Alors que non, nous sommes mardi. Mais j’ai envie de vous parler un peu de la joie du vendredi et du samedi, immédiatement suivi par le blues du dimanche soir car nous sommes à nouveau en plein : “le travail est une souffrance”, mon sujet préféré du monde. Enfin un de mes sujets préférés. Je vais entamer la rédaction de mes articles sur ma précédente boîte des enfers, même si j’avoue que je l’ai déjà oubliée tellement ces gens ne méritent pas mon attention. Mais ça nourrit toujours ce feu de “le travail, faut arrêter”. Car si trois couillons affirment que bosser 45h, c’est le bonheur, en vrai, on passe la semaine en apnée en attendant le week-end.
Une joie collective
Tous les vendredis, c’est le même rituel. Dans les messages de bonjour qu’on s’envoie dans l’équipe, un de mes collègues poste systématique cette vidéo. Un gars qui chante sa joie d’être à vendredi car c’est la veille du week-end. Même constatation dans un reportage d’Arte sur l’optimisme : les gens adorent le vendredi et le samedi. Bien plus que le dimanche, entaché par la perspective de retourner au boulot le lundi. C'est tout un sujet le blues du dimanche. Et je réalise que j'avais écrit un article il y a des années dessus et que je l'ai jamais publié. Va falloir que je le dépoussière un peu et... Bref. Encore une fois, je le répète : tout le monde déteste le travail.
Cinq jours en apnée
Je vis ma vie en apnée. Du lundi au jeudi, je me répète tel un mantra : vivement ce week-end où je vais pouvoir faire tout ce que je n’ai pas le temps de faire en semaine parce que le travail. Dormir, déjà. Mais aussi écrire. Cet article est par exemple écrit dimanche à 11h. Faire du Powerpoint art, du sport. Les courses et le ménage, un peu de cuisine. Et toujours, le dimanche soir, ce petit seum face à cette checklist du plaisir qu’on n’a pas réussi à terminer. Parce qu’un week-end, ce n’est que 48h et qu’on ne peut pas tout faire en même temps. Systématique ? Oui même si j’ai appris à lâcher du lest depuis tant d’années. Les jours de la semaine, on fait mentalement le compte à rebours. Mercredi midi, c’est la bascule, comme disait une ancienne collègue. Plus que deux jours et demi. Deux jours. Et puis Dieu merci, c’est vendredi. Vendredi qui est paradoxalement le jour le plus tendax de la semaine car on a du mal à s’y mettre et la marge de manoeuvre pour abattre le boulot restant est de plus en plus ténue.
La perspective qui sauve
Ce saute-mouton de week-end en week-end, c’est souvent ce qui m’a fait tenir en période difficile. Même si, comme dirait mon mec, ce n’est pas une vie. Passer sa semaine à attendre le week-end et les vacances, ça fait quand même quatre jours trois-quarts pas terribles. Je ne peux pas toujours capitaliser sur mes soirées pour sauver l’ensemble tant je peux être fatiguée. J’avale les semaines avec relative satisfaction. Le prochain récit de mes mésaventures professionnelles s’appellera précisément “juste une question de semaines”. Car chaque semaine terminée signifiait que je me rapprochais de mon départ. Là, chaque semaine avalée me rapproche de deux échéances : la fin de ma période d’essai et le printemps. Et aussi une meilleure maîtrise de mon nouveau métier que j’apprends sur le tas. Dans la relative douleur.
Plus personne ne veut la semaine des 5 jours, laissez-nous
Dieu merci, c’est vendredi. Thanks god it’s friday dans sa version originale, transformé en acronyme tgif, hashtag utilisé 39,5 millions de fois sur Instagram. J’écris ici très régulièrement mon spleen vis-à-vis du travail, sphère souvent humiliante, autoritaire et bien couillonne. Seulement, je suis loin d’être une exception. Et c’est alors que je me pose une question : pourquoi tant d’opposition à la semaine de 4 jours. Je sais que pour certaines personnes, le travail est souvent la seule source de sociabilisation. Dans mon entreprise de 2019, ils avaient commencé à mettre le télétravail en place. Un jour par semaine. Le seul collègue à ne pas l’avoir pris était celui qui avait pour seul réseau social les collègues et anciens collègues. Mais en dehors de ces gens-là, qui s’oppose ? Pourquoi ce besoin de se tuer, certes symboliquement, à la tâche pour si peu de reconnaissance ? Et pour la plupart d’entre nous, pour une totale inutilité ? Passe à la semaine des 4 jours et revalorise certains salaires et je peux te garantir qu’on va bien avancer sur le dossier du chômage. Et ne me faites pas des “han et avec quel argent ?”. Quand on supprime l’ISF et qu’on fait des cadeaux colossaux aux entreprises via les crédits impôts recherche ou pour compenser un chômage partiel qui n’a même pas existé, comment dire… Le pognon, il y en a et pas qu’un peu. Suffit de choisir ce que l’on veut en faire.
Mon rêve de la semaine des 4 jours
Imaginez, la semaine de quatre jours, tout ce qu’on pourrait faire. Dormir, certes, mais aussi prendre le temps de se cultiver, de devenir des citoyens plus conscients et éclairés et… ah, c’est peut-être pour ça qu’ils ne veulent pas de la semaine de quatre jours, finalement. Mais moi, je ne désespère pas. Avant la retraite, je dirai “Dieu merci, c’est jeudi !”.