J’en avais déjà parlé dans l’univers du travail mais je vais revenir dessus car répéter, c’est convaincre. Récemment, des vidéos sont sorties sur Arthur qui tripote, renifle et met très mal à l’aise les jolies candidates de l’émission A prendre ou à laisser. Je vous renvoie à la vidéo du Fou allié et du stream de Padu x Dr Zoé dessus parce que le travail d’analyse est intéressante, voire colossal sur les vidéos du Fou allié. Ou comment vivre en direct tout le drame des ambiances sexualisées.
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Sex is fun
Le sexe, c’est fun, c’est rigolo. Moi, je suis de la génération Sex and the city qui allait avec la démocratisation des sex toys, notamment auprès d’un public féminin. A l’époque, le famoso rabbit. Depuis, le clitoris a bénéficié d’un peu plus de visibilité et on a sorti des produits plus axés sur la stimulation clitoridienne comme le Womaniser. Tout ça, je trouve ça très bien. Je considère que le sexe ne doit pas être un tabou en soi. Parler de sexe à autrui, c’est parfois exposer des situations peut-être un peu cringe. Ou, au contraire, rassurer sur certains kinks qui n’ont rien de “déviant”. Tant que tout passe entre individus majeurs et pleinement consentants, tout va bien.

Est-ce que tes potes sont ok pour entendre le détail de tes histoires de cul ?
Mais le consentement, justement, parlons-en. J’ai déjà dit que le consentement ne concernait pas uniquement les actes sexuels mais doit être étendu. Et notamment aux ambiances sexualisées. Vous aimez parler de sexe et vous sentez libre de votre parole. Cool. Mais respectez-vous le consentement des personnes que vous fréquentez ? Racontez-vous vos péripéties à des personnes qui ont accepté d’entendre votre dernière partouze ou vous balancez ça de façon random ? Non parce que le nombre de fois où j’ai entendu des personnes se plaindre de tel ou telle autre parce qu’iel parle de cul et de sa vie sexuelle tout le temps alors que personne ne lui a rien demandé ? Idem pour ceux qui sexualisent tout. Balancer des “titre !”, “that was she said” ou “titre de ta sextape” quand quelqu’un dit une phrase ambiguë, ça va. Sauf si la personne raconte quelque chose de triste ou de grave pour elle. Le souci, c’est quand tu en viens à ne plus manger de banane ou autre aliment de forme vaguement phallique pour éviter tout rire gras et remarques lourdingues.
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Va pas casser l'ambiance
“Roh, ça va, c’est juste une vanne”. Oui bah ça dépend qui la fait, déjà. Imaginons un groupe gentiment grivois. Au boulot, dans un loisir, à la fac, juste un groupe de potes, peu importe. Un groupe d’individus. On fait des blagues de cul, on est très ouverts sur le sujet. Cool. Sauf que dans le groupe en question, il y a Aurélien et ce dernier aime bien bien Charlotte. Il la poursuit de ses ardeurs, comme on dit. Elle a beau lui avoir dit non plusieurs fois, il continue et n’arrête pas de la vanner, à faire des sous-entendus dégueulasses dès qu’elle a le malheur de porter une jupe, un décolleté, manger une banane… Le problème, c’est que dans une ambiance sexualisée, celle qui va refuser de jouer le jeu va être vue comme la casseuse d’ambiance. La pas drôle. Oserais-je dire peine à jouir ? Intéressante cette expression… Et j’utilise volontairement le féminin, ici. Fou comme la victime devient vite coupable.
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Ce n'est pas une question d'époque
Ce sont précisément ces ambiances sexualisées que l’on retrouve chez Arthur ou, environ à la même époque, chez Cauet. Vous savez, Cauet, cette émission où une femme subit une agression sexuelle en direct sous les applaudissements. Et par pitié, arrêtez avec vos “roh, c’était une autre époque”. Les agressions sexuelles, c’est aussi courant chez Hanouna avec ces mêmes ambiances ultra-sexualisées où un homme trouve normal de poser sa bite sur l’épaule de sa secrétaire ou de prendre la main de l’une de ses collaboratrices pour la poser sur son sexe. Je veux dire, à froid, personne n’aura de mal à comprendre le problème. Alors pourquoi ça passe ? Alors déjà, il y a une inégalité hiérarchique entre les personnes. C’est plus facile de recadrer Killian, le stagiaire de 19 ans que Robert, le PDG. Ca m’étonnerait que Cyril mette sa bite sur l’épaule d’une directrice de programmes qui pourrait le déprogrammer, par exemple. Bon, là, c’est le protégé de Bolloré mais sinon… Dans A prendre ou à laisser, c’est pas le cadreur qui vient chuchoter à toutes les candidates “mais qu’est-ce qui nous arrive ?”. C’est un mec qui a une grande notoriété. Par ailleurs, les candidates sont dans un état émotionnel particulier avec une possibilité de beaucoup d’argent à la clé qui leur permettrait de réaliser un rêve. Ou juste payer les dettes. Elles sont donc déjà assez tendues.
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L'absence d'échappatoire
Et en prime, le public exulte, rit de ces blagues. Les autres candidats et candidates aussi parce que l’ambiance potache est installée, parce que ça fait partie du jeu. Dans l’exaltation du moment, la scénarisation de l’émission qui agite les émotions des uns et des autres, il est possible de ne pas noter le malaise des candidates. On s’en fout d’elle, on veut juste qu’elle ouvre des boîtes. Et la candidate ne peut s’échapper de ça. Elle est seule avec un mec qui se frotte à elle voire lui fait des bruits horribles dans l’oreille. En tant que misophone, ça me fait péter un câble, cette scène. Et c’est là qu’on mesure le danger des ambiances trop sexualisées, le piège qu’il représente pour les femmes qui ont difficilement des échappatoires. Parce qu’on est seules, qu’on n’a pas de porte de sortie. Que certains rapports de force nous empêchent de protester, de formuler notre sentiment de malaise. Pire, quand on le dit, c’est raillé, tourné en dérision.
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Arthur sue du cul
Vous voulez comprendre le sentiment de malaise qui naît de ces ambiances sexualisées ? Allez regarder les vidéos citées en premier paragraphe et… ah non, Arthur a tout fait censurer. Comme quoi, le problème n’est pas juste un malaise de la part de wokes qui voient le mal partout.