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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Mise sous pression

Publié le 7 Février 2023 par Nina in Une question de semaines, Patron abusif, chef toxique, Mauvaise pression

Comme je savais à qui j’avais à faire dès la veille de mon arrivée chez Epicea, je me suis appliquée à me faire oublier du père Gamblois. Tant que j’avais pas à lui parler, je m’en sortais relativement pas mal. Je m’entendais très bien avec ma N+1, j’avais des relations courtoises avec ma N+2 même si elle me saoulait par son incompétence et ses questions débiles. Ses projets lancés en l’air histoire de justifier son poste, aussi. Mais globalement, ça allait. Sauf qu'à un moment, le père Gamblois s’est souvenu de mon existence et a décidé qu’il était temps de me mettre sous pression.

Un chef méchant

Je fus un lapin

Si je devais résumer mon aventure chez Epicea, je dirais que ce fut la technique du lapin. Vous savez, un lapin, quand il est chassé, il fuit en faisant des bonds de côté pour essayer de dérouter son prédateur… et éviter les coups de mâchoire. Sauf qu’un jour, Gamblois s’est rappelé de mon existence et a décidé de me mettre un coup de pression. Oh gosh, moi qui espérais passer entre les mailles du filet… raté.

Lapin mignon

 

Personne ne fait attention à mon travail

Sachant dès le premier jour où je mettais les pieds, je voulais donc ne pas avoir à faire au Gamblois. Et à part une présentation sur les réseaux sociaux faite à la demande expresse de Claire, je m’en sortais pas si mal. Sauf que… Claire démissionne. Une excellente nouvelle pour elle mais du coup, je reprends, seule, le reporting hebdomadaire. Ah oui, le reporting hebdomadaire. Quand je suis arrivée, c’était un mail avec les mêmes phrases dont on changeait le chiffre et deux graphiques. Antoinette étant en place, elle décide que ça lui va pas et je dégaine un beau Powerpoint bieeeeeen détaillé. Qui n’ira jamais non plus. Surtout que, plot twist : personne ne le lisait jamais. Par exemple, Adonis a vite repris l’envoi du dit reporting dans lequel il faisait une slide. Un jour, il l’envoie… sans pièce jointe. Au bout de deux jours, c’est Claire qui le remarque. A la fin, je mettais plein de petites coquilles dans le reporting vu, qu’au mieux, Antoinette lisait les deux premières pages mais le reste… Gamblois ne le lisait pas. J'ai littéralement écrit "pia pia" dans des commentaires...

Le reporting

Et soudain, je suis flairée

Sauf un jour où il a décidé de me faire chier. Littéralement. J’envoie le reporting et là, il commence à critiquer la moindre slide. Là ça va pas, là on comprend pas, pourquoi y a pas ça ? Je me retiens de répondre “ça fait deux mois que c’est exactement comme ça, pourquoi ça vous dérange aujourd’hui ?”. Mais technique du lapin, je réponds “oui, d’accord, je corrige pour le prochain”. D’autant que le DG, Erwan, se sent obligé d’en rajouter. Le pire toutou du monde, j’en reparlerai. Je me montre donc docile et polie mais trop tard, je suis flairée. A mes réponses onctueuses, Gamblois répond un laconique “non mais il faut faire un point sur l’acquisition” et envoie une invitation sur le champ. Ok, ma lapidation est donc déjà programmée, youpi.

La punition

Se préparer au massacre

Je m’attelle donc à la tâche, préparant une petite présentation qui ne va servir à rien vu qu’il veut juste se payer ma tête. J’en parle à Claire, sortie de la boucle vu qu’elle est démissionnaire et n’existe donc plus aux yeux de Gamblois. Même s’il lui a dit, quand elle a annoncé sa démission “quel dommage, vous cochiez toutes les cases!”. C’est pour ça que tu l’as traitée comme une merde ? Claire est un peu navrée pour moi “oh, mince, tu n’as pas su les convaincre ?”. Et je lui réponds en toute honnêteté “mais depuis le premier jour, je fais tout pour me faire oublier. Evidemment que j’ai pas convaincu”. Smiley rigole. La seule personne que j’ai voulu convaincre, c’était elle. Parce qu’elle m’avait fait confiance et qu’on bossait bien ensemble. Gamblois est un connard, Antoinette une usurpatrice. Qu’est-ce que je m’en fiche d’eux ? Bref, je joue quand même le jeu. Surtout que les résultats sont bien meilleurs que prévus, j’ai pas loin de 40% de chiffre d’affaire d’avance. Bon ok, souvenez-vous, on est sur le printemps 2021, là, et beaucoup de boutiques physiques étaient fermées. Mais je suis censée faire mieux que 2020, année avec un confinement fort, donc apparemment, le contexte ne compte pas. 

Travailler sur un dossier

 

Quand ta cheffe veut sauver ta tête

Par contre, y en a une qui balise, c’est Antoinette. Faut dire qu’elle a compris que j’étais à peu près la seule “head of” sur qui elle pouvait s’appuyer. Hyacinthe est partie en congé maladie et ne semble pas prête de revenir. Et de toute façon, elles se détestent. J’avais appris que juste avant son arrêt maladie, Hyacinthe et Antoinette avaient eu une violente prise de bec. Amélie ne l’aime pas non plus et ne s’en cache pas. Amélie, elle est team Mr Gamblois et il le lui rend bien donc compliqué pour Antoinette. Ne reste donc que moi, la niaise qui ne fait pas de vague et qui prépare tranquillement son évasion. D’ailleurs, quand Claire est allée lui annoncer sa démission, une de ses premières réactions a été “mais Nina, elle reste, hein ?”. Si tu savais ce que je te prépare, hihihi. Donc Antoinette décide que je n’allais pas claquer la porte comme ça. Elle a des défauts mais elle sait lire une situation. J’ai une meuf sur qui je peux compter mais elle vient de perdre sa besta du travail. “Si l’autre con la pourrit, ou elle se met en arrêt maladie, ou elle cherche un poste ailleurs. Dans tous les cas, ça va pas le faire”.  Donc le jour J, on se fait un point toutes les deux avant sur la pres et elle me dit texto “s’il te cherche, tu réponds pas”. Car on sait tous très bien que ce point, c’est juste pour me pourrir.

Un père engueule sa fille

Mordre malgré les bons résultats

Je fais donc ma pres. Je vous mentirais si je vous disais que j’y allais détente vu que, syndrome de la bonne élève oblige, j’aime pas me faire gronder. Même quand j’en ai rien à foutre. Faut vraiment que je me débarrasse de ça, c’est infernal. Donc, je parle, je parle. Je le sens qui maugrée mais nous sommes en distanciel. J’ai souvenir d’être au bureau, c’est lui qui dois pas être là mais j’ai un doute. Je ne le vois pas mais je sais qu’il attend le moment pour mordre à la jugulaire. Le problème étant que les résultats sont bons et j’ai bien travaillé mon sujet pour le souligner. J’ai aucun mérite, soyons clairs. Je me suis contentée de reprendre l’existant. De toute façon, je finis la pres sur les pistes de développement et je me fais basher sur tout. Un grand classique Epicea ça : on te reproche de ne pas faire évoluer les trucs mais tu te prends un non dès que tu proposes quelque chose. Arrive donc la conclusion qui se résume à un “oui, bon, ben… on vous sent pas assez impliquée, je tiens à vous le dire”. Moi “...”. J’ai littéralement rien dit. Sentant que ça mord pas, il me remercie sèchement pour ma pres et demande à Antoinette de rester en ligne. Je sens qu’il est frustré car j’ai pas tendu ma jugulaire et qu’il n’a pas trouvé de prise mais il ne va pas se contenter de si peu. Moi, je m’en tire à bon compte. 

Soulagement

Et on va partir sur de grands moments de solitude

Enfin, pas tant que ça. Car suite à cette présentation, on va rentrer dans les pitches. On va pitcher tout le monde, tout remettre à plat, bla bla bla. En gros, Antoinette veut ses agences, pas les héritages du passé. Et ces pitches vont être l’occasion… de grandes hontes. Parce que Gamblois, y a pas qu’avec ses salariés qu’il se comporte comme un connard. Et Antoinette, guère mieux. Yeaaaaaah...

 

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