûneurs sec, c’est à dire pas de nourriture et pas de boissons pendant plusieurs jours. Alors je suis pas médecin mais j’ai un peu notion qu’on peut vivre plusieurs jours sans manger sans soucis mais la boisson, par contre… Et là, bien sûr avec le coronavirus, c’est parti pour le “je jeûne pour guérir parce que je l’ai chopé”. Alors je sais bien que quand on est malade, manger est un peu compliqué mais affaiblir son organisme déjà à bout… COMMENT DIRE ? En fait, c’est insupportable. Dès que tu mets un orteil dans des trucs bien-être, tu te retrouves vite avec du préchi précha qui peut vite devenir dangereux. Non parce que bon, dans l’absolu, chacun fait ce qu’il veut. Je me pulvérise moi-même du sterimar tous les matins dans le nez pour prévenir une éventuelle rhinite et ce sans le moindre fondement médical. Mais j’ai conscience des limites du truc, en quelques sortes. Je ne comprends pas bien ce besoin de revenir à une médecine plus ancestrale comme si le fait que ce soit millénaire ait une quelconque preuve d'efficacité. Je veux dire, on mourrait tout autant auparavant voire même plus. Les saignées, c'était pas ouf. Je suis tout à fait convaincue que les plantes ont des bienfaits... Mais le fait que ce soit ancestral ne me paraît pas être un argument de quoi que ce soit...
La prévention ne vaut pas immunité
Un exemple plus parlant. Vers le début du confinement, un mail de recommandation a circulé à base de “pour combattre le coronavirus, buvez chaud et mettez-vous au soleil”, un truc du genre. C’était une infox mais dedans, il y avait quelques éléments de bon sens. Je veux dire, s’hydrater, c’est toujours une bonne idée. Cependant, il ne faut pas que cela crée un sentiment de superpuissance. Non, boire trois litres de thé ne vous protègera pas du coronavirus. Et c’est pas très bon pour vos reins de boire autant, soit-dit en passant. Il y a aussi un discours de fond que l’on retrouve dans tous ces mouvements d”hygiène de vie alternatif : ça guérit le cancer. Et même, mieux, ça le prévient. Alors autant je suis persuadée qu’une bonne hygiène de vie (aka “fume pas, piano sur le sucre et équilibre ton alimentation. Et va marcher, ça fait toujours du bien”) peut éviter quelques pépins de santé, autant t’éviter le cancer… Oui, ne pas fumer t’évitera le cancer du fumeur. Mais il y a aussi des cancers du poumon non liés au tabagisme. Faire attention ne donne pas une totale immunité.
Big pharma nous veut du mal...
Mais à dire vrai, on s’en fiche un peu. Je ne suis pas exempte de certaines croyances populaires sur la santé. Je vais parfois chez l’osthéo, je trouve des vertus au massage ayurvédique, je soigne ma gorge avec des grogs. Et je suis du genre à ne pas prendre de médicaments pour des douleurs supportables car “je ne veux pas que mon corps s’y habitue”. Voilà, je vous dresse un peu le tableau. Cependant, je ne vais pas non plus imaginer des complots de Big pharma ou je ne sais quoi pour me pomper mon fric au détriment de ma santé. Tout simplement parce que les calculs ne sont pas bons. Le grands reproche fait à Big Pharma, c’est de vouloir s’en foutre plein les fouilles avec des vaccins. Mmm. Alors je ne sais pas combien coûte exactement un vaccin mais il me semble que si on met dans la balance un vaccin qu’il faut faire une fois dans sa vie vs les médicaments qu’il faut pour soigner une maladie, je crois pas que Big Pharma soit particulièrement gagnant avec un seul produit. Après, je ne suis pas sans savoir qu’il y a eu, par le passé, pas mal de légèreté sur le contrôle de certains médicaments. On se souvient tous du scandale du Mediator, le distilbène … On peut légitimement être méfiants. Mais…
… De qui se méfie-t-on en réalité ? Est-ce vraiment la sphère médicamento-médicale dont on se méfie ou de toute autorité ? J’ai l’impression qu’on retrouve sur cette méfiance épidermique de “Big pharma” tout simplement la méfiance envers toute parole officielle émanant d’une autorité dite légitime. Bon, il est vrai qu’en ce moment, je peux comprendre très aisément qu’on soit dans le doute face à la parole officielle vu tout le bordel autour du coronavirus. Entre les politiques qui nous baladent (non le masque, oui le masque. Vous êtes des inconscients à sortir mais moi, je fais un bain de foule. Même pour une putain de prise de parole, ils n’arrivent pas à gérer), les affirmations sur le virus qui changent en permanence, la chloroquine qui est bien, mais non, mais oui, mais non… D’ailleurs, c’est un peu étrange, j’ai la sensation que les pro-chloroquine sont les mêmes qui refusent les vaccins parce que Big Pharma…
En vérité, je crois qu’étudier ces anti Big Pharma serait un bon biais pour saisir les contours d’une défiance totale et sans retour envers toute autorité officielle. Et ce serait un exercice bien complexe. Car ces gens ne sont pas juste “cons”, comme on aime à le penser. Comme on le pense de tous les autres, ceux qu’on voit sur BFM TV qui vont au parc alors qu’il faut se confiner. Ces gens-là font au contraire beaucoup de recherche. Ils cherchent une vérité, ils ne se contentent pas de rejeter. Dans la discussion du jeûne sur le fait de soigner le Covid par le jeûne, quand des personnes émettaient des réserves, on les renvoyaient direct vers tel ou tel livre. Ca pose la question des sources d’information, de la bulle informative dans laquelle on évolue, tous. Se méfier des labos, de Monsanto, du nucléaire, de la parole officielle… Il y a quelque chose derrière et ce serait pas mal d’arrêter de dénigrer ces personnes (même si certaines croyances me font hurler, rassurez-vous) car il y a de vrais mécaniques de fond à dépiauter. Et ça marche aussi pour la parole officielle.