Août 2020, le meilleur kif de ma vie. Je fais absolument ce que je veux. Pas grand-chose en vérité. Mon expérience chez Vinyl m’a pas mal fatiguée et je me restaure. Mais alors que mon début de contrat chez Epicéa s’approche, je commence à stresser un peu. Ils avaient tous l’air adorables lors de l’entretien mais si… Chez Vinyl aussi, je les avais trouvés si « bienveillants » et ce fut un pur enfer. Et puis il y a cette phrase, étrange, sortie durant l’entretien. Non, j’ai dû mal interpréter, ce n’est pas… Et là, à la veille de mon premier jour, mes espoirs sont fracassés par un seul coup de fil.
Le coup de fil qui tue tout espoir
Il était convenu que je commence un mardi, Claire étant trop occupée le lundi pour m’accueillir. Pas de soucis, ça m’arrange car le lendemain, c’est le jour de l’anniversaire de Pivoine. Qui correspond à ma date d’arrivée dans la boîte où je suis restée quatre ans. On dirait que cette date porte un peu chance… Lol. Oui, quand je dis Lol, c’est que c’est extrêmement ironique. Le lundi, je glande donc sur mon pc quand mon téléphone sonne, un 06 que je ne connais pas. J’ai pour habitude de ne pas répondre aux numéros que je ne connais pas mais je sais pas, je sens que je dois le faire. « Oui, bonjour, c’est M. Gamblois ». Oui, tiens, il me veut quoi ? « Oui, nous sommes ravis de vous accueillir demain parmi nous. Par contre, nous n’avons pas eu le temps de remercier la personne que vous remplacez donc est-ce que vous pouvez mentir sur les raisons de votre venue ». Enclume dans l’estomac, pâlissage extrême du visage, voix qui tremble « Ou...oui, bien sûr ». Je rappelle que j’ai démissionné de mon poste précédent donc si je refuse ce poste là, j’ai plus rien. Même pas les assedics.
Le génie du déni
Revenons à l’entretien final et à cette fameuse phrase étrange. Alors que je venais de dire oui à la proposition d’embauche, Gamblois sort sans trembler « Parfait. On va pouvoir signifier son départ à la personne que vous allez remplacer. Oh, il n’a pas démérité mais bon, voilà… ». Quoi ? Ca a un peu bugué dans mon cerveau je vous cache pas. Mais en grosse idiote que je suis, j’ai réécrit direct le texte « le mec était en attente d’une date pour son départ, ils vont pouvoir la lui donner ». C’était vraiment ce que j’ai voulu croire. Il a démissionné, il attendait juste sa date de départ. Tu peux pas jeter en entretien que tu vas virer une personne. Déjà parce que ça me paraît moyen légal d’embaucher quelqu’un pour remplacer une personne qui ne sait pas qu’elle va partir. Et ça me paraît encore plus illégal de faire venir une personne pour occuper le poste de quelqu’un de dégagé tant que celle-ci n’est pas partie…
Je me suis encore trompée
Je raccroche, effondrée. En deux minutes, je réalise que je vais partir dans une boîte de merde. Avec une direction plus que problématique. J’étais pas super fan du côté un peu dragueur chelou du père Gamblois mais à la limite, je peux gérer. Ca me paraissait plus un jeu nul qu’autre chose. Mais là, comment je suis censée accepter ça ? Parce que c’est double peine. Non seulement je sais dès le départ qu’ils n’ont aucun respect pour leur salarié mais en plus je vais devoir mentir à ma nouvelle équipe. Est-ce qu’on peut démarrer une relation professionnelle plus merdiquement que ça ?
Ca va galérer sévère
Alors j’essaie de relativiser. Peut-être que la personne qui va se faire dégager est un gros connard et que tout le monde sera content qu’il parte. Peut-être que mon équipe ne me détestera pas d’être celle qui arrive et pique le poste. Je ne peux pas démissionner car nous avons le projet de descendre vivre dans le sud avec mon amoureux. Et j’ai besoin de tune et d’un CDI pour qu’on puisse s’acheter notre nid d’amour. Avant d’embaucher, j’avais un plan. Arriver, faire mes preuves, profiter que le Covid nous impose du télétravail sur de longues périodes pour prouver que je peux travailler à distance, puis demander de bosser de Bordeaux. Ce qui aurait pu fonctionner dans une boîte au fonctionnement à peu près intelligent. Pas de bol, je suis mal tombée. Encore. Et c’est parti pour un an et trois mois de souffrance. Yay !