Respecter les gens, c’est important. On éduque les gens sur la notion de consentement en terme de sexe et effectivement, c’est crucial. Pas encore bien intégré par tout le monde mais crucial. Mais élargissons un peu le scope pour parler consentement en général car pour le coup, un “non”, même clairement exprimé, n’est pas toujours entendu. Et ça fatigue vite.
J'ai le droit de pas avoir envie de débattre
Niveau 1 : les “débats”. Généralement en ligne mais pas que. J’ai déjà parlé de cet espèce d’obligation de débat dès que quelqu’un nous interpelle. Alors que le débat, je n’en vois pas l’intérêt neuf fois sur dix. Déjà parce que la volonté de débat n’est pas sincère. La personne qui te convoque au débat ne veut pas échanger des arguments, il veut t’écraser, te ridiculiser alors que… Bah un mensonge ou une contre-vérité basée sur la répétition de ce que l’on a entendu, c’est pas un argument. Ayant relativement peu de temps libre, je n’ai aucune envie de débattre avec quelqu’un qui n’est pas prêt à remettre ses propos en cause. Surtout quand il n’a pas aucun bagage culturel.
Tu me mets à la porte, je rentre par la fenêtre
Exemple : une personne déboule ici et me sort un commentaire beaucoup trop long truffé de conneries. Genre : la gauche, elle veut encourager les feignasses à rester à ne rien faire. Ah, c’est rigolo parce que je maîtrise plutôt pas mal le programme de la gauche, au sens large du terme, et je n’ai jamais vu une proposition pour donner tout l’argent à ceux qui ne veulent pas travailler. Appeler à plus de solidarité, de meilleure redistribution de recherche ou même parler de revenu universel, ce n’est pas “privilégier les feignasses”. Alors que les feignasses, ce sont surtout les rentiers qui n'en branlent pas une tout en ramassant en un mois ce que certains gagnent en un an en se levant à 3h du mat. Bref, j’ai essayé de cultiver le monsieur en lui envoyant des liens, en lui suggérant de lire L’avenir en commun pour me trouver le passage précis sur les feignasses. Mais il avait l'air plus intéressé par l'idée de raconter n'importe quoi. Du coup, j’ai signalé à plusieurs reprises que je ne souhaitais pas poursuivre la conversation vu qu’on ne joue pas aux échecs avec un pigeon. Vous croyez qu’il est parti ? Non, il est revenu avec un pseudo féminin. Dire “non, je ne veux pas”, ce n’est manifestement pas compréhensible pour tous.
Piano sur la pression sociale
Bon, là, on est dans un cadre négatif mais le consentement, ça marche aussi dans le cadre de la convivialité ou des bonnes intentions. On touche du doigt la pression sociale. Comme celle de boire de l’alcool ou de rester “jusqu’au bout”. Sur ce dernier point, il n’y a aucune mauvaise intention, j’en ai conscience. Mais moi, j’approche du mitan de ma quarantaine. Et j’ai dépassé celui de ma vie si je m’en réfère à l’espérance de vie de mon sexe… ou de mon genre ? Je veux dire, l’espérance de vie est-elle liée à la biologie ou aux (mauvaises) habitudes que l’on acquiert en fonction de notre genre assigné ? Super débat mais c’est pas le sujet. L’alcool, donc. Faire la fête. J’ai rarement fait des soirées où, au moment où j’annonce mon départ, je n’ai pas droit à des “roh mais non, reste !”. Je dis ça à la première personne du singulier mais est-ce que tout le monde ne vit pas ça ? C’est limite une convention sociale, j’ai l’impression. C’est la réponse attendue à “je m’en vais”. Je me demande même si on ne le dit pas aussi aux personnes qu’on a vraiment envie de voir partir. Autant, le premier, je le comprends et je l’accepte, autant ça peut vite devenir très lourd. Les personnes qui te repoussent à l’intérieur ou t’éloignent de la porte, te retiennent en passant un bras autour de toi, te piquent des affaires, ré-enlèvent ton manteau…
Si tu bois pas, t'es pas drôle
Et l’alcool, c’est encore pire. Il FAUT boire. Sinon quoi ? Les loups-garous me mangeront en premier parce que j’ai pas le goût de l’ethanol ? L’alcool, j’en parle d’autant plus douloureusement que j’ai fait partie des gens qui avaient beaucoup trop de légèreté par rapport à ça. “Mais allez, c’est la fête, faut boire”. Spoiler : non. Peu importe les raisons qu’a la personne de ne pas boire, si une personne dit non, c’est non, y a pas à débattre. Ca marche avec la drogue, aussi. Je me souviens d’une époque où pour éviter qu’on me saoule avec ça, je me justifiais “je prends pas ça parce que j’ai les capillaires fragiles, je saigne du nez dès que je prends un moyen-courrier, alors bon…”. Ce qui est vrai, au demeurant. Mais je ne devrais pas avoir à me justifier. Et pour ceux qui pensent que ceux qui ne boivent pas ou ne se droguent pas ne sont pas fun, vous avez tort. Le problème, c’est souvent que vous avez conscience que votre consommation est problématique et constater que vos débordements ne sont pas normalisés vous angoisse. Perso, j’ai réalisé que j’ai plus de fun en ayant une conversation cohérente avec quelqu’un d’intéressant dans une ambiance joyeuse qu’à vomir aux petites heures de la nuit.
Ne jouez pas les bon samaritains sans vous assurer que c'est ok
Dernier point de cet article sur le consentement, le cas le plus délicat car il part vraiment d’une bonne intention. A savoir : imposer son aide. Quoi, aider quelqu’un, c’est mal ? Potentiellement. Niveau 1, cité par les personnes en fauteuil roulant : les gentilles personnes qui saisissent les poignées du fauteuil pour pousser la personne dedans. Il me semble avoir vu une remarque similaire sur les non-voyants que l’on prendrait par le bras pour les amener quelque part. Façon Amélie Poulain. Imaginez que vous êtes dans un environnement où vous ne pouvez pas tout maîtriser, où vous n’avez pas une vision claire de ce milieu et soudain, quelqu’un vous déplace sans rien vous demander. Niveau deux, les proches. Là, c’est vraiment compliqué à admettre mais quand quelqu’un vous dit ne pas vouloir de votre aide, il faut apprendre à ne pas l’imposer. Même si vous pensez que c’est pour son bien. Même si vous avez raison de penser ça, d’ailleurs. Mais à insister alors que la personne vous dit non, ça va juste la braquer et elle n’a peut-être pas forcément de l’énergie à consacrer à ça.
Dealer avec le non
Alors on laisse tomber ? Non. Proposez votre aide. La personne vous dit non ? Selon le degré d’intimité avec elle, acceptez en signalant que la porte est ouverte.” Vous pouvez proposer votre aide un peu régulièrement, sans que ça vire au harcèlement non plus. Parce que respecter le consentement des autres, quel que soit le sujet, c’est aussi ne pas insister comme des dingues.