Il est toujours difficile de repérer les signes que ce mec là, faut le fuir. Surtout parce que, dans notre prime jeunesse, on ne nous prévient pas que les garçons ne sont pas toujours des princes charmants. Quoi que la génération qui arrive, elle a l’air de tout défoncer. Cependant, il est possible d’avoir un petit guide des signes préoccupants voire des red flags vous indiquant qu’il faut pas continuer à fréquenter ce gars. Même s’il est très joli et rigolo et qu’il vous fait très envie. Et l’un des red flags majeurs, c’est l’ex folle.
C'est fou la loi des séries de certains
Alors oui, les histoires d’amour finissent mal, en général. Les gens sont généralement peu laudatifs sur leurs ex. Moi même, si vous me demandez, je vous dirais qu’il y en avait des immatures, des ennuyeux, des tristes. Des malhonnêtes, oui. Vous savez, quand vous pensez être la petite copine légitime alors que vous êtes la maîtresse car vous ignorez l’existence d’une officielle. Mais je ne dirai pas qu’un de mes ex était fou, non. Et pourtant, y a des mecs, on dirait que c’est leur fatalité : toutes leurs ex sont folles. Oh non, vraiment pas de chance. Sauf que… attends, c’est ton ex qui est folle ou c’est toi qui l’a rendue folle ?
On adore traiter les femmes de folles
J’ai déjà parlé de l’hystérisation des femmes avec le gaslighting. Ah ça, on aime bien faire passer les femmes pour folles pour les discréditer. D’ailleurs, c’est rigolo : le seul comm sur cet article venait d’un mec me conseillant de consulter pour ma paranoïa. Pile dans le thème dis donc. La folie est un trait que la société prête naturellement aux femmes. Cf l’étymologie de hystérie, hein. Mot qu’on va bannir de nos vocabulaires, si vous le voulez bien. J’avais un peu envie de faire une analyse de texte des tweets descendant Sandrine Rousseau. Le souci, c’est que j’ai un peu appris à coder du Python pour interroger l’API Twitter et que Twitter n’est pas très généreux en accès aux données. Donc le travail serait un peu trop titanesque pour mettre des chiffres sur ce que j’observe déjà à l’oeil nu. Dans la moitié des comms la descendant, on la traite de folle. Un qualificatif que l’on accole très volontiers à pas mal de femmes politiques. Ségolène Royal, Alice Coffin... Quand je tape “femme politique folle” sur Google, j’ai en première photo : Ségolène et Sandrine, donc, mais aussi Najat Vallaud Belcacem (pas suivi pourquoi ?), Marine Le Pen. Le Pen, je pense que c’est lié au débat de 2017 avec son “ils sont partout, ahahah”. Est-ce que l’on traite les hommes politiques de fou, comme ça, de façon un peu gratos ? Peut-être Mélenchon. Parce que quand je tape Homme politique fou sur Google, le premier qui ressort, c’est De Villiers et rien à voir avec sa santé mentale, hein. Bref, faut que je réfléchisse à comment traiter ce sujet parce que ça m’intéresse vraiment.
Douleur vs mythe
Donc la société a énormément de facilités à considérer qu’une femme est folle. Revenons à nos moutons. Oui, une rupture peut être compliquée, douloureuse. Moi même, j’ai pu être une ex reloue. Reloue, pas folle. Celle qui réclame que l’autre ne piétine pas sa douleur. Genre en évitant de s’afficher avec une autre meuf environ trois jours après la rupture dans un cercle commun, par exemple. Mais je n’ai jamais rien dégradé ou agressé qui que ce soit. Ici, on ne parle pas tant de ça. Evidemment que les ruptures fraîches sont compliquées et il faut un temps de deuil. Moi, je parle du mythe de l’ex folle. Celle qui va justifier pas mal de comportements limite, celle dont on va discréditer la parole. Celle que tu ne dois surtout pas devenir, nouvelle petite amie !
Je suis la Lumière, elle était l'ombre
Je pense qu’on est nombreuses à avoir connu ça. On commence à parler à un garçon qui nous plaît et pour faire fondre notre petit coeur en sucre, il sort les violons. “Aaaaaah mon ex”. J’avais eu droit à ça il y a fort longtemps. Malheureusement, je ne savais pas que c’était un red flag et en plus, c’est arrivé à un moment où j’étais bien fragile. La combo de merde. En résumé : l’ex était l’ombre, moi, la lumière. En vrai, je soupçonne que l’ex n’a jamais été l’ex mais c’est même pas le sujet ici. L’ex ténébreuse pose d’entrée de jeu un étalon qui va façonner la relation et rarement à l’avantage de la nouvelle copine. Il ne faut surtout pas devenir aussi ténébreuse que l’ex. Dès que ça commence à sentir un peu le roussi dans le couple et que ça se dispute, ça peut devenir une arme terrible “ah, arrête, tu me rappelles mon ex”. Mais non, ça ne se peut pas ! Je suis l’ange de lumière, moi. A la moindre crise, même légitime, ce sera la même salade. Vous le soupçonnez de ne pas être d’une grande fidélité alors que ça fait partie des règles de votre couple “ah, tu es jalouse comme mon ex!”. Voyez le genre.
Si je suis une merde, c'est la faute de mon ex
L’ex folle est aussi une très bonne justification du comportement merdeux du garçon. Il est traumatisé. Là encore, on a tous vécu des relations difficiles qui laissent des traces mais… perso, je n’ai jamais fait payer aux suivants mes peines de coeur. Je n’ai jamais joué les amoureuses pour après dire “ah non, non, j’ai pas envie d’être en couple” ou ce genre de merde. Je n’ai jamais manipulé, quoi. Oui, je peux totalement comprendre qu’une ancienne relation puisse perturber, surtout si la rupture n’est pas si vieille. Mais du coup, règle ça ? Personne ne mérite d’être juste une relation pansement, hein. Et le fait d’avoir été blessé par le passé ne justifie pas de blesser quelqu’un à ton tour. Tu veux juste t’amuser pour oublier ? Ok, bah précise-le. Y a aussi des filles hétérosexuelles qui ont cette envie-là. Mais en vrai, on le sait : le traumatisme de l’ex, c’est surtout la carte joker pour faire de la merde et balayer les reproches.
Décrédibiliser la parole
Mais surtout, le trope de l’ex folle, c’est de décrédibiliser sa parole. Parce que nous évoluons globalement tous dans des sphères plus ou moins étroites donc il est possible que l’ex ne soit pas très loin, socialement parlant, de la nouvelle. Et donc que la nouvelle ait vent de l’histoire vue par l’ex. Et ça peut ne pas être reluisant. Du tout. Je vais vous renvoyer une nouvelle fois à l’histoire de Léo Grasset qui vient de remettre une grosse couche de caca, d’ailleurs. Vraiment, ce mec est la pire des ordures. Non seulement il a brisé plusieurs femmes. Mais celle qui l’accuse de viol, il a fait une vidéo où il balance toutes les horreurs qui ont pu être dites sur elle en mode “voyez, personne ne l’aime”. J’ai tellement de peine pour elle, c’est tellement horrible. Imagine. Tu as 18 ans, tu tombes sur un mec qui te traite mal et va jusqu’à te violer. En plus, des années après, il explique que tu es une folle et que tout le monde te déteste. J’ai vraiment peur pour la santé mentale de cette fille. Je sais pas comment tu peux avoir la force de rester droite face à ça. Surtout qu’on est très nombreux à avoir capté qui était Lisa, les indices étaient assez sibyllins. Mais la ligne de défense de ce gros porc reste la même : c’est Lisa qui est folle. Lui, il est juste victime de malentendus. Ah et pour les “avocats” de ce gros porc : faut pas venir m’expliquer que tout ça, c’est pour la pub ou l’argent vu que Lisa est restée anonyme, qu’elle n’a pas porté plainte. Et que le call out sur Grasset semble plus venir d’autres victimes.
Si l'ex est folle, restez en alerte
Bref, que ce joli garçon qui vous plaît ait eu de la déveine en amour, c’est possible. C’est l’histoire de la vie, le cycle éternel. On a tous des ex nuls et nulles. Mais si le mot folle déboule très vite sur la table, méfiez-vous. S’il vous dresse en ange de Lumière alors que l’autre était la Reine des Enfers, méfiez-vous. Et si l’ex folle se conjugue au pluriel, vous filez au bar payer votre conso et vous dégagez de là. Parce que sinon, la prochaine ex folle, ce sera vous.