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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Tous les camarades de lutte sont-ils acceptables ?

Publié le 17 Août 2021 par Nina in Militantisme, Manifestations, convictions politiques

Ze question. J’ai palabré la semaine dernière sur Mila car je trouvais le cas intéressant sur cette question. Article qui a fort énervé les fanatiques de la laïcité et les combattants du saucisson. Je trouve toujours très drôle de voir des gens se revendiquer d’un combat laïque alors qu’ils n’en connaissent pas la définition. En vrai, assumez votre islamophobie les gars, vous ne dupez personne. C'est aussi drôle de voir que chaque commentaire, chaque insulte reçue me donnait raison... Mais aujourd’hui, on va switcher sur un autre sujet : le passe sanitaire. Avec toujours cette question : peut-on ne pas voir les camarades de lutte qui craignent de ouf.

Les pancartes débiles contre le pass sanitaire

Le grand bordel des anti

Comme je l’ai déjà dit, je ne me suis guère positionnée sur le passe sanitaire. Je pense que c’était le pire choix que l’exécutif pouvait faire. Une fois de plus, au lieu de porter leurs couilles, ils laissent les citoyens se démerder entre eux et viendront nous expliquer que si la couverture vaccinale est insuffisante, c’est bien notre faute. Bref, la décision du passe sanitaire a jeté dans la rue un bougli-bougla “d'anti". Antivax, anti-passe, c’est le bordel. On retrouve peu ou prou la même structure que le mouvement des gilets jaune où on trouvait un tissu social assez divers et des revendications qui ne sont pas si compatibles entre elles. En résumé : c’est la colère qui défile avant tout. 

Manifestation anti-pass sanitaire

Faire nombre ou passer un message clair ?

J’ai été intriguée par les gilets jaunes. Je ne m’y suis pas mêlée de près parce que je n’étais pas à l’aise avec certains messages ou revendications. Ca me rappelle une des manifs de l’entre-deux-tours de 2002. Où j’ai fui car je ne voulais pas être associée à l’immense banderole “élections : pièges à con” déroulée sur le fronton du Capitole et que ça m’avait saoulé de voir un mec donner des coups de pied au cul à un autre qui avait attrapé un drapeau français pour l’agiter. Dans une volonté de réaffirmer son appartenance à une Nation face au péril brun, pas dans une démarche fachotte… Très jeune, finalement, j’ai été confrontée à cette question. Qu’est-ce qui compte le plus : la masse populaire ou la clarté du message ?

Manifs anti passe-sanitaire

Je veux pas manifester au milieu de pancartes débiles

Le passe sanitaire est un excellent exemple de ce dilemme. On a grosso merdo deux groupes d’anti. Les antivax et donc anti-passe parce qu’ils veulent pas se faire vacciner. Bah oui, ils savent ce qui est bon et ils veulent leur liberté de choisir. Et manifestement celle de contaminer les immuno-déprimés qui, eux, n’ont pas la possibilité de se faire vacciner. Plonger une nouvelle fois les soignants dans le burnout et l’épuisement.  Mais penser aux autres, hein… Pardon, je digresse. Puis il y a les anti-passes qui s’inquiètent de la nouvelle dérive autoritaire du gouvernement. M’étant déjà agacée sur ce gouvernement qui ne pense que coercition pour tracer sa route, ok, je suis en phase. Sauf que ça part en vrille. On nous sort des délires à base d’étoile jaune, de privation de liberté… Mais parce que tu trouves que le passe te prive plus de liberté que tous les confinements et couvre-feux qu’on s’est mangé dans la gueule, en fait ? Vraie question, hein. Mais du coup, est-ce que c’est ok pour moi de défiler à côté de ces étoiles jaunes et pancartes antisémites ? Oh well no. Déjà parce que quoi que j’écrive sur ma pancarte, elle restera lettre morte puisque ça fait pas vendre. Une pancarte bien polémique, par contre, c’est bon pour l’audimat et l’engagement sur les réseaux sociaux… Mmm.

Les pancartes débiles anti-pass sanitaire
J'ai trouvé un nombre incalculable de pancartes de ce type sur google. Ce sont elles qui attirent les photographes...

Je ne marche pas pour n'importe qui

Mais surtout, c’est encore la question de donner ou pas de la force. Imaginons que j’aille manifester contre le passe sanitaire parce que je pense que c’est de la merde. Moi, déjà, j’aimerais que le gouvernement porte ses couilles et organise une vaccination obligatoire. Si je me fais pas éjecter du cortège, j’aurai du bol. Mais surtout, ce message sera inaudible. Parce que ce qui va faire jaser, c’est Philippot, Lalanne, Bigard et tous les outranciers. Parce qu’engagement sur les réseaux sociaux, visibilité, bla bla bla. Ouais, voilà à quoi tient l’actualité aujourd’hui, cheh. Et je n’ai en aucun cas envie d’être associée à ça, surtout le versant le plus délirant du discours. Je suis même pas certaine que ces gens soient sincères, j’ai toujours l’impression qu’il y a du calcul. C’est vraiment la même logique que les gilets jaunes, encore : une poche de mécontents que tout le monde veut récupérer. Ce qui est assez con comme attitude car du peu que j’en perçois, ces personnes sont déjà solidement ancrées (très) à droite ou (très) à gauche et tu les feras pas basculer en leur tapant dans le dos.

L'extrême-droite au coeur des gilets jaunes

Tout le monde n'est pas le bienvenu dans la lutte

On touche du doigt la question de la réelle motivation. J’en reviens au féminisme. On n’accepte pas n’importe qui dans nos luttes, très clairement. Ce qui rend ouf les mecs qui se retrouvent porte close quand ils commencent leur refrain de “je ne rejoindrai pas votre lutte tant que vous direz que tous les hommes sont problématiques”. Bah casse-toi, on s’en fout. Lors de la manif du 08 mars 2020, on a dégagé du cortège des “anti-Macron” qui gueulaient leurs slogans. C’était pas le sujet de la manifestation, cassez-vous chanter votre haine de Didier Lallemant ailleurs. Moi non plus, je l’aime pas mais là, on parle surtout pour affirmer notre volonté d’égalité, on réaffirme nos droits. On ne cherche pas la forte popularité. On ne fera aucune concession pour avoir trois têtes en plus dans le cortège. Pas besoin d’eux. 

Manifestation féministe

Gratter des voix en dépit des convictions

Et voici ce qui m’agace profondément chez nos amis de gauche radicale qui vont vraiment pas avoir ma voix en 2022. A gratter la moindre voix en dépit des convictions, tu frayes avec des idées assez cracra. Voire tu les caresses un peu du doigt et tu te retrouves à dire que tu ne vois pas le souci avec l’islamophobie. Nan de Dieu… L’erreur est de croire que tu peux séduire des gens aux vues radicalement opposées en leur faisant croire qu’il y a des terrains d’entente, on verra, lalala. Sauf que ces gens là sont sans concession. Ils te lâcheront pas sur les questions identitaires, par exemple. Et on sait qu’ils savent exprimer leur colère. Frayer avec des personnes radicalement opposées sur l’échiquier politique c’est, au mieux, la garantie d’une fantastique paralysie. Au pire… Je vais écrire ça dans un prochain article, tiens.

 

 

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