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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

C’est à toi de faire des efforts pour t’épanouir dans ton travail

Publié le 22 Octobre 2024 par Nina in Développement personnel, Les croyances en entreprise, Méditation vs burn-out

Je devrais dire entreprise, plutôt. Car finalement, j’arrête pas de dire que le travail est ce qui me pourrit la vie mais ce n’est pas le travail, le problème. C’est l’entreprise. Tiens, idée d’article. C’est toujours la même histoire : l’Autre peut avoir une capacité de nuisance phénoménale. Que ce soit un manager ou un client dans le cas du freelanciat, d’ailleurs. Ou des clients quand tu bosses en agence. Mais là, aujourd’hui, je vais me concentrer sur l’entreprise car depuis quelques années, on observe un contre-kems toxique de fou : le bien-être au travail. De l’happiness manager au RSE, comment on essaie de te faire croire que le problème, c’est ton incapacité à prendre les choses avec philosophie.

Zen au bureau

Un univers forcément toxique

Pendant des années, j’ai couru après diverses activités de développement personnel, pensant que mon salut était dans la sueur ou l’atteinte d’un niveau de conscience autre. Il faut dire que niveau environnement de travail toxique, j’ai eu mon lot. Et ça continue. Suis-je malchanceuse ? Peut-être. Ou alors peut-on admettre que le monde du travail, ou plutôt de l’entreprise, induit des comportements toxiques. Je plaisante souvent sur “l’échelle de la responsabilité”. En gros, une connerie a été faite et tout le monde cherche à se percher pour ne pas être celui sur qui va peser la responsabilité. En général, ça dégringole jusqu'à un exé. Bah oui, plus tu montes dans la hiérarchie, moins les gens font concrètement quelque chose. Alors je ne dis pas que les exés ne font jamais de conneries de leur propre chef. On est Humains, hein. Mais il est curieux de constater que ces exés ont l’ait de travailler sans que personne ne vérifie ce qu’ils sont en train de faire. Ou qu’un projet irréalisable a été vendu. Des objectifs inatteignables validés. Je veux dire c’est quel genre de torture de demander à quelqu’un de marcher sur l’eau pendant 1 km et de le virer du bateau parce qu’il est nul de ne pas y être arrivé ?

on te jette du bateau

Chacun essaie de gérer son stress en le jetant sur les autres

Je parle des exés mais l’entreprise a tout d’un Game of thrones. Même les petites structures, c’est fou. Personne n’est à l’abri du courroux du chef. Alors on vit tous dans cette tension permanente. Là, par exemple, Robert, mon PDG, il te rencontre et direct, il décide s'il t'aime ou pas. Et s'il t'aime pas, tu te retrouves sur sa liste. Je le cite, il me l'a dit droit dans les yeux. Parce que, oui, Robert est haut dans le classement des PDG les plus incapables que j’ai pu rencontrer, en 2e place ex aequo avec le père Gamblois je pense. Mais derrière Rémi de Pubilon, aka “mon père m’a acheté une boite mais je n’ai aucune idée de ce que je fais.” Quand je dis que les fils et fille de nous pourrissent le mental. Mais Robert n’est qu’un cas parmi tant d’autres. Chez Vinyl, par exemple, le problème n’était pas l’individu au sommet de la pyramide mais l’excel financier. Il y a des actionnaires, faut leur donner de l’argent. Ciao les petites lignes excel qui rapportent zéro. Le mec au sommet de la pyramide, il n’est pas Dieu tout puissant, il y a les actionnaires au-dessus de lui. Bref, la plupart des salariés barbotent dans une marmite de stress et chacun essaie d’en déverser un peu à droite à gauche pour ne pas finir cuit. J’ai eu pas mal de mauvais managers mais je pense qu’assez peu avaient un mauvais fond. Vanessa, oui. Michel, pour le coup, je ne pense pas qu’il était méchant. Juste un manque total d’empathie.

Entreprise toxique

Chacun cherche sa planque

Face à cette course de la planque où on ne risque pas de se faire couper la tête, du moins dans l’immédiat, c’est un peu le désarroi. Les directeurices et autres RH aiment à pleurer sur le manque d’engagement de la génération Z mais c’est surtout qu’ils savent que ce sont dans les premières années qu'on a le plus d'opportunités pour bouger pour trouver un chouette nid. Et ceux qui sont dans le circuit depuis pas mal de temps savent que chaque année, des portes d’évasion se ferment parce qu’on vieillit ma bonne dame. Ce n’est pas que les boomers soient plus dociles, c’est surtout qu’ils n’ont pas le choix. Bref, les forces vives se taillent et, en plus, osent témoigner de l’enfer qu’iel ont vécu sur des comptes de “délation”. Les gens ne connaissent pas la définition de délation parce que pour le coup, si des têtes sont tombées suite à la sortie de pas mal d’histoires, c’est pas juste parce que le mis en cause ne plaisait plus aux décideurs. Ca peut : la vitesse d’éjection est proportionnelle au soulagement des N++ de se débarrasser d’un boulet. Y a qu’à voir les différences de traitement des accusations de violences sexuelles. Pour un Pierre Menez ou un Cauet rapidement mis à pied, un Vincent Cerruti continue tranquille sa carrière. Il doit y avoir une explication physique genre “les mecs beaux n’ont pas besoin de violer”, ce qui est faux, mais passons. Le monde du travail, c’est la guerre. La guerre des nerfs à minima. 

La bagarre au bureau

Les départs massifs, le cauchemar des RH

Sauf que selon où tu vis, tu as la possibilité de quitter le champ de guerre pour un autre… Enfin, tu espères surtout quitter ton champ de guerre pour un pré mais on ne sait jamais. Et le turn-over, ça coûte cher. Les patrons ont beau faire genre que nous sommes tous interchangeables et nuls, chaque départ, c’est toujours un peu le bordel. Genre là, en ce moment, c’est le bordel car sur une des agences rachetées, tout le monde s’est barré et on a mis un temps fou à récupérer les codes de différents comptes Ads, Analytics… Parce que les départs se font souvent avec pertes et fracas car Robert. A chaque départ, même si le salarié partant est le plus clean possible, tu as forcément un truc oublié, un vieil outil que plus personne n’utilisait qui revient sur le tapis un jour. Et plus personne n’a les accès. Un départ, c’est une personne qui lève le pied, une équipe démotivée, une nouvelle personne qu’il va falloir embarquer. Et évidemment,, un turn-over élevé envoie un signe catastrophique à l’extérieur. Perso, j’étais intéressée par certaines boites mais en voyant des annonces de recrutement revenir tous les trois à six mois, j’ai renoncé à l’idée de les rejoindre un jour. Ca pue.

la grande fuite

Noyer le mal-être dans le café gratuit

Donc pour palier tout ce mal-être, on essaie de coller des rustines. Instaurer une ambiance conviviale à base de babyfoot, tables de ping-pong ou même bornes d’arcade. J’avais tout ça chez Vinyl avec une super salle de pause et tout. Sauf que je ne joue à rien de tout ça. Les paniers de fruits frais, le café gratuit ? Ca me parle plus mais le burn-out ne se combat pas à coup de caféine ou de vitamines. Alors on commence à embaucher des happiness officers, organiser des cours de méditation, de yoga… Pour nous apprendre à gérer notre stress. Alors autant je peux être effectivement mon propre facteur de stress, autant le stress en entreprise, souvent, c’était pas la méditation la solution. Mais dégager deux ou trois personnes toxiques. Je veux dire, si on regarde mon premier passage chez Vinyl, il y a clairement eu un avant et un après Michel le Toxique. 

picorer des cerises

Le yoga pour gérer son stress, why not...

Sauf que tout ce discours sur le mal-être au travail qu’il faut combattre à coup de méditation a un effet kiss kool pas cool du tout. Ca revient à dire que c’est à toi de trouver les solutions. Si la méditation ou les exercices respiratoires vous font du bien, en soi, faites-vous plaisir; J’aime bien le yoga, par exemple. Mais l’entreprise ne doit pas proposer ça en guise de solution à un mal-être qui est souvent lié à un problème intrinsèque à l’entreprise. Je veux dire, on est dans la manipulation de base. Je t’exploite tant que je peux, je souffle le chaud et le froid et je te reproche en plus de ne pas savoir dealer avec ça. Un mec se comporterait comme ça avec moi, je le larguerais direct. Mais on ne quitte pas son entreprise aussi facilement que ça

Quitter son entreprise, la grande joie

Adopter les croyances des N++

Autre point intéressant, souligné dans le podcast croisé de Méta de choc et Panser l'entreprise. Le développement personnel est un nid à pseudo sciences. Les bienfaits de la méditation restent à prouver, elle peut même s’avérer dangereuse. Et encore, la méditation, ce n’est pas trop grave. Mais quand on encourage les salariés à faire mille tests de personnalités qui n’ont aucun fondement scientifique, qu’on les encourage à s’adonner à telle ou telle pratique… Remplacez “méditer” par “prier” et vous allez capter de suite. Non seulement on vous demande de trouver des solutions par vous-mêmes, puiser au fond de vous les ressources pour supporter ce qui peut se révéler insupportable. Mais en plus, on vous propose, voire impose, des solutions qui tiennent de la pure croyance. Mettre en place des séances de méditation collective, c’est ni plus ni moins que de proposer de prier Jésus tous ensemble. C’est délirant. Je vous conseille d’aller lire les commentaires sous le podcast, il y a de ces témoignages…

le développement au travail, un redflag

Méditer n'est pas éliminer les agents toxiques

Résumons. Que vous sentiez l’envie ou le besoin de faire du yoga, de la méditation ou des tests de personnalité en ligne parce que ça vous apporte quelque chose d’un point de vue individuel, ça ne pose aucun souci. Méditez, priez Jésus ou écrivez des insultes sur votre boss dans votre journal intime, c’est ok. Il est possible que je m’adonne de temps en temps au troisième. Ca et me foutre de la gueule de Robert en bonne compagnie. Par contre, si l’entreprise vient vous encourager à ces pratiques pour vous apporter du bien-être, méfiez-vous. L’entreprise doit s’assurer que l’ambiance de travail est correcte et elle doit le faire en repérant et éliminant les agents toxiques. Pas en se réfugiant derrière deux exercices de respiration ventrale. 

 

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