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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

J'ai les avis de qui ?

Publié le 5 Juillet 2022 par Nina in Actualités, Opinion, Influence

Petit article un peu plus léger que les précédents, pas mal déconnecté, aussi. Parce que l'actualité me rend dingotte en ce moment et j'ai pas envie d'écrire un énième article pour trépigner de rage devant la compromission bourgeoise. Hitler plutôt que le Front populaire. Ca sonne vachement moins bien depuis que ça devient réel... D'où ma volonté de sortir du carcan de l'actualité pour faire réfléchir sur un sujet : de qui ai-je les opinions ? Et oui, contrairement à ce que certains aiment (se) raconter, l'opinion ne naît pas dans un rien, uniquement nourrie par nos lectures et notre réflexion parfaitement neutre et objective. Nous subissons des influences. Celle de la famille, des amis, de nos compagnes et compagnons de vie, des autorités qui traversent notre vie, des médias... Il n'existe pas de vision neutre de la situation. Du coup, moi, qui me susurre mes opinions ?
 

Qui m'inspire mes avis ?

Mes médias ont une couleur

Je vis dans une bulle de filtres. Je le sais, j'en suis consciente et je ne vois pas l'intérêt de lutter contre ça. Je le dis très honnêtement. Le côté "moi, j'écoute les deux côtés pour me faire un avis", c'est de la merde. Ca peut être valable pour certains sujets, ok, j'exagère un peu. Mais sur d'autres, on va avoir les nervis d'un système oppressif vs des militants qui essaient de s'en libérer. Je n'ai pas besoin d'aller lire ce que racontent les fachos pour me dire qu'ils disent de la merde, par exemple. Je vais plutôt lire des analyses de leur discours qui démontent un peu tout ça. Genre dans Mediapart, oui. Le matin, au boulot, je lance la matinale d'Ostpolitik, mon 7-9 à moi. J'aime bien écouter les streams de Jean Massiet, aussi, Antipatriarcme, Usul, David Dufresne. J'aime aussi les vidéos de Bolchegeek, les vidéos de Blast. D'ailleurs, petit coup de coeur pour cet entretien de Salomé Sacqué avec Anthony Mansuy à propos de son livre "Les dissidents" sur les complotistes. Livre que j'ai fort envie de lire, au passage, car il semble prendre un axe moins "hautain" envers les complotistes. Bref, en un mot comme en 100 : je consomme gauchisme. Ce qui me fournit des arguments en cas de débat politique.

Manif de gauche

Confronter les avis pour se faire une opinion (ou pas)

Parfois, je n'ai pas d'avis. Un sujet tombe dans l'actualité, je n'ai pas l'occasion de me renseigner particulièrement dessus. Forcément, les médias, streameurs, Twittos gauchos sûrs que je suis vont en parler. De là, il peut se passer plusieurs choses. Soit le sujet me passe vraiment au-dessus de la tête. Je vais entendre et lire ce qui se dit sans avoir l'envie d'en savoir plus ou de rentrer dans la mêlée. Parfois, un sujet tombe et je n'ai pas d'avis particulier au départ mais j'ai envie d'en avoir un car c'est un sujet qui me paraît important. Et là, forcément, j'ai tendance à voir ce qui se dessine dans ma bulle de filtre, lire les avis de mes influenceurs pour essayer d'esquisser mon propre avis. Selon le sujet, ça peut se confronter. La gauche n'est pas un bloc monolithe où on est tous d'accord sur tout. Heureusement, il me semble. Typiquement la question du vote du Premier tour des Présidentielles. Mélenchon or not Mélenchon, c'était toute la question. Question sur laquelle je ne me suis pas exprimée vu que je suis pas la fan n°1 de Mélenchon et que je comprenais absolument que certains préfèrent utiliser leur vote de premier tour pour un vote de coeur. Et que je n'étais de toute façon pas convaincue que la gauche puisse faire un coup à ce moment-là. De la même façon, je n'étais pas d'accord avec le vent de colère contre Jadot et Roussel suite au premier tour. Les calculs ne sont pas bons. Si les personnes qui ont voté Roussel ou Jadot n'ont pas voté Mélenchon au premier tour, strictement rien n'indique qu'ils auraient voté pour lui si ces deux candidats n'avaient pas été là. Ce n'est pas du 1+1=2, c'est plus complexe que ça. Surtout que, ne l'oublions pas, on vit dans un pays de droite.

La France, pays de droite

On vit dans un pays de droite caaaaaar

Et pourquoi vit-on dans un pays de droite ? Car les thématiques de gauche ne sont quasi pas reprises dans les médias "mainstream". On nous abreuve d'immigration, d'insécurité alors que les faits vont plutôt à l'encontre de ces propos. La France n'est plus la terre d'accueil fantasmée par ceux qui s'imaginent en fier combattant de la guerre du grand remplacement. Je veux dire selon Statista, en 2021, il y aurait environ 8% de Musulmans en France. Si on considère un peu grossièrement que le grand remplacement est le fruit des immigrés des années 50, les mecs ont mis 70 ans pour représenter 8% de la population. A ce rythme-là, ne vous inquiétez pas, le réchauffement climatique nous aura fait disparaître bien avant le grand remplacement. Et à ceux qui me feront remarquer que toute l'immigration n'est pas musulmane, très loin de là, je leur dirai qu'ils ont raison. Mais on sait très bien qui est ciblé par la théorie du Grand Remplacement, heiiiiin. Bref, on nous parle immigration (musulmane) en permanence. On nous parle insécurité en nous donnant l'impression qu'il va nous arriver les pires trucs si on sort. A tel point d'ailleurs que quand une femme se fait agresser en extérieur entre 23h et 6h du matin, c'est qu'elle l'aura bien cherché quand même. C'est fou comme au Pays des droits de l'Homme, on n'a aucun mal à estimer que la moitié de la population adulte n'a rien à faire hors de chez elle passé une certaine heure. Moi, je dis ça... Enfin bref, à écouter les médias, on vit dans un pays où les gens des cités nous veulent du mal et où il n'y a absolument pas d'argent donc crève. Ballot pour un pays dont le dirigeant fait le kéké au G7...

Macron l'arrogant au G7

Faire ses propres recherches en esquivant tous les pièges

C'est compliqué d'avoir un avis éclairé, en vérité. Pendant des années, on nous enjoignait à faire nos propres recherches. Démarche tout à fait louable sur le papier mais Internet nous a charrié son lot de fake news, manips en tout genre. On a même une boîte qui propose d'écrire des articles biaisés et profite des plateformes collaboratives pour diffuser sa merde. Faut que je me penche un peu plus sur la question d'ailleurs. Mais on a surtout les "gourous comploteurs", on va dire. Je parle complot mais ça peut être tout ce qui touche au bien-être ou au développement personnel. On a d'un côté des gens très doués pour faire monter leur sauce et d'autres des gens prêts à l'avaler. Je vous renvoie à quelques épisodes de Meta de choc assez intéressants sur les complots ou sur les méthodes d'un gourou de la motivation. Et l'entretien Blast que j'ai déjà cité mais je le remets là pour vous faciliter la vie car je suis sympa. Je ne jette la pierre à personne ici. Enfin à personne sauf aux gourous, évidemment. Je suis la première à pester contre les médias "mainstream", je serais gonflée de critiquer ceux qui n'ont plus foi. Le journalisme est secoué de nombreuses crises et les scandales se suivent de plus en plus vite. Rien que la semaine dernière entre les fausses accusations du Point sur le couple Garrido-Corbière et l'affaire Avisa,  je peux comprendre que la vérité est ailleurs. Reste à savoir où.

La vérité est ailleurs

On n'a pas toujours le temps de se bâtir un avis de façon sécure

Le travail à faire pour se bâtir un avis est colossal. Et nous n'avons malheureusement pas toujours le temps de le faire correctement. Voire de le faire tout court. Moi la première, hein. Dans les périodes intenses de travail, j'arrive déjà pas à avoir un avis sur la tenue que je dois porter alors avoir un avis sur la crise énergétique, la politique économique ou le dernier scandale touchant un politicien, comment dire... Alors je prends du prêt à consommer direct issu de mes bulles de filtre. Des gens en qui j'ai confiance. Je ne serai pas toujours d'accord avec eux puisque je n'ai pas qu'une seule source d'avis. Mais sur certains sujets, ils m'apportent une lumière... que je n'avais même pas pensé à chercher. Le meilleur exemple pour moi, c'est l'OLG sur l'héritage. Je n'ai pas grand avis sur les héritages. Je n'ai que peu hérité dans ma vie et je n'ai moi-même pas de descendance. A l'âge du déclin, je commencerai à donner ce qu'il me reste à mes neveux et nièces et basta. Cependant, quand j'entends que les maisons de personnes décédées ne devraient pas être héritées, je tique. Mais la maison de mes parents, elle est sacrée. Sauf que... concrètement, j'en ferai quoi de cette maison ? Ma soeur a la sienne, toute neuve. Nous, on vient d'acheter aussi dans un quartier qui nous permet de nous déplacer sans voiture. C'était notre premier critère. Si mes parents mourraient demain, ni ma soeur, ni moi n'irions vivre dans cette maison. Donc quoi ? On la garde le temps de faire notre deuil ? Le problème, c'est qu'on vit dans un pays qui réalise l'exploit de connaître une crise du logement et en même temps de compter près de 4 millions de logements vides. Bon, la maison de mes parents n'est pas située en zone de logement tendue mais voyez l'idée. A Paris, c'est délirant l'écart entre le besoin de logement et les logements vacants. Et je vous parle même pas d'AirBnb... Mais bon, on va encore venir pleurer sur les pauvres propriétaires qui ont eu des locataires indélicats. Ah, les reportages du dimanche soir sur M6... Et tiens, tant qu'on est à parler de fakes journalistiques, je vous remets une part de "oh non, la maison que l'on vient d'acheter est squattée, scandale". Encore une jolie manipulation.

Les menteurs qui ont acheté une maison squattée en racontant qu'ils ne savaient pas

Difficile de garder la tête froide

Bref, nos avis ne sont finalement que le résultat d'un agglomérat d'avis prémâchés et parfois fallacieux. Et il est souvent difficile de ne pas céder au "mauvais avis" si celui-ci va dans notre sens. Et c'est ainsi qu'on se retrouve parfois dans des conversations ubuesques avec des avis très opposés et très tranchés qui te font te demander si on vit bien dans le même bled. Tout ce que l'on consomme, tout ce qui retranscrit ou analyse est biaisé. La neutralité n'existe pas. Cependant, parfois, il est bon de rappeler la réalité des chiffres, faire un peu de débunkage. Ca ne fera pas forcément changer votre interlocuteur d'avis, du moins pas publiquement, mais au moins, vous aurez la satisfaction d'avoir remis le clocher au centre du village. Et vous, d'où vous viennent vos avis ?

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