Novembre. Ca fait un mois et demi que je suis dans cette boîte et je déteste la direction, je déteste les locaux. Je dois tenir pour Bordeaux, c’est mon mantra. Et surtout, je me méfie de Claire qui sort des trucs très bizarres sur le départ de Florent. Et vraiment, concernant Claire, mon coeur balance : je lui fais pas confiance et en même temps, elle a tellement tout pour devenir ma meilleure amie du travail. Bref : je me sens écartelée entre tout, tiraillée par la colère. Et Gamblois n’a même pas la politesse de choper le Covid. Je les déteste tous.
Florent va partir
Revenons donc à Florent. Lors d’une réunion d’équipe, on sort quelques banalités, je pédale pour justifier mon poste fictif. Puis soudain, Claire fait “bon, Florent, tu as quelque chose à annoncer à l’équipe”. Et Florent nous annonce donc son départ, à la non-surprise générale. L’équipe est à moitié présente mais clairement, dans les personnes présentes, personne ne moufte, pas un écarquillement d’oeil, rien. Ils savaient tous. Claire reprend la parole et annonce “oui, voilà, c’est ta décision. Du coup, Nina reprendra tes sujets”. Claire me retient en fin de réunion pour avoir mon ressenti sur l’état d’esprit de l’équipe, je lui dis que tout le monde savait mais je m’étends pas. Je suis choquée par son “c’est ta décision”. Di qué ?
Elle aurait pu être ma meilleure amie
Autre anecdote. Claire m’appelle sur Teams un jour de télétravail. Je lui dis que je viens de faire un point avec je ne sais plus qui et elle me répond qu’elle sait car “elle est l’oeil de Moscou”. Là, je bugue. Bon, c’était une blague, elle savait car mon appel précédent était avec une personne présente dans l’open space et elle avait entendu. Ce qui me trouble, c’est l’expression “l’oeil de Moscou” parce que… je la dis en permanence. C’est une expression que je dis beaucoup et, mince, voilà qu’elle l’utilise à son tour. Je me souviens parfaitement avoir raccroché après cet appel un peu dépitée en expliquant à mon copain “c’est con. Dans un autre contexte, cette fille aurait été ma meilleure amie”. Car oui, l’affinité qui s’était créée lors des premiers entretiens était réelle. Mais comment lui faire confiance alors qu’elle n’arrête pas de dire que c’est Florent qui a démissionné. Elle me l’a même dit dans une conversation en one to one. Elle est folle ou…
Un quiproquo d'une dure de la feuille
Je suis sourde. Je le répète régulièrement mais j’ai vraiment une mauvaise audition. Déjà, je comprends pas quand on me parle à voix basse. Moi-même, je ne sais pas parler à voix basse car comme je m’entends pas, chuchoter me fatigue énormément. Ca me demande beaucoup de concentration. Pour rappel, l’action se passe fin 2020 donc en prime, on a tous le visage masqué. Un jour, Marion m’a fait des confidences sur Florent mais j’ai rien capté. J’ai dit oui oui par politesse et j’ai donc manqué une grosse marche. Florent a bel et bien démissionné. Enfin, demandé une rupture conventionnelle très facilement obtenue, donc. Il a dû sentir le vent tourner quand on a annoncé mon arrivée… Et même avant. Fin 2019, le site a connu une période difficile et Gamblois a décrété que c’était la faute de Florent et l’ancienne directrice e-commerce. Elle a sauté direct, Florent était en sursis. Et vu qu’il était à nouveau en poste quelques temps plus tard, je soupçonne qu’il ait demandé une rupture co avec un autre CDI déjà en poche. Bien joué, Florent ! J’espère que tu les as bien saignés ces connards. Et je reste persuadée que l’avis bien vénère qui traîne sur Indeed sur Epicea, c’est lui qui l’a écrit.
Je repasse team Claire
A partir de là, je vois Claire différemment surtout que je la sens de plus en plus mal. Je m’en veux un peu car je n’ai pas été des plus sympas, demandant en réunion si on avait des nouvelles “de l’arrivée de la directrice e-commerce”. Car oui, va y avoir une nouvelle cheffe dans la place, embauche qui ressemble carrément à un coup de poignard dans le dos pour Claire qui occupait ce poste depuis le licenciement de la précédente. Sauf que ça n’avait jamais été formalisé. Et ça va aller de mal en pis pour elle. Mais comprenant mieux l’horreur de cette boîte, je vais me replacer à ses côtés. Au moins, elle n’affrontera pas la tempête seule. Même si ça s’annonce effroyable pour elle. Vraiment, dans cette histoire, je suis pas la plus à plaindre.