Les colères Jupitériennes

Il y a un sujet que je trouve toujours fascinant, c'est la différence de traitement d'un comportement donné dans les médias ou la culture populaire. Genre la colère. J'ai souligné à de nombreuses reprises comment on disqualifiait les colères féminines, toujours associées à l'hystérie. Je vous ai parlé de la figure de Mélenchon dont on met toujours en exergue les colères et les débordements. Et puis y a Macron. Toujours, en colère pour tout et pourtant… Penchons-nous un peu sur ces fameuses colères jupitériennes. 

Manu le gros colérique

C'est toujours la même histoire ou à peu près. Les gens sont indignés de la violence macroniste, on a droit aussi sec à un "off" où Macron est décrit comme "furieux", "fou de rage", il doit y avoir des cris et des réunions houleuses. Bref, Macron s'en prend au Ministre concerné "car il s'y est mal pris". Il ne s'énerve pas par rapport à la fin, hein. C'est tellement macroniste ça. "Si les gens ne sont pas contents, c'est qu'ils n'ont pas compris". Oh si, si, Manu, on a très bien compris, t'inquiète. On voit parfaitement que t'essaies de nous faire les poches pour éviter que tes potes vident un peu les leurs. Mais voilà, on veut nous faire croire que tout n'est que malentendu et mauvaise communication, qu'on n'a jamais dit ce que, précisément, on a dit. Du pur gaslighting politique. 

Il y a des colères plus dignes que d'autres (?)

Mais voilà, Macron, il pique des colères. Tout le temps, contre tout le monde. Et pas uniquement dans les ors de son bureau. Ce n'est pas le seul. On a les fameuses colères de Véran ou encore Dussopt qui hurle, tout rouge, qu'il n'a pas craqué tout en craquant. Alors je peux comprendre la colère, j'y suis moi-même sujette. Mais le deux poids, deux mesures par contre… Pourquoi la colère n'est légitime que pour Macron et ses potes ? Parce qu'il existe plusieurs types de colère. Celle de Mélenchon est présentée comme celle d'un homme qui perd ses nerfs. "Ah mais tu l'imagines face à Poutine"? Quoi ? Mais parce que vous trouvez Macron fort et digne face aux dirigeants étrangers ? Vous avez trouvé ça cool, Trump qui lui essuie les pellicules sur la veste, la télé russe qui se moque de ses coups de fil à Poutine ? Oui, Mélenchon a la colère de la crise de nerf alors que celle de Macron, elle est perçue comme celle d'un père qui sermonne son fils turbulent ou un truc du genre. La colère d'un homme rigoureux face à un collaborateur décevant. Ce qui est totalement un comportement de chef toxique, soit dit au passage. 

Sarko, le mec qui changeait

Tout ceci n'est qu'un jeu de dupes, bien sûr. Souvenez-vous que c'est Sarkozy qui a taclé Segolène Royal. Royal qui n'était pas en train de crier à ce moment-là. Sarkozy, le gars du "casse-toi pauv' con". Celui qui revient tous les quatre matins avec un bouquin pour dire qu'il a changé, qu'il est calme et apaisé. Vraiment, j'ai pas meilleur exemple du double-standard de la colère. Les femmes : pas bien, hystérie. Mélenchon environ pareil. Les hommes de pouvoir "c'est normal, il est exigent tu comprends". Ça marche aussi avec les mecs qui tapent dans les murs, notez. Tant qu'ils tapent pas leur femme… 

Mais y a un virage

Bref, encore un narratif pourri made by la Macronie. Ce qui est un peu drôle, c'est qu'il semble y avoir un virage avec la  catastrophe de la réforme des retraites. Car ce n'est plus Macron qui est en colère… C'est Jacques Attali. Celui qui a manœuvré pour mettre Macron où il est. Il est en colère contre sa propre créature car il a géré cette réforme avec le cul. Je ne suis pas toujours d'accord avec Attali mais là… Le naufrage est spectaculaire. Ce serait même absolument délicieux si nos avenirs n'étaient pas en jeu. Macron a dû préparer une vidéo où il est colère-colère qui aurait dû fuite mais vu qu'il se fait lâcher de partout… 

Bref, il y a des colères gênantes, des colères saines… Et des colères médiatiques pour faire genre qu'on est le gentil et que ce sont les autres qui sont méchants et nuls. Y a peut-être des gens qui y croient, allez savoir