Chez Epicea, le malheur frappe un peu tout le monde. Alors que je me protège depuis mon premier jour dans cette boîte des Enfers, d’autres sont en pleine chute. Depuis l’arrivée d’Antoinette, Claire dépérit. Reléguée au rôle de cheffe d’équipe du site ou à peu près, sa place devient floue. Elle est éjectée du Codir du lundi au profit d’Antoinette. Quand elle s’ouvre au DG sur le fait qu’elle ne comprends pas pourquoi, il lui répond sèchement que sa responsable, c’est Antoinette et que si elle a des messages à faire passer au Codir, qu’elle passe par elle.
L'excel du drama
Tout va se nouer autour de la stratégie 2021 que j’appellerai “la vaste blague”. Tout débute avec le business plan. En gros, un énorme tableau excel où l’on va faire figurer tous les leviers d’acquisition avec les résultats attendus pour quels budgets et ce par mois. Trafic attendu, dépenses, conversions, CA, rentabilité, coût par visite et coût par conversion, taux de conversion et panier moyen. Tout ça. L’année précédente, Epicea avait fait appel à un cabinet indépendant car ils n’avaient plus la confiance en Florent et la précédente directrice e-commerce. Là, ils ont poussé Florent à partir, Claire est sur la touche. Antoinette ne pine rien mais ok, on va faire ça. Claire impose l’exercice à Florent avant qu’il ne parte, je reste donc à distance au début, m’occupant plus du black Friday et de Noël.
Au début, je m'en fous
On fait une première réunion de présentation du business plan assez chiante, surtout que j’ai rien à dire. Je n’ai pas bossé dessus. Le père Gamblois commence déjà à être chiant et pinailler mais je n’ai plus trop de souvenirs, ne me sentant peu concernée. Lors de son dernier jour, Florent me rassure sur le fait qu’on va bien s’en sortir en 2021, que le business plan est nickel. Ouais, y a pas que moi qui mens dans cette boîte. Bon, cependant, je pense que Florent a toujours agi par pure gentillesse avec moi et qu’il m’a menti avec de nobles intentions. Car il savait sans doute tout ce que j’allais me prendre dans la tête.
Claire au pilori
Suite à cette réunion, Claire renvoie une version modifiée du BP car elle a revu les chiffres et trouvait que des résultats sur un levier étaient exagérément bons. Elle le renvoie en notifiant ça par mail et là… elle déclenche le feu nucléaire. Le DG prend la mouche, le PDG encore plus et c’est parti pour une nouvelle réunion où Claire s’en prend littéralement plein la gueule. En gros, elle se fait traiter de malhonnête car elle a modifié des chiffres “dans leur dos”. Sachant que ce drama concerne un levier vraiment mineur. Je me souviens à quel point j’étais mal. Heureusement, nous n’étions pas dans un même bureau. J’étais relativement seule dans l’open space, mon visage caché par mon masque, Claire chez elle. Claire se défend, je la trouve drôlement forte. Elle a un courage que je n’aurais pas eu. Surtout que, comme elle fait remarquer, on sort des chiffres déjà pas mal fantaisistes “pour plaire aux actionnaires” mais qu’il y a peu de chance que nous atteignons.
Le basculement
On quitte tous la réunion et l’après-midi se passe. Le lundi suivant, Claire m’appelle à l’aide pour qu’on travaille de concert sur le fameux BP, j’accepte volontiers. Et là, la vanne s’ouvre et on commence à baver sur Antoinette. Elle me révèle qu’elle ne l’aide pas du tout, je lui réponds que je ne suis absolument pas étonnée. Et là, on déverse tout notre fiel sur ce recrutement qui nous apparaît clairement comme une épine dans le pied. Comme si on avait besoin de ça. On reparle de la réunion de vendredi, notamment, elle me dit que personne ne lui avait rien dit et qu’elle s’était sentie très seule. A partir de là, on bascule sur téléphone et elle se met à pleurer toutes les larmes de son corps. Ah oui, les gens qui pleurent, je sais gérer (non). Mais il y a un basculement à partir de là. Je passe à 100% de son côté.
Une direction qui savonne la planche
Car son histoire au sein d’Epicea est ultra-moche, en vérité. Suis-je étonnée ? Bien sûr que non. En gros, elle a été embauchée officiellement au poste de directrice CRM mais dès son premier jour, l’ancienne directrice e-commerce était sur le départ. La direction a proposé à Claire de prendre sa place “à l’essai”. Sauf que cette “promotion” n’a jamais été actée nulle part donc le reste de l’équipe n’a pas apprécié que la “petite nouvelle” prenne le lead sur quoi que ce soit. Il est possible que l’ancienne directrice e-commerce lui ait un peu savonné la planche, je n’en sais rien. Mais en gros, elle a servi de bouche-trou avant de faire venir la nouvelle directrice issue d’un grand groupe. Et qui s’y connaît autant en e-commerce que moi en grammaire chinoise. Mais voilà : Claire est détestée par l’équipe, elle est détestée par la direction qui ne lui adresse plus la parole. Ne lui reste guère que moi. Et son alternante qui est super cute mais imaginez ce que ce doit être de vivre ça au quotidien.
Et je deviens la paria
Bref, à partir du moment où je pars dans la team Claire, le reste de l’équipe ne m’adresse plus trop la parole. J’ai même droit à des scènes hallucinantes où Amélie, la directrice artistique, vient chercher mon alternant pour suivre le daily de l’équipe dans une salle avec “tout le monde” mais ne me propose rien, à moi. Ce qui me va vu que ces dailies m’ont permis de bien avancer sur mes PPT arts au vu de leur grande utilité. Mais ils sont souvent l’occasion de tension, notamment entre Hyacinthe et Claire. L’ambiance est franchement délétère. Moi, je m’en fous pas mal, en vérité. Avec Claire, on est devenues cul et chemise donc quand on a du présentiel ensemble, on se fait des pauses-dej “vidage de sac” et je lui parle ouvertement de mon projet bordelais. Elle me parle de sa recherche d’emploi et donne même mon contact à un recruteur qui veut des références. Je m’entends bien avec mon alternant aussi. Le reste, si les gens veulent me bouder parce que j’ai choisi un camp qui ne leur convient pas, ma foi...
Mais le mois de mars arrive et on va monter d’un cran dans la déliquescence de l’équipe…