Ou comment les idées devraient primer sur l’identité du chef de file. Ou encore “C’est quoi qui compte le plus ? La victoire de nos idées ou ton ego ?”. Si vous avez lu cette phrase en ajoutant un Jean-Luc malgré vous à la fin… Comment pourrais-je vous le reprocher ? Mais nous n’allons pas focus particulièrement sur lui aujourd’hui. Même s’il est la parfaite illustration de cette glorification d’un chef de file qui est, selon moi, contre-productive.
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Ne pas tendre le bâton pour se faire battre
Dans mon dernier article, j’expliquais que personne n’était indispensable aux luttes et qu’il fallait mettre en retrait les personnes ayant merdé. Essentiellement car elles représentent un défaut dans la cuirasse, un défaut très facile à taper. Ainsi, mettre un Quatennens sur le devant de la scène, c’est offrir sur un plateau un “Ah, vous prétendez défendre les femmes mais vous avez vu ce que vous avez fait à la vôtre ?”. C’est empêcher le groupe d’avoir une prise de parole propre sur le sujet. Adrien, out, tu repars en coulisses. Y a du taf là-bas.
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Garder la brebis galeuse parce que le chef l'aime bien
Sauf que l’éviction de Quatennens n’a pas été évidente du tout. D’abord au sein du parti où il est un proche de Mélenchon qui veut conserver sa garde rapprochée. Et nous nous retrouvons avec cette conférence de presse lunaire où les députées insoumises sont prises à parti parce que la mise à pied a un peu tardé. Oui, on le sait tous qu’à LFI, c’est Clémentine Autain qui prend toutes les décision, ouiiiiii…. Tellement qu’elle n’y est plus, d’ailleurs. Mais peu importe ce qu’il se passait dans le parti, il y avait aussi tous les gens à l’extérieur qui plaidaient pour garder Quatennens car “on a besoin de lui”.
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On ne sacrifie pas ses valeurs parce qu'un mec parle bien
C’est vrai que Quatennens, t’avais pas intérêt de tomber face à lui si t’étais un peu approximatif.ve sur tes dossiers. Le mec, il te roulait dessus sans pitié. Ca nous a offert quelques scènes jouissives lors des législatives 2022. Mais il a merdé. Oui, il a reconnu que c’était mal de taper sa femme. Encore heureux ! Mais la gifle est arrivée à la suite de plusieurs comportements excessifs de sa part et ça, je l’ai moins entendu là-dessus. Peu importe. Quatennens est l’archétype de ce que je veux dénoncer ici : on est prêt à sacrifier sa probité pour sauver une tête… Alors que ça devrait être l’absolu inverse. On ne sacrifie pas ses valeurs pour un nom. Point barre. Même si le mec est excellent en débat.
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Une couleur politique, c'est pas juste choisir un nom à mettre dans l'urne
Quand je dois définir pourquoi je me place à gauche, je parle directement projet de société. Moi, mon nord, c’est la solidarité et l’équité. C’est croire en un vivre ensemble. Un vivre ensemble qui ne peut fonctionner que si on fait en sorte que personne ne reste au bord de la route. Bon, c’est très schématique mais je suis de gauche par mes valeurs et non par mon bulletin de vote. Il y a quelques temps, j’entendais un gars expliquer qu’il était de gauche car il votait Mélenchon puis d’enchaîner sur la méritocratie à laquelle il croyait dur et que si la société était aussi tendue, c’était à cause des LGBTQI+. Effectivement, tellement à gauche de l’échiquier que t’es carrément tombé en dehors, wouh. Déjà, le vote n’est pas une identité politique. Je veux dire on a un à deux scrutins par an, c’est léger. Et puis mes parents bieeeen à droite ont bien voté pour une candidate socialiste par le passé. Notamment parce qu’elle aurait aidé mon beau-frère dans son transfert sur la région mais j’ai pas compris cette histoire. Toujours est-il que suivre, supporter voire admirer un politique ne définit pas votre orientation.
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Je vote pour qui fera triompher certaines valeurs
Pour ma part, je n’aime pas Mélenchon, du moins ce qui m'est présenté. Mais j’ai déjà voté pour lui. Je n’aime pas beaucoup LFI mais j’ai régulièrement voté pour eux. Parce que je m’en fous des personnes, c’est le projet que je souhaite soutenir. Clairement, je fais les maths : c’est le projet le plus proche de mes convictions et le parti le plus apte à se faire élire. Mais je ne supporte pas leur volonté de faire monter des figures. Quatennens out, ça se paluche grave sur David Guiraud ou Léaument même si ce dernier, je ne le trouve vraiment pas terrible niveau prise de paroles. Une idole chasse l’autre, la nature a manifestement horreur du vide. La preuve que la personnalisation en politique, ça sert à rien vu que quelqu’un prendra la place vacante. Reste qu’à gauche, on a des figures un peu encombrantes. Je n’ai jamais réussi à saisir si Mélenchon était plus un aimant ou un repoussoir. Les quadra de mon entourage ont un peu tendance à s’agacer de ses outrances ou de son incapacité à admettre qu’il a eu tort, envoyons ses petits soldats sur le front pour défendre sa dernière dinguerie. Mais je crois que tout son travail de comm sur les réseaux sociaux fonctionne auprès d’une cible jeune.
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Le mec qui prend toute la place
Mais il faudrait désacraliser Jean-Luc comme tous les autres. Mélenchon est une énorme sujet de crispation à gauche. Comme Ruffin est en train de le devenir, aussi. Ou Hollande dans un autre style. Même si je ne comprends pas qu’on donne encore l’heure à ce monsieur. Je parle de la gauche mais j’aurais pu écrire à peu près le même article sur Ciotti qui a quand même fait bien du mal aux LR, par exemple. Je ne crois pas que Waucquiez fasse l’unanimité non plus. Enfin, j’en sais rien, je ne suis pas de droite et je ne m’intéresse pas du tout aux chouchoux de ce clan là. Déjà que j’ai été choquée de découvrir que mes parents n’étaient pas Juppéistes mais Fillonistes en 2017. Toujours est-il que Mélenchon, j’en ai marre. Surtout que ce nom est devenu un contre-argument à tout. Si au moins le mec servait de paratonnerre pour protéger ses dauphins, mais même pas. Déjà, merci la notion de dauphin mais surtout… Comment tu veux que quelqu’un émerge de son ombre alors qu’il prend toute la place et que ses fidèles doivent assurer son service après-vente.

Arrêtons de laisser l'espace à la petite polémique de notre côté
Et puis pardon mais une nouvelle fois, on n’a pas mieux à faire que de discuter de tonton grincheux, là ? Vous imaginez l’énergie qu’on perd à défendre un mec alors qu’on a un combat politique à mener et que l’heure est grave ? Le destin personnel de tous ces gens de gauche, quel que soit le parti, pardon mais c’est pas le sujet. Mélenchon, pas Mélenchon, on s’en fout. On s’en fouuuuuut. Bayrou annonce dingueries sur dingueries tous les jours tout en montrant des signes de démence assez inquiétants. Je ne dis pas ça par psychophobie, je pense sincèrement que ce monsieur a des problèmes cognitifs. Mais que ce soit le cas ou pas, on s’en fout. Le mec a mis la barre tellement à droite qu’il est en train de reprendre le programme de Musk sur les dépenses publiques. On devrait s’indigner de ça mais à la place, on polémique sur Jean-Luc qui dit de la merde sur la Russie ou l’affiche discutable d’Hanouna. Mon avis ? Je ne pense pas qu’il y avait une volonté antisémite de base mais que personne n’ait invalidé le visuel est problématique. Le reconnaître immédiatement au lieu de tortiller du cul pendant des heures “oui mais c’est pas nous, c’est Grok” aurait permis de sortir de cette séquence bien plus vite.
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Une personnalité chassera l'autre
Alors oui, je déteste la personnalisation en politique car elle confisque le débat et l’amène sur des sujets qui n’ont aucune valeur ajoutée. Débranchez Jean-Luc et mettez n’importe qui à la place, ça ne changera rien, en vérité. Je serais déçue quel que soit le nom parce qu’ils sont tous tellement drogués à la punchline et avides de parler dans un micro qu’ils finissent toujours par sortir une dinguerie. Quand je dis “tous”, je ne parle pas de LFI mais du personnel politique dans son entièreté. Sortons des polémiques à la petite semaine sur nos têtes d’affiche et parlons de ce qui intéresse vraiment : le projet de société. Parce que pendant que Jean-Luc s’accroche à sa branche, les fachos commencent à prendre leurs aises, se filmant même en train de “casser du woke” et je vous jure que l’urgence, elle est là. Trump, ce n’est pas un accident de l’histoire, c’est l’aboutissement d’un long processus et il n’y a aucune raison que la France y échappe. Sauf à arrêter de sauver des têtes pour parler des vrais sujets.