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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

L’erreur, c’est l’individualisme

Publié le 9 Septembre 2021 par Nina in individualisme, vie en société, fin de l'humanité

Cet article sera observationnel, pour l’essentiel. J’écris au ressenti et j’ai malheureusement pas le temps de faire des recherches pour confirmer. J’aime bien observer les gens, faire mon anthropologue du dimanche. Déjà parce que je prends beaucoup trop le métro mais surtout que j’essaie de répondre à mes questions existentielles. Ma question majeure est simple : pourquoi le vivre ensemble n’existe pas ? Pourquoi le projet social est voué à l’échec vu que personne ne veut faire d’effort ? Pourquoi on va finir cuits à la vapeur alors qu’on peut constater facilement les perturbations climatiques mais personne n’est prêt à rien lâcher. La réponse me paraît simple: l’individualisme. Et le mythe des libertés personnelles. 

Individualisme

 

Pourquoi vous ne pensez qu'à vous ?

Samedi 17 juillet. Me voici de retour d’un petit séjour chez mes parents. Je descends de mon train après un voyage dont je ne garde pas grand souvenir et je commence à remonter le quai jusqu’à la gare. C’est un moment particulièrement pénible car le quai est assez étroit et on a plusieurs centaines de gens qui se dirigent vers un même endroit. Parmi ces gens, des individus de tout âge à vélocité variable, des valises souvent tirées par des gens qui changent souvent de trajectoire devant vous, manquant de vous faire chuter. C’est le bordel. Et puis soudain, trois personnes devant moi s’arrêtent. En plein milieu. Parce que l’un d’entre eux veut prendre les deux autres en photo. Là, sur le quai de la gare. Donc toi, tu trouves pertinent de t’arrêter en plein afflux pour prendre une photo qui, je te l’annonce, sera moche ? Bref, je contourne, j’arrive au bout du quai, là où des portiques nous compliquent la tâche. Surtout que l’un d’entre eux est condamné par un mec qui s’est posé en plein milieu, apparemment pour récupérer un passager du train. Pourquoi vous faites chier, tout le temps ? Comme les gens qui se posent devant les portes du métro, empêchant un échange de voyageurs fluides, ceux qui s’arrêtent en plein milieu d’un couloir étroit pour papoter sans faire l’effort de se pousser un peu… 

Scooter en plein milieu
Photo piquée au site Motard Connard

Mon intérêt en premier

C’est pas des trucs graves, c’est juste des trucs cons. Comme les gens qui ne mettent pas correctement leur masque dans le métro. Voire ne le mettent pas du tout. Ceux qui abandonnent leur trottinette électrique merdique en plein milieu du trottoir, rappelant que le piéton est un usager qui n’intéresse personne. Les vélos qui passent dans une zone “pied à terre” sans descendre de leur destrier et nous somment de nous pousser de leur chemin. Oui, j’emprunte une voie partagée piétons/vélo au quotidien et je peux vous dire que j’ai du mal avec nos amis à deux roues. Derrière tous ces micro-exemples que je pourrais multiplier à l’infini, une idée simple : “mon intérêt prime sur le vôtre”. Mon drama avec l es vélos se résume en une seule ligne : “j’ai pas envie de ralentir, j’ai pas envie de faire un détour”. Idem pour les trottinettes abandonnées “j’ai pas envie de perdre  30 secondes, MON temps est précieux”. Je veux entrer en premier dans le métro pour récupérer une place assise. J’ai un peu chaud, ce masque me gêne, MON confort est plus important que la santé publique. Moi, moi, moi. 

Un vélo sur le trottoir
Ceci est un trottoir déjà étroit, les vélo s'en foutent

Pas de malveillance, juste de l'égoïsme

Le pire, c’est qu’il n’y a aucune malveillance dans tous les cas cités. Peu de gens sont des trous du cul sciemment. Sauf les gens qui écoutent la musique ou des vidéos dans le métro sans écouteurs mais là, on est plus sur du “regardez-moi, j’existe”. C’est une plaie mais pas celle qui  nous intéresse aujourd’hui. Les gens sont concentrés sur leur envie ou leur besoin immédiat sans prendre en compte leur environnement. Exemple perso, ce coup-ci. Il y a quelques jours, je suis dans le métro et je suis posée, tranquille, à lire. Il y a du monde mais je ne fais pas attention. Après tout, je suis fatiguée et je vais en bout de ligne. A un arrêt, ça se vide bien, je jette un oeil et que vois-je ? Une femme enceinte. Très enceinte à vue de nez, d’ailleurs. Immédiatement, je suis écrasée par la honte de pas lui avoir cédé ma place. Bon après, vu la foule et nos emplacements respectifs, je pouvais pas la voir avant. Mais ça, les gens qui ignorent les femmes enceintes dans le métro, j’en vois tous les jours. Y en a une, l’autre jour, comme deux personnes sur une banquette l’ignoraient ostensiblement, elle s’est tranquillement assise entre les deux. Queen. 

Queen enceinte

Le bien commun ? Pas le temps

On ne considère pas le bien commun. Un dernier exemple : les escalators. Il y a quelques années, j’avais lu un article expliquant qu’on n’est pas censés “monter” les escalators et que de laisser la partie gauche de l’engin libre est une hérésie. J’ai bien rigolé puis… j’ai constaté que c’était carrément vrai. Moi, je suis une meuf qui se pose sur l’escalator et s’interroge sur la vie pendant que la machine fait un effort pour moi. Non mais j’ai déjà le courage d’aller au travail, pensez pas que je vais y aller en courant non plus, hein. Parfois, l’escalator vous évite de grimper une bonne centaine de marches donc personne ne fait l’impasse mais… comme on se retrouve tous à faire la queue à droite comme des gros cons, on perd un temps infini. Tout ça pour trois connards qui se pensent si importants qu’il leur est intolérable d’envisager de perdre trente secondes pour permettre une utilisation optimale d’un équipement collectif. Ce doit être les mêmes qui râlent contre le 30 km/h en ville qui va leur faire perdre un temps précieux. Ce qui est faux, au passage. Mais voilà : mon intérêt prime, je ne peux pas perdre du temps, même une poignée de seconde, pour les autres. Autres qu’on va trouver en général cons et ne méritant pas notre considération.

Courir dans les escalators

Moi je suis plus important que les autres

Parce que notre personne, sacralisée par le capitalisme, le développement personnel et tutti quanti prime. On ne supporte plus le moindre irritant, la moindre injonction, le moindre compromis. Ma personne est plus importante que la communauté. On le voit très bien avec l’histoire de la vaccination “JE sais ce qui est bon pour MOI, JE décide ce que JE fais de mon corps”. Alors ok Roger, loin de moi l’idée de m’exprimer sur ce que tu fais de ton corps mais as-tu pensé au fait que tout le monde n’a pas le luxe de se faire vacciner et que certains risquent de mourir car TU es un connard égoïste. Bah oui, tous les adeptes de la liberté individuelle de pas se faire vacciner expliquent d’un air supérieur que les personnes fragiles n’ont qu’à se faire piquer et que tout ira bien. Sauf que non. Le principe de l’immunité collective sous-entend qu’une forte vaccination permet à ceux qui ne peuvent pas être vaccinés d’être protégés quoi qu’il en soit. Oui parce que toi, tu veux pas être vacciné parce que tu penses mieux piger les trucs que des centaines de gens ayant fait des études dans le médical mais y a des gens dont le système immunitaire est trop faible pour pouvoir subir un vaccin. Tu diras quoi à la famille de ces gens quand ils auront perdu leur enfant, leur moitié, leur père ou mère parce que tu trouves que TON avis compte plus que SA vie ? 

Immunité collective

Pourquoi Je devrais renoncer à mon confort ?

Moi, j’aime bien la liberté. Je lis des kilotonnes de dystopies et c’est toujours l’enjeu. Souvent, les peuples acceptent de la sacrifier au nom de la sécurité. Dans les fausses utopies de type Un bonheur insoutenable et Le passeur, la liberté est sacrifié au nom du fonctionnement de la société, sorte de fourmilière humaine. Avec un peu de chimie pour annihiler les passions et faire entrer tout le monde dans le rang. Moi, je me pose une simple question : comment faire adhérer les gens à un projet social juste sans avoir besoin de drogue ou de policiers qui te font entrer les règles à coup de matraques dans la tête. Je suis exaspérée de voir que la réponse systématique est toujours la répression. La “gestion” catastrophique de l’épidémie en est un très bon exemple. Il faut trouver une autre voie, celle de la raison où on agit par solidarité, où on pense “nous” au lieu de “je”. Parce que l’individualisme rend tout impossible. On ne peut pas lutter contre le réchauffement climatique parce que personne ne veut renoncer à son petit confort. La voiture, c’est la réussite. Le voyage, c’est la réussite. C’est un droit. Et comprenez que je dis ça, j’ai pris l’avion lundi, hein… Evidemment, si les gouvernements se bougeaient aussi pour nous proposer de vraies alternatives genre un rail efficace en Europe (mon rêve). Mais voilà : dès qu’on évoque un projet de mieux vivre, c’est un stop direct “je ne vois pas pourquoi MOI, je devrais renoncer à…”. 

La pollution automobile

Le JE nous tuera tous

L’individualisme a tout foutu en l’air. Tant qu’on ne l’aura pas éradiqué, on ne s’en sortira pas. Pas de justice sociale, pas de vrai plan écologique. Et pas bonne nouvelle : on n’a pas super le temps de régler le souci. Mais bon, après tout, chacun sa liberté de finir desséché au soleil, noyé dans une inondation massive, cramé dans un incendie gigantesque, broyé par une pandémie jamais vraiment prise au sérieux...    

 

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