Je commence cet article sans trop avoir idée d’où je vais mais je le trouve parfait pour marquer la rentrée. Parce que je sais pas vous mais moi, neuf fois sur dix, quand je rentre de vacances, je suis quelque peu renforcée dans ma misanthropie. Parce que les gens sont globalement très individualistes et ça m’exaspère qu’on fasse semblant de ne pas me voir pour me passer devant. Ou poser devant moi alors que j’essaie de faire une photo. Ou qu’on laisse sa merde partout parce que y a bien quelqu’un qui ramassera. Alors que l’allocation de rentrée est distribuée, la bourgeoisie éditorialiste repart sur son discours nauséabond des profiteurs du système. Mais est-ce que les profiteurs, ce sont juste ceux qui grattent 100 € de ci de là ? Je ne crois pas, non.
Ceux qui salissent, ceux qui nettoient
Alors que je courais dans mon lac au petit matin (aquarunning, la vie), je réfléchissais un peu au sujet. Petite mise en situation. Je pars de chez moi pour aller au lac. En chemin, je vais croiser :
- des bouteilles de verre posées sur la poubelle carton car la poubelle verre est trop loin (200 mètres à vue de nez).
- des merdes de chien posées en plein milieu des zones herbeuses
- des mégots de cigarettes sur la plage.
Evidemment, mon premier réflexe, c’est de râler. Ahlala, les gens sont des porcs, vraiment, aucun respect, gna gna gna. Puis je me dis que tiens, plutôt que d’attendre que les services municipaux nettoient, ce serait pas mal de montrer l’exemple en le faisant moi-même. Vu que bon, râler en posant ses mains sur ses hanches, c’est bien mais ça fait rien avancer. Mais peu importe qui va ramasser, on sait que des personnes ont décidé que ce n’était pas à elle de faire leur sale besogne. C’est d’autant plus agaçant que niveau effort, ça ne représente rien, à la base.
Bah, quelqu'un nettoiera
Mon mec a vécu la scène en direct. Il rentre de Paris en train. A côté de lui, une dame plutôt bon chic, bon genre, qui s’est ramené uy petit grignotage. A l’approche de la gare de destination, elle emballe tous ses déchets et les glisse sous le siège. A l’arrivée, elle commence à se lever et partir. Mon mec qui avait pressenti le truc l’interpelle et elle lui répond “ah non mais vous inquiétez pas, y a des gens qui sont payés pour nettoyer”. Ah, les fameux gens payés pour nettoyer. Comme mon cousin qui, lors de ses études, avait travaillé un été comme éboueur à la ville de Toulouse. Il nous a raconté la fois où une personne avait renversé sa poubelle de voiture sous son nez en mode “ramasse”. Il en aurait pleuré de rage. Et je rajoute une pièce avec l’histoire de ma tante qui, voyant un mec jeter le contenu du cendrier de sa voiture par la fenêtre; chope le sien bien plein et le jette dans la voiture du mec. L’audace, c’est ça.
Pas envie de faire des efforts
Bref, je suis sûre qu’en fouillant ma mémoire, je pourrais vous en sortir d’autres, des exemples. Vous avez capté le principe. Dans notre vie collective, il y a ceux qui ne font pas d’effort. Certes, il y a des gens payés pour nettoyer mais est-ce vraiment nécessaire de leur en rajouter ? Surtout que, je sais pas, mais j’ai pas idée de quitter un lieu en laissant mes déchets. C’est même pas une question d’éducation, juste de politesse. Comme quand je vais à l’hôtel, je fais attention à ne pas tout salir, à ne pas jeter mes culottes sales en plein milieu du sol et vas-y ramasse, personnel nettoyant. C’est peut-être une question d’empathie, aussi. Perso, ça me rendrait folle de devoir ramasser les sous-vêtements douteux de personnes que je ne connais pas. Et je dis ça, la plupart du temps, mes culottes ne sont pas si sales, hein…
Ceux qui ne s'emmerdent pas
Qui profite de la société, vraiment ? Ceux qui prennent des allocs pour lesquelles ils ont éventuellement cotisé ? Non parce que là, sans vouloir attirer la couverture à moi, je suis à poil niveau revenu car j’ai démissionné d’un job nul. Tant pis pour mes 15 ans de cotisation chômage. Heureusement, ça fait des années que je prépare ce genre de scénario et que je m’appliquais à épargner le moindre sous. Bref, on nous fait nous indigner chaque année sur les écrans plats achetés par les familles pauvres avec les allocs de rentrée mais j’aimerais qu’on parle un peu plus de ceux qui ont très bien compris qu’en société, il y a ceux qui s’en foutent et ceux qui subissent. Les déchets, le bruit, les stationnements gênants. Dans mon quartier, les voitures régalent. J’en ai même vu une se garer sur le trottoir alors qu’il y avait une place de stationnement disponible. Ca se gare sur les trottoirs sans vergogne parce que “roh ça va, je gêne personne”. Ouais, juste les piétons, les éternels maillons faibles de la chaîne routière. Faut pas pleurer quand on récolte un bon gros autocollant GCUM…
Moi, moi, moi avant tout le monde
Quand je suis revenue du Japon ou du Canada, j’étais turlupinée. Pourquoi les gens sont respectueux, là-bas ? Genre personne n’essaie de te gruger pour monter dans le bus. Parce que la semaine dernière, j’ai découvert que, même en étant accompagnée d’un enfant de moins de 10 ans, un bon père de famille bourgeois et sa smala n’ont eu aucun état d’âme à nous passer devant pour monter en premier dans le bus. Ca, la bagarre pour monter dans un transport en commun, ça m’a toujours rendue dingue. Pourquoi on se dispute comme ça ? Pour choper la seule place assise ? Bon sang, imaginez le stress en moins dans nos vies si on respectait ce simple bon sens. Premier arrivé, premier servi. Pas de bagarre, de bousculade, de laissé sur le bord du quai parce que t’as pas envie de te bagarrer pour affirmer ton droit à prendre un transport en commun. Peut-être même qu’en plus, ça motiverait un peu plus les gens à les prendre si y avait pas toujours cette bagarre constante de rentrer en premier. Mais certains voient la société comme une sorte de chaîne alimentaire où ils doivent être au sommet, je sais pas. Je me gare où je veux, j’écoute ma musique sans écouteurs, je ne supporte pas la contrainte. Et profitent largement de la patience des gens ou de ce côté “j’ai pas envie de passer pour lae méchant.e de service”.
Toujours les mêmes à devoir faire des efforts
De la même façon, on attend toujours les efforts des mêmes personnes. On l’a vu de façon fort ironique cet été. Bon, les pauvres, vous coupez vos wifis, la clim, vous consommez responsables. Quoi, limiter les jets privés ? Ah ben non, on peut pas, ça menacerait des emplois. Plus c’est gros, plus ça passe ? Parce que niveau profiteurs de la société, les riches se posent là. Déjà avec ce côté “quelqu’un le fera pour moi”. Je parlais des hôtels, on sait bien qui les fréquente et apparemment, il s’en passe des trucs crades dans les hôtels de luxe. Curieusement, ce sont les mêmes qui gueulent sur les pauvres qui dépensent mal leur argent, mangent mal, seraient sales mais… pardon mais non, en fait. Pour reprendre l’exemple automobile, on a quelques gros kékés à Bordeaux qui traversent la ville à toute allure en faisant pétarader leur moteur. Votre quiétude et votre sécurité, mettez les bien où je pense, Kevin Diesel a besoin de rappeler son existence et vous montrer qu’il a des sous.
Comme une envie de sécession
Des fois, je rêve d’une sécession. Qu’on se crée des communautés indépendantes entre gens respectueux et solidaires. Que personne ne vienne abuser de la patience ou de la gentillesse des autres. Que personne ne vienne croire que la société les reconnait comme une sorte de sommet de chaîne sociale où ils ont plus le droit que les autres de polluer, déranger, salir. Qu'on respecte le contrat social, oui. Je sais qu’on est tous le con d’un autre mais j’ai du mal à voir dans quel univers celui qui laisse ces déchets sur la plage ou n’importe où n’est pas un con pour tout le monde, voyez.
Bref, je déteste les gens, surtout en été où les vacances semblent prétexte à encore plus mal se comporter que d’habitude.