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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Les opposants, ils sont réfractaires au changement !

Publié le 7 Avril 2023 par Nina in Réforme des retraites, Opposition, Désir de changement

Ceci est faux. Ceci est même la chose la plus stupide que j’ai pu lire au sujet de la contestation sur la réforme des retraites. Et comme cette rhétorique m’insupporte au plus haut point, je sors mon clavier de machine à écrire pour taper fort dessus. Parce que contrairement aux éditorialistes en carton qui se branlent la nouille dans leur bureau avec une belle hauteur de plafond et des moulures, je m’intéresse à ce que disent les gens. J’ai même défilé avec eux à l’occase. Ces gens là veulent du changement, ils ne demandent même que ça. Mais le changement qu’ils veulent, c’est sûr que toi, petit éditorialiste en carton, elle va pas te plaire.

La totale provoc du gouvernement

Bon, je ne vais pas revenir sur cette réforme de retraite. Si à un moment, vous n’avez pas pris le temps de vous renseigner un minimum dessus, c’est pas en me lisant que vous allez le faire. D’ailleurs, si le sujet vous saoule parce que parler de deux ans de vie, surtout des plus précaires, ça vous fatigue, vous avez déjà quitté cet article. C’est un peu rigolo les gens qui trouvent pénible un discours de deux minutes sur le sujet mais travailler deux ans de plus, où est la pénibilité, hein ? Je vous jure, des fois, je rêve que tous les pro-réforme soient réquisitionnés pour ramasser les poubelles qui les dérangent tant. Bref, que ce soit ce mouvement ou celui des gilets jaunes avant, il y a des propos qui en émergent. C’est pas juste du “on déteste Macron et on veut pas de ses projets de merde”. Il y a une colère, c’est indéniable et elle est absolument légitime. Déso, pas déso. Je vais pas revenir sur le déluge des astuces constitutionnelles pour évacuer le débat, vous l’avez déjà. Macron dans sa Tour d’Ivoire qui nous dit qu’on n’en reparlera plus, que c’est comme ça. Borne qui nous gazlighte H24 en nous disant qu’elle n’a fait que des compromis alors ça va, hein. Des compromis mais avec qui ? En refusant de discuter avec les syndicats ? En muselant les débats ? Non mais vraiment, on dirait que cette séquence politique a été écrite par un quelqu’un qui aurait lu le petit manuel du pervers narcissique et aurait affublé notre gouvernement et notre président de tout cet arsenal de manipulation. Donc clairement, il y a un énorme non.

Macron non, c'est non

Dire non, ce n'est pas refuser le changement

Cependant dire non à cette réforme mal branlée, profondément injuste et inégalitaire, ce n’est pas refuser le changement. C’est refuser que ceux qui sont déjà en train de se débattre comme il peuvent ne mangent pas plus. Non mais en même temps, on a un pouvoir qui nous exhorte à encore faire un effort tout en continuant à gratter toutes les cotisations patronales et tout un délire d’antivol sur la viande au supermarché. Je suis persuadée que ça leur coûte plus cher de tout cadenasser que de perdre quelques produits mais que voulez-vous, dans ce pays, on haït les pauvres. Alors que les pauvres, actuellement, ce ne sont pas des “marginaux qui ne veulent pas bosser”. Même des gens en poste avec un CDI ne s’en sortent plus. Ah oui et comme si on n’était pas assez énervés, Total vient encore mettre de l’huile sur le feu. Logique venant d’eux, vous me direz. On se retrouve avec une part de la population de plus en plus importante prise à la gorge, des entreprises qui se gavent de façon honteuse, un gouvernement globalement millionnaire et on nous demande encore de faire un effort. Mais à ce niveau, pardon mais c’est miraculeux qu’il n’y ait que les poubelles qui crament.

Feu de poubelle

D'autres voies, il y en a pléthore

Mais au-delà de la colère, il y a des idées. Un truc qui m’a toujours fortement intéressée à gauche, c’est l’échange d’idées. La volonté d’apprendre et d’enseigner. Vous vous souvenez de Nuits Debout ? Un mouvement contestataire totalement pacifiste qui a eu droit à ses petits coups de pression de la part de la police à coups de flashballs. Ah oui, si vous pensez que la violence policière, c’est la nouveauté 2023 ? J’envie votre naïveté et votre innocence, quelque part. Pendant près de deux mois, un village contestataire va s’installer à République et tous les jours, des échanges, des assemblées, des débats thématiques. La présence de certains grands sociologues comme Lordon ou Graeber. Des revendications réfléchies, construites. Alors j’entends déjà les cyniques de droite ricaner en mode “ouais, vous êtes mignons avec votre village en carton utopique mais laissez les adultes faire leur taf”. Ah de la part de quelqu’un qui n’a aucune culture politique, économique et surtout sociologique, c’est légitime comme remarque. Vous avez maté deux minutes les débats sur la réforme des retraites ? Vous ne pouvez pas en toute bonne foi estimer que les défenseurs de cette loi maîtrisent moitié aussi bien le sujet global des retraites que ceux qui y sont opposés. Surtout avec des députés macronards qui répètent bêtement leurs éléments de la langage et perdent totalement pied dès qu’on les contredit...

Personne n'a craqué

 

Le changement, ça se documente

Parce que le changement, ça se pense. Lire Bullshit jobs de David Graeber, c’est pas juste se rassurer sur le fait qu’il y a des boulots plus pourris que le nôtre. Lire Les utopies réalistes de Rutger Bregman, c’est pas pour avoir de la matière à imaginer des systèmes pour des romans. Un jour, une Twitcheuse a dit “je refuse de débattre du féminisme car mes contradicteurs n’ont pas mon niveau”. Prétentieux ? Non, elle s’en explique : elle a lu des dizaines et des dizaines d’ouvrages sur le sujet, écouté des conférences. Et même sans doute écrit des articles, animé des débats sur le sujet. Alors oui, Jean-Mi “alors, moi, perso, je trouve que le sexisme n’existe plus parce qu’à la maison, c’est moi qui fais la cuisine”, franchement, t’es hors sujet. Et vraiment, dans toute cette séquence politique, je vois d’un côté des gens qui ont réfléchi, qui se sont documenté… ou qui n’ont ne serait-ce que lu le projet de loi et qui le refusent pour des raisons argumentées. Et qui ont en parallèle d’autres propositions. Car c’est ça, la vérité. Ca fait des années qu’on nous serine que la politique française emprunte la voie du Thatchérisme et bordel, ce fut une catastrophe. Le taux de pauvreté au Royaume-Uni est proprement hallucinant. Les Français expat retournent en France se faire soigner… et c’est pas dit que ça continue au vu de l’état de notre propre système de santé. Mais le Thatchérisme et son avatar américain le Reaganisme ont créé une pauvreté galopante dans leurs pays respectifs. On le sait, ça a été étudié, sur analysé. Et on vient nous vendre la soupe en France parce que “l’heure est grave”. Mais on le sait que l’heure est grave. Mais elle n’est pas grave pour François-Marie capitaine d’industrie, en fait. Elle est grave pour ceux qui sautent un repas sur deux parce que malgré leur salaire, ils ne peuvent plus se payer un repas. En 2023, en France. Des petits commerce sont contraints de fermer parce qu’ils ne peuvent plus faire face aux factures mais eux, on s’en fout. Ils n’aident pas à la réélection. Z’avaient qu’à choper un petit crédit impôt recherche. L’heure grave, elle est là. Et je vais même pas parler du climat parce qu’à un moment, je ne suis pas sûre que la question soit d’avoir sa retraite à 64 ans mais d’être encore vivant à cet âge-là. 

Retraite à 64 ans

On veut tout changer !

En vérité, la plupart des manifestants contre la réforme des retraites sont pour le changement. Un changement radical où l’on arrête de se comporter comme une meute animale qui laisse les plus faibles se faire boulotter. Par contre, vous savez qui est réfractaire au changement ? La plupart des électeurs du centre et de la Macronie. Vous savez, ceux qui n’y connaissent rien en politique, n’ont pas envie de s’y intéresser mais votent “parce que c’est important”. Surtout pour la présidentielle. Ceux qui pensent que juste lire un programme une fois tous les quatre ans, ça suffit pour faire un choix éclairé. Ceux qui pensent que Macron était le choix de la sécurité. Parce que si la gauche passe, quelle révolution, rololo. Mais… attends, deux secondes. Je croyais que ceux qui manifestent sont réfractaires au changement mais en même temps, s’ils sont élus, ils vont tout remettre à plat ? Enfin, sur le papier parce que dans la réalité, à part le tout début du premier quinquennat Mitterrand… Ah, oui, ce sont les gauchos de Shrödinger, quoi. Ou alors encore et toujours des hommes de paille de ceux qui n’ont pas suivi le mouvement, n’ont pas ouvert un seul livre d’économie ou de sociologie qui pense un modèle social à gauche. Ceux qui susurrent à l’oreille de ceux qui ne savent rien "voter, c’est important”. Ah oui…

Vote

 

Sauf que là, votre rhétorique, elle commence à pas mal hoqueter. Heureusement, vous avez pu embrayer sur les dangereux terroristes écolos. Bouffons. Au sens littéral du terme, j’ai presque envie de dire.

 

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